Enfin une enquête de séro-prévalence

Une autre lutte est possible

18 février 2006

Après avoir longtemps eu "l’impression de chanter dans le désert", la vice-présidente du Conseil régional, Catherine Gaud, a enfin obtenu que soit réalisée une enquête de séro-prévalence pour permettre une évaluation précise du nombre de cas de chikungunya. Le préfet a confirmé hier l’accord du ministre de la santé dans ce sens pour bénéficier d’une meilleure lisibilité de l’épidémie.
Cette enquête, qui permet, avec un examen sérologique pratiqué sur un échantillon représentatif de la population de 1.000 Réunionnais, de mesurer l’impact de l’épidémie, s’impose. Il y a "une très, très grande sous déclaration des cas", rappelle le docteur Gaud. Les médecins débordés de travail ne pouvaient plus assumer cette démarche administrative très contraignante. De plus, à côté des cas déclarés, l’on ne mesure pas la proportion de porteurs sains, des cas asymptomatiques. "Cette enquête est importante pour deux raisons essentielles : au niveau individuel et au niveau psychologique."
Le résultat de cette enquête va permettre à certains ménages qui ont déjà contracté le virus sans le savoir et qui, après la période virémique, n’ont plus besoin de se protéger, de faire des économies importantes sur l’achat des produits répulsifs. Se protéger des piqûres mobilise un budget que tous les Réunionnais ne possèdent pas. Face à ce problème, la Préfecture répond qu’il s’agit là des compétences des collectivités. Pourtant pour le docteur Gaud, nous sommes face à un problème de santé publique et l’égalité des soins est une responsabilité de l’État. "La prévention fait partie du soin", c’est "une composante majeure de la santé" qui doit être prise en charge par l’État, d’autant qu’elle coûte moins cher que les traitements pour soigner la maladie. Cette étude est également importante pour soulager le traumatisme psychologique de la population. On occulte cet aspect très important, pourtant certains Réunionnais pensent au suicide. Chaque jour, le docteur Gaud est "confrontée au désarroi de la population, à des femmes enceintes qui meurent d’inquiétude, à des enfants qui craignent pour la santé de leurs parents âgés. S’ils se savent contaminés, le stress sera moins important."
"En fonction du pourcentage de la population touchée, on peut adapter la lutte", maintient la vice-présidente de la Région Réunion. Dès qu’une personne est atteinte, on la place sous moustiquaire pendant la période virémique et l’on évite ainsi d’utiliser des insecticides extrêmement toxiques qui nuisent à l’environnement. "Nous sommes partis pour très longtemps. On ne va jamais arrêter le moustique." La gestion de l’urgence ne doit pas occulter celle de l’avenir.

 Estéfani 


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus