Proposition d’un médecin

Un plan B contre le chikungunya

21 février 2006

Voici une lettre du docteur Philippe Girard proposant un plan de lutte contre le moustique vecteur du chikungunya. Philippe Girard est actuellement médecin à l’Île de La Réunion et consultant dans les domaines de la santé et du développement, notamment aux Comores. Il est diplômé de médecine tropicale et de santé publique, a travaillé au Cameroun pour la coopération française, au Malawi en Afrique de l’Est pour une ONG et comme médecin-chef de dispensaire à Mayotte.

L’épidémie de chikungunya continue de flamber, malgré la désinsectisation de l’île en cours. Les polémiques et conflits politiques freinent la définition d’un nouveau plan d’action. Le citoyen a son mot à dire. Voilà quelques propositions d’actions à discuter.
Nos responsables et experts découvrent cette maladie, tout comme nous. Ils agissent sous la pression médiatique et dans la crainte d’un futur procès "type sang contaminé".
Beaucoup de voix s’élèvent pour critiquer l’action des autorités, demander plus d’argent ou rechercher un éclairage médiatique, mais peu de voix proposent des choses concrètes.
Nous devons plus compter sur nous-mêmes pour vaincre le chikungunya.
La réflexion et l’action doivent être plus citoyennes.
Nous pourrions organiser des réunions apolitiques sur l’île, pour débattre entre citoyens raisonnables.

Je propose les pistes de travail suivantes :

1/ Consulter des experts reconnus dans le domaine des épidémies et de la lutte contre l’aedes.

Les experts comoriens ont plus de recul (1 an d’avance) que nous sur le chikungunya. Les experts canadiens, avec le virus du Nil occidental, ont fait des études reconnues sur la lutte contre l’aedes. Des experts internationaux de l’OMS ou des grosses ONG ont une expertise dans les épidémies aussi foudroyantes : dengue, flambée de paludisme, choléra, méningite...

2/ Limiter nos déplacements au strict minimum.

3/ Éviction des milieux scolaire et professionnel des malades vrais ou suspects dans les 10 premiers jours de l’infection.

4/ Faire un usage raisonné des répulsifs, pour être véritablement protégés mais ne pas risquer les effets secondaires. Les recommandations françaises et internationales sont différentes à ce sujet. L’aide de l’Association citoyenne “Mieux prescrire” serait précieuse. Les mutuelles de santé et la sécurité sociale pourraient prendre en charge les répulsifs.

5/ Organiser rapidement une étude épidémiologique grandeur nature, se déroulant comme des élections, où chacun déclarerait par email, SMS ou numéro vert s’il a déjà eu le chikungunya, quand et où. Mieux nous situer dans la chronologie de l’épidémie permettrait de redéfinir la politique de désinsectisation et de santé publique.

6/ Organiser et former des comités de quartier, formés de bénévoles, qui conseilleraient et aideraient les voisins à lutter contre le moustique aedes. Exemple : inspection systématique des gouttières après les fortes pluies.

7/ Faire un grand plan de marketing social pour développer l’usage des moustiquaires, imprégner d’insecticide longue durée lits, fenêtres et portes. Les écoles devraient en être équipées prioritairement.

Dr Philippe Girard,
Sainte-Clotilde


Lutte contre le chikungunya

300 militaires en renfort

En provenance de métropole, 300 militaires (180 de l’armée de terre, 70 de l’armée de l’air et 50 de la Marine nationale) sont arrivés à La Réunion hier à bord d’un avion d’Air Austral spécialement affrété. Ils viennent en renfort des 1.000 militaires qui, basés localement, sont déjà affectés aux opérations de démoustication dans les jardins des particuliers.
La démoustication est le moyen essentiel de lutter contre l’aedes albopictus, le moustique vecteur du chikungunya. La maladie a déjà contaminé 110.000 personnes en 1 an. Depuis janvier, les opérations de pulvérisations d’insecticides ont été confiées à l’armée.


Fonds d’indemnisation

Le Comité du tourisme de La Réunion reste mobilisé

Dans un communiqué diffusé hier, le CTR tire les enseignements de la visite de Léon Bertrand. On le lira ci-après.

"Grâce à la mobilisation de tous les acteurs locaux, un premier pas a été franchi aujourd’hui avec la venue du ministre du Tourisme. Nos messages d’alerte commencent à être entendus. Nous restons mobilisés et vigilants pour la suite", déclare Jocelyne Lauret, présidente du Comité du tourisme.
Parmi les mesures annoncées, acte est pris notamment de l’engagement du ministre et du gouvernement à la création d’un fonds d’indemnisation, dont le montant devrait être annoncé lors de la venue de François Baroin, ministre de l’Outre-mer, qui est attendu mercredi à La Réunion. "Nous serons particulièrement attentifs quant à la nature réelle de la mobilisation du gouvernement, qui se mesurera au montant du fonds consenti", poursuit la présidente du CTR.
"Nous attendons un engagement à la hauteur de la situation et maintenons notre mobilisation. Nous sommes préoccupés par la crise qui nous touche actuellement. Préoccupés quant à la situation sanitaire, préoccupés de ses conséquences au plan économique... c’est l’ensemble des Réunionnais qui se trouve aujourd’hui fragilisé", conclut Jocelyne Lauret.
Une annonce significative du gouvernement est attendue, à la mesure de l’intention manifestée spontanément sur le dossier de la grippe aviaire. Elle pourra être évoquée lorsque mercredi, François Baroin rencontrera à La Réunion les acteurs locaux du tourisme.


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