Le Conseil général a présenté hier son programme d’actions destiné à lutter contre l’obésité chez l’enfant. À La Réunion, chez les 4-5 ans, on note 6,4% de surpoids, et 8,5% d’obésité. Le constat est inquiétant, indique d’emblée André-Maurice Pihouée, vice-président délégué à la Santé au Conseil général. La probabilité qu’un enfant en surpoids ou obèse le reste à l’âge adulte est de 30 à 50%, si cela survient à l’âge de 6 ans, et de 50 à 80% après 10 ans. "Les enfants en surpoids ou obèses ont un risque de mortalité à l’âge adulte augmenté de 50 à 80%, principalement d’origine cardiovasculaire, ce qui diminue de 13 ans l’espérance de vie", dit-il. À court terme, l’obésité chez l’enfant peut avoir des conséquences orthopédiques, provoquer un ralentissement respiratoire, une augmentation de la pression artérielle et des anomalies des lipides sanguins.
C’est donc pour enrayer la progression de l’obésité chez les jeunes que le conseil général a élaboré un plan d’intervention sur cinq ans. La commune de Sainte-Rose a été choisie pour tester sur plusieurs années les actions de ce programme. Celui-ci, souligne André-Maurice Pihouée, "s’appuie sur les principes du plan national nutrition santé. Il implique les acteurs de la collectivité à charge pour eux d’éduquer les familles et les enfants sur l’équilibre alimentaire et la pratique d’activités physiques". Le plan définit cinq objectifs prioritaires en termes de santé publique. Ils portent sur l’augmentation de la consommation de fruits et légumes, la réduction des apports en graisse à moins de 35% des apports énergétiques journaliers, la réduction de la prise d’alcool chez les adultes, l’augmentation de la consommation de glucides et de l’activité physique.
Le Conseil général espère atteindre ces objectifs en sensibilisant la population aux bienfaits d’une meilleure alimentation. À partir du dimanche 26 novembre, de spots publicitaires seront diffusés à la radio et à la télévision et un guide alimentaire sera publié. Dans les écoles, les menus des cantines seront améliorés et la dimension nutrition sera intégrée dans les programmes scolaires. À noter qu’actuellement, 9 enfants sur 10 mangent à la cantine scolaire, d’où l’importance d’organiser au mieux leur restauration.
Les industriels de l’agroalimentaire et de la restauration collective seront également impliqués dans ce programme. En effet, s’ils publient régulièrement des informations à destination du jeune public, elles ne correspondant pas toujours à des objectifs nutritionnels clairs. L’idée est de les rendre plus cohérentes avec le programme nutrition santé.
L’accent sera également mis sur le dépistage précoce afin de mieux prendre en charge les troubles nutritionnels dans le système de soins. Enfin, il s’agira de mettre en place des systèmes de surveillance alimentaire et nutritionnelle de la population pour évaluer l’impact du plan d’action et réorienter les objectifs, si nécessaire.

L’obésité chez les adultes

À La Réunion, 35% des adultes de plus de 18 ans sont en surpoids (38% des hommes et 32% des femmes), 15% sont obèses (20% des femmes, 8% des hommes), les personnes âgées de plus de 40 ans étant davantage concernées. Si l’obésité continue à progresser au même rythme, elle concernera jusqu’à 40% des habitants d’ici 2030. Chez l’adulte, l’obésité prédispose au diabète (11,2% de la population est diabétique) et multiplie par trois le risque de maladies cardio-vasculaires (32% des décès à La Réunion).