Comité régional d’éthique de La Réunion (C.R.E.R)

Une action déployée dans l’Océan Indien

14 décembre 2007

Quelles règles éthiques encadrent à La Réunion la procréation médicalement assistée ? C’est la question unique dont a été saisi en 2007 le Comité régional d’éthique (C.R.E.R), qui a par ailleurs organisé deux conférences publiques et participé à plusieurs manifestations identiques en France, tout en poussant d’autres projets qui, faute de finances, sont reportés à l’année prochaine.

Cette année, qui se trouve être, à La Réunion, celle du 20e anniversaire de la Fécondation In Vitro (FIV), aussi appelée Procréation Médicalement Assistée (PMA), a vu l’aboutissement d’une réflexion entamée il y a trois ans sur les règles éthiques qui cadrent cette activité médicale dans notre île. Le Comité régional d’éthique de La Réunion, saisi par Olivier Heye, médecin-conseil à la CGSS, a émis un avis circonstancié, que les personnes intéressées trouveront dans le prochain numéro de la revue de l’association, à paraître selon toutes probabilités dans le courant du prochain semestre 2008.
La question posée par le Dr. Heye a soulevé quelques aspects particuliers, liés à la société réunionnaise, dans le cadre plus général d’un questionnement éthique valant tant en France qu’à La Réunion (voir encadré).

Aspects réunionnais de la procréation médicalement assistée

Ces particularités ont trait à l’âge du couple demandeur et les limites d’âge, dans une population réunionnaise jeune ; à la réalité du projet parental et aux questions anthropologiques de la filiation (transmission de l’appartenance, histoire individuelle et intergénérationnelle, mythe et roman familial...) et à l’accessibilité de la démarche, la CGSS remboursant quatre tentatives, dans un contexte social assez majoritairement défavorisé. Outre l’examen de cette question, dont le néphrologue Bruno Bourgeon, Président d’honneur du CRER, a été le rapporteur, les membres de l’association ont organisé deux conférences débats : l’une en septembre, à Saint-Denis, sur le thème « Peut-on tout se permettre pour promouvoir le don d’organe ? » et l’autre en novembre, au Tampon, autour de la question « La personne humaine se réduit-elle à son ADN ? »

Quatre conférences en 2008 et un DU

L’honnête succès de ces deux rencontres a du reste convaincu l’association d’organiser quatre autres conférences l’année prochaine, les deux premières sur les thèmes : « La Rényon i gingne soinye a nou ? » (en février) et « La Réunion est-elle préparée pour faire face à une pandémie de grippe aviaire ? » (en mars), les deux suivantes restant à définir.
Le calendrier 2008 sera également marqué par l’ouverture du diplôme universitaire d’éthique, dont la première session de cours est prévue pour avril (14-18/04) et la seconde, du 23 au 27 juin. Chaque semaine comporte 30 heures de cours (niveau Bac exigé) et le D.U d’éthique donne lieu au rendu d’un Mémoire en fin d’année. Les inscriptions seront ouvertes à partir de février 2008 auprès d’Emilie Hoareau (1), dans la limite d’une trentaine de places, ce qui situe le coût de l’inscription entre 820 euros (en individuel) et 1.230 euros en convention employeur.

Création de l’Espace éthique India Océanique

En novembre 2007 devaient se tenir deux événements différents et simultanés : les 4e Journées de réflexion éthique et, à l’occasion de leur inauguration, la création de l’Espace éthique India Océanique (E.E.I.O). Ces deux événements ont dû être reportés et prendront vraisemblablement place en deux moments différents. Les 4e Journées de réflexion éthique ont été reprogrammées pour les 5-7 mai 2008, dans un partenariat avec l’Université. Elles donneraient lieu, dans la foulée, à la parution du n° 4 de la revue. Tandis que l’officialisation de l’Espace éthique India Océanique (E.E.I.O) aura lieu en novembre 2008, avec la tenue des 1ères Journées de réflexion éthique de l’Océan Indien, sur le thème « Santé et Migration ». En cette occasion, le C.R.E.R accueillera des délégations des îles voisines, avec lesquelles un travail continu a été entrepris depuis 2003.

Virapoullé dans une assemblée d’éthique régionale ?!

Telle qu’elle est annoncée, la création de l’E.E.I.O devrait réunir, sous la présidence d’honneur de la Ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, en présence du Préfet et à l’initiative du CRER, des délégations de Madagascar, Maurice, des Seychelles, de l’Union des Comores (U.K) et de Mayotte. Mais le plus incroyable est que cette réunion internationale de spécialistes de l’éthique va se tenir en présence du sénateur-maire de Saint-André, en vertu d’une des innombrables fonctions de complaisance qu’il cumule par ailleurs. Ce fait aura malencontreusement échappé aux organisateurs, mais nous ne résistons pas au plaisir d’énumérer quelques-uns des hauts faits éthiques survenus à Saint-André et, comme tels, accrochés au tableau du déshonneur du sénateur-pêcheur de légines : organisation d’élections truquées plusieurs fois annulées par décision de justice ; violences électorales et importation de “tapeurs” (nervis) d’une île voisine ; fabrication de fausses cartes d’identité, vol qualifié à la mairie d’un coffre-fort contenant la paie des employés communaux ; assassinat d’un ancien protégé du maire, etc. etc. Il faut ajouter, à titre tout à fait personnel cette fois, la participation de Jean-Paul Virapoullé à un Congrès d’une Internationale du crime, la WACL (2) en compagnie notamment du très “éthique” Klu Klux Klan et autres assassins notoires.
Il est navrant de finir un compte-rendu d’activités par ailleurs tout à fait honorables par une note aussi sombre. Il y a forcément une erreur quelque part...

P. David

(1) Pour les inscriptions au DU et la communication du programme des deux semaines de cours, placées respectivement sous la responsabilité de Céline Kuhn à Saint-denis et de Manuel Lopes au Tampon : téléphone 0262.938.703 ou courriel [email protected]

(2) Créée en 1967 par la fusion de l’ABN de Yaroslav Stetsko et de l’APACL du Révérend Moon (avec Tchang-Kaï-Chek et Ryoichi Sasakawa), la Ligue Anti-Communiste mondiale (WACL) est impliquée dans plusieurs plans de terrorisme d’Etat des années 70 - Plan Phœnix, Banzer, Condor... Elle devient l’outil du complexe militaro-industriel mondial et l’une de ses sections recrute en Afghanistan, en 1982, un certain Oussama Ben Laden. Son président, le général John K. Singlaub s’étant vu confier, en 1984, par Ronald Reagan, l’ensemble des financements privés de l’Irangate, la WACL n’a pas survécu, trois ans plus tard, à la révélation du scandale.


Procréation médicalement assistée

De nombreuses interrogations éthiques

Les règles éthiques encadrant le fonctionnement de la Procréation Médicalement Assistée (PMA) sont indispensables au processus de prise en charge, qui donne à la réunion pluridisciplinaire statutairement instituée, un large pouvoir d’acceptation ou de réfutation d’une demande de PMA. Sans nier l’apport positif d’un ensemble de techniques « qui facilitent la conception de couples peu fertiles ou à risque de transmettre une pathologie grave » et qui, en tant que telle, est « à disposition de l’humanité », l’avis du CRER soulève une série de réserves liées à un contexte historique et social particulier.

Globalement, la filiation se repère à partir de deux axes, qui sont dans un rapport dialectique permanent tout au long de l’existence :

- L’axe de la filiation instituée ou symbolique : ce qui est écrit ou dit d’un sujet par les institutions (Santé, Education, Justice) ; ce qui règle la transmission de l’appartenance (fils de, mère de...) Ce cadre symbolique de référence définit et gère l’identité.

- L’axe de la filiation narcissique ou imaginaire : ce qui résulte de la finalité psychoaffective, elle-même inscrite dans une histoire passée ou à venir. Cet aspect de la filiation est soumis à l’influence des représentations, des mythes et des fantasmes. Il prend en compte notre héritage inter-générationnel [...] et se perpétue aussi sur un mode trans-générationnel par des non-dits, des secrets, des traumatismes...

« ...Le sujet n’est jamais à l’abri d’une rupture d’équilibre (...) entre ces deux axes de la filiation » poursuit le CRER qui note que « l’aide Médicale à la Procréation constitue... une expérience suffisamment éprouvante, susceptible de générer des doutes sur la filiation, sur son besoin d’appartenance, sur la transmission de son nom, sur l’héritage social et culturel. »
Le CRER appelle aussi à « redoubler de sensibilité et de vigilance avant de répondre à la demande spécifique d’un couple en difficulté dans ses possibilités de procréation » et préconise que l’assistance médicale s’exerce « ni trop près, ni trop loin ».
Un autre facteur dont le CRER souligne l’importance primordiale est l’enquête sociale, en s’étonnant « que l’on exige tant des futurs parents en démarche d’adoption, et finalement si peu des couples en instance de PMA. »

(Source : CRER)


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