Les chiffres de l’INSEE rappellent l’implacable réalité

Surmortalité COVID-19 : le prix d’une politique de casse sociale au profit des plus riches

18 mars 2021, par Manuel Marchal

La carte de la surmortalité en France liée à la COVID-19 traduit le résultat de dizaines d’années de politiques visant à favoriser la classe sociale la plus riche : c’est là où les moyens sont les moins importants pour les hôpitaux publics que les hausses de mortalité les plus grandes sont relevées.

L’INSEE a publié hier une étude comparative de la mortalité au cours des deux premiers mois de l’année 2021, par rapport à la même période en 2019, année garantie sans COVID-19. Il ressort une hausse du nombre de décès dans les deux tiers des départements, avec d’importants contrastes.
C’est en effet à Mayotte qu’est observée la plus forte augmentation : +114 %. Manifestement, un lien peut être fait avec l’épidémie de coronavirus, qui a donc contribué à un doublement du nombre de décès à Mayotte par rapport aux deux premiers mois de 2019.
En France, des hausses importantes sont relevées dans des départements ruraux, ou avec une forte proportion de personnes âgées : 34 % de hausse en Haute-Saône, 24 % en Ardèche, 25 % dans les Deux-Sèvres, 22 % dans les Alpes de Haute Provence, 21 % dans les Alpes maritimes, 19 % dans le Cher, 13 % en Lozère. Il est aussi à noter une hausse importante dans les Bouches du Rhône, département de Marseille : 14 %. Dans l’Oise où furent recensés les premiers foyers de contamination en France l’année dernière, le nombre de décès est en hausse de 10 % par rapport à 2019.
A contrario, des départements où le nombre de cas a été important ne montrent pas une telle évolution. C’est le cas notamment de Paris et de la Seine Saint-Denis, avec une baisse de la mortalité par rapport à 2019. C’est aussi le cas dans le Tarn-et-Garonne où se situe la 4e ville de France, Toulouse, alors que dans le département de la ville de Lyon, aucune différence par rapport à 2019 n’est à dénombrer.

Nombreuses vies sauvées dans les grandes villes

Il est donc à noter une surmortalité importante par rapport à 2019 dans plusieurs départements, ce qui peut s’expliquer par les conséquences de l’épidémie de COVID-19. Comment alors expliquer que l’Ile de France et notamment Paris n’affichent pas une surmortalité importante ? Mis à part les départements de Marseille et de Nice, ceux abritant une grande métropole ne montrent qu’une légère hausse voire une baisse ? En effet, les grandes villes avec leurs immenses centres commerciaux et leurs aéroports restés ouverts sont des zones favorables à la propagation de cette maladie mortelle.
Cette carte de la surmortalité doit être lue dans un contexte : les attaques permanentes subies par le service public de la santé par les gouvernements qui se succèdent à Paris. Cette politique a des répercussions avec la fermeture de milliers de lits d’hôpitaux. Ceci concerne particulièrement les régions à l’écart des grandes villes, ce qui oblige à parcourir des dizaines de kilomètres pour accéder à un hôpital public.
Cette désertification n’a pas eu cours dans les grands centres urbains comme Paris, ce qui a sans doute permis de sauver de nombreuses vies.

La population paie le désengagement de l’Etat

A Mayotte, où un seul hôpital public existe pour au moins 250.000 habitants, la conséquence logique est une hausse importante des décès faute d’équipements suffisants.
Rappelons qu’au début de la contamination de notre île par la COVID-19, aucun mort n’était à déplorer dans notre île contrairement à Maurice qui subit à cette époque l’essentiel des décès liés au coronavirus. L’explication donnée alors par l’ARS Réunion était la suivante : le système de santé de Maurice est moins performant qu’à La Réunion. Les faits ont ensuite démontré que les décès ne dépendent pas seulement des infrastructures de santé, mais surtout de la stratégie mise en œuvre pour combattre la COVID-19.
Néanmoins, l’analyse de l’ARS Réunion concernant Maurice ne s’appliquerait-elle pas plutôt à la France ? Là où la population paie le désengagement de l’État des services publics afin de permettre à la classe la plus riche de s’enrichir encore plus en ayant moins d’impôts à payer.

M.M.

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