Gélita Hoarau écrit au président du Sénat

Une mission d’enquête pour éradiquer le chikungunya

24 décembre 2005

La sénatrice Gélita Hoarau a, dans une lettre adressée au président du Sénat, fait part de ses inquiétudes comme celle des Réunionnais, concernant la propagation du chikungunya dans notre île et lui demande la ’création d’une commission sénatoriale qui aurait pour mission d’enquêter sur la maladie et les moyens les mieux appropriés’ pour son éradication.

"Monsieur le président,

Depuis la fin février 2005, notre île, La Réunion, est confrontée à une situation sanitaire préoccupante. Une maladie virale, transmise par le moustique porteur d’un rétrovirus, connaît une inquiétante expansion. Ce virus est le “chikungunya”. Ce nom vient de la langue swahilie et signifie “les os brisés”.
Passée une période de forte fièvre d’une dizaine de jours, le “chikungunya” génère des douleurs articulaires aiguës invalidantes pouvant perdurer plusieurs mois et entraînant le plus souvent de longues périodes d’arrêts maladie.
Jusqu’à ce jour, la maladie n’est pas reconnue comme mortelle, en revanche la DRASS vient de révéler que ce virus peut déclencher de graves complications neurologiques, notamment des encéphalites. Deux cas d’encéphalites provoqués par le chikungunya ont été formellement établis et 2 autres sont qualifiés de hautement probables par l’Institut Pasteur. Dans l’un des cas avérés, il s’agit d’une encéphalite développée par un nourrisson suite à la transmission in utero du virus de la mère à l’enfant.
À La Réunion, ce sont aujourd’hui plus de 5.500 personnes (1) qui sont officiellement recensées comme ayant été infectées par la maladie. Mais selon d’autres sources autorisées, il y aurait plus de 30.000 personnes qui seraient contaminées. Chaque semaine, plus de 250 nouveaux cas sont détectés. Du fait de la quasi-disparition d’un service de prophylaxie dont l’action, à l’époque, avait permis d’éradiquer le paludisme, les communes se trouvent fort démunies face à l’avancée de ce fléau.
Nous sommes donc en présence d’une épidémie avérée et, depuis le mois d’octobre, la DRASS parle d’une maladie devenue endémique.
Cette épidémie, dont les autorités sanitaires escomptaient la disparition au mois d’août grâce à la fraîcheur des nuits de l’hiver austral, a donc déjoué les pronostics et, avec le retour de la chaleur et de la saison des pluies, nombre d’acteurs de la santé redoutent que l’épidémie ne soit d’une toute autre ampleur. Contrairement à la situation de départ (février-mars 2005), les foyers infectieux se sont aujourd’hui étendus à l’ensemble du territoire insulaire. La rapidité de la progression de l’épidémie conjuguée à la faiblesse des résultats obtenus par les moyens de lutte mis en place conduisent les professionnels de la santé à redouter d’être impuissants face à une éventuelle résurgence du paludisme.
Monsieur le président, rapportée à la population de la France métropolitaine, l’épidémie de chikungunya concernerait aujourd’hui plus d’un demi-million d’habitants et aurait déjà généré de 20 à 25 millions de journées d’arrêts maladie.
Cette comparaison fait apparaître l’urgence de la mise en place de mesures de lutte exceptionnelles pour qu’elles se révèlent réellement efficaces et permettent d’éradiquer les 2 espèces de moustiques vecteurs de la maladie sans porter atteinte à l’intégrité de la faune non plus qu’aux ressources en eaux douces de l’île.
C’est pour tenir compte tout à la fois des nécessités d’un rétablissement des conditions d’une bonne santé publique, du respect de l’environnement et des ressources en eau et de l’urgence que je sollicite de votre haute bienveillance la création d’une commission sénatoriale qui, s’étant rendue sur place, aurait pour mission d’enquêter sur la maladie et les moyens les mieux appropriés de son éradication. S’il advenait que la mission estime nécessaire d’amplifier la lutte contre le chikungunya à un niveau équivalant à une cause nationale, son appréciation s’avèrerait des plus précieuses tant il est patent qu’à lui seul, le Département ne dispose pas des moyens permettant tout à la fois d’éradiquer cette épidémie et d’être prêt à juguler toute possibilité de résurgence du paludisme.
La constitution de cette commission répond à la préoccupation constante de notre assemblée quant aux questions de santé publique et permettra, j’en suis persuadée, d’éclairer les différents intervenants sur les dispositions à prendre.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le président, l’expression de ma haute considération."

Gélita Hoarau

(1) 5.620 personnes officiellement recensées au 14 décembre 2005 (Source : Cellule interrégionale d’épidémiologie de La Réunion et de Mayotte)


La DRASS n’a-t-elle pas un problème d’information ?

Le communiqué de la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (DRASS) faisant le dernier point sur l’épidémie de chikungunya à La Réunion (voir ci-contre) est parvenu hier matin à la presse. Ce n’est donc qu’aujourd’hui, samedi 24 décembre, que les Réunionnais informés par les journaux sauront où ils en sont de ce fléau.
Or, ce communiqué porte la date du 21 décembre et il cite des chiffres datant du 18 décembre dernier. Il aura donc fallu presque une semaine pour que les Réunionnais connaissent le dernier nombre de malades officiellement recensés par les services de santé de l’État. La DRASS n’a-t-elle pas là un problème d’information ? De tels délais sont-ils acceptables lorsqu’on voit à quelle vitesse l’épidémie de chikungunya s’étend dans l’île ?
En effet, entre le 4 et le 13 décembre, donc en 9 jours, le nombre de cas signalés était passé de 5.372 à 5.620, soit une augmentation de 248 (ce qui fait 27,5 nouveaux malades par jour). Mais entre le 13 et le 18 décembre, donc en 5 jours, le nombre de personnes contaminées par le virus est grimpé à 5.860, soit une hausse de 240 cas (ce qui fait 48 nouveaux malades par jour). Presque le double...!
Cela ne mérite-t-il pas davantage de rapidité dans la circulation de l’information ?


Que se passe-t-il à RFO-Radio ?

Mercredi matin, “Témoignages” a consacré le gros titre de sa première page au budget de la Région Réunion pour l’année 2006 et en particulier à la place importante consacrée à l’investissement pour l’aménagement et le développement dans ce budget. Un niveau jamais atteint (70% du budget). Cette information a été totalement censurée lors de la revue de presse de Radio-Réunion. Pourquoi ? La question mérite d’autant plus d’être posée que la veille, durant toute la journée, dans les différents journaux de la station du Barachois, cette information a également été occultée.
Hier matin, dans la revue de presse de la station du Barachois, on nous dit que "“Témoignages” demande à l’État que la lutte contre le chikungunya devienne une cause nationale". Or, comme cela est écrit en pages 1 et 3 du journal, c’est la sénatrice Gélita Hoarau qui fait cette demande. Une demande que “Témoignages” soutient, évidemment, comme beaucoup d’autres Réunionnais soucieux de la santé dans leur pays. Mais pourquoi avoir fait passer l’élue réunionnaise à la trappe ? Il est vrai, que la veille, Radio-Réunion - comme Télé-Réunion - avait boycotté la conférence de presse de Gélita Hoarau et du Parti communiste réunionnais.
Incompétence, manque de personnel, ou attitude partisane ?


La tendance de la maladie se confirme

De nouveaux cas de chikungunya ont été signalés à la Cellule interrégionale d’épidémiologie de La Réunion et de Mayotte. Le nombre de malades s’élevait le 18 décembre à 5.860 cas signalés depuis le début de l’épidémie le 28 mars 2005, dont 1.938 cas confirmés par une analyse de sang.

"Le nombre de nouveaux cas recensés cette semaine confirme la tendance de l’épidémie. Les zones dans lesquelles les équipes de lutte anti-vectorielle ont identifié des foyers modérés de transmission active du virus au 18 décembre sont :

- Bras-Panon : Centre-ville, Rivière des roches

- Saint-André : Chemin du centre

- Saint-Leu : Pointe au Sel, centre-ville, Quatre robinets

- Saint-Louis : principalement la Rivière-Saint-Louis

- Saint-Joseph : La Passerelle

- Saint Pierre : Ravine des Cabris
Les services de la lutte anti-vectorielle continuent d’agir en priorité autour des zones à transmission active pour limiter l’extension de la maladie aux zones voisines non touchées. Des moyens humains supplémentaires sont venus renforcer cette action, et d’autres sont programmés à brève échéance. Les 750 médiateurs et 150 agents de traitement des communes, des intercommunes, de la DDE et du Conseil général interviennent sur le volet préventif (démoustication des lieux publics, élimination et traitement des gîtes très productifs, information au porte-à-porte chez les particuliers...).
Ceci est l’occasion de rappeler que chacun doit se protéger contre l’infection dans son environnement direct :

- en utilisant des produits qui éloignent les moustiques (sprays, crèmes, serpentins, diffuseurs électriques, ventilateurs)

- en éliminant les eaux stagnantes dans lesquels les moustiques se reproduisent (pots de fleurs, boîtes, fûts, citernes, gouttières bouchées, piscines abandonnées, déchets végétaux, détritus, pneus, etc...).
Un numéro vert 0-800-110-000 est mis à la disposition de la population pour fournir toutes informations sur la maladie, la conduite à tenir en cas de survenue des symptômes et les moyens pour se protéger. Ce numéro fonctionne du lundi au vendredi de 8 heures à 18 heures."

Chikungunya

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