Une nouvelle initiative pour trouver des solutions pratiques au problème de la migration des personnels de santé

26 août 2008

L’initiative pour une politique en matière de migration des personnels de santé a tenu a première réunion au Siège de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à Genève.

Dirigée par Mme Mary Robinson, Présidente de Realizing Rights : the Ethical Globalization Initiative, et par le Dr Francis Omaswa, Directeur exécutif de l’Alliance mondiale pour les personnels de santé, cette initiative a pour but de trouver des solutions pratiques au problème de plus en plus grave de l’émigration du personnel soignant des pays en développement vers les pays développés.
Le Directeur général de l’OMS, le Dr Margaret Chan, a déclaré que la migration internationale du personnel soignant est une difficulté majeure pour les systèmes de santé des pays en développement. La nouvelle initiative dispose d’un groupe de travail technique sis à l’OMS.
L’initiative se compose de deux groupes qui collaboreront étroitement dans les mois qui viennent pour faire des recommandations. Coordonné par l’OMS, le Groupe de travail technique sur les migrations rassemble l’Organisation internationale pour les Migrations, l’Organisation internationale du Travail, des associations professionnelles, des experts et des universitaires.
Le Conseil consultatif sur la politique mondiale en matière de personnel de santé - composé de personnalités haut placées de pays en développement et de pays développés, et dont le secrétariat est assuré par Realizing Rights - établira, sous la direction de Mme Robinson et de M. Omaswa, une feuille de route et un cadre pour l’élaboration d’un code mondial de bonnes pratiques en matière de migration des personnels de santé et cherchera à obtenir l’adhésion de hauts responsables politiques à ses recommandations.
Une étude a montré récemment que le nombre de médecins formés à l’étranger avait triplé dans plusieurs pays de l’OCDE ces trente dernières années. Le nombre de médecins formés dans les pays souffrant d’une pénurie chronique d’agents de santé est relativement faible (moins de 10% des effectifs) dans les pays développés. Mais dans certains pays africains, le départ à l’étranger de quelques douzaines de médecins peut entraîner une baisse de plus de 30% des effectifs, alors même que les besoins sanitaires les plus essentiels ne sont pas satisfaits.
D’autres professions de santé sont aussi touchées par ce phénomène. L’étude a montré que, chaque année, au Swaziland, 60 à 80 infirmiers ou infirmières émigrent au Royaume-Uni, alors que moins de 90 obtiennent leur diplôme. L’organisation britannique Save the Children, partenaire et membre de l’Alliance mondiale pour les personnels de santé, estime qu’entre 1998 et 2005, le recrutement de professionnels de la santé ghanéens a permis au Royaume-Uni d’économiser £65 millions en frais de formation.
Mary Robinson a résumé ainsi l’urgence de la situation : « Les pays ne peuvent plus continuer à recruter des agents de santé étrangers pour répondre à leurs besoins toujours plus grands sans tenir compte des conséquences pour les pays d’émigration. Nous ne pouvons plus nous borner à déplorer les effets catastrophiques de la fuite des cerveaux dont sont victimes certains des pays les plus démunis de la planète sans chercher - et promouvoir activement - des solutions pratiques qui garantissent à la fois le droit des personnes à émigrer pour trouver un emploi et le droit à la santé pour tous. »
L’une des premières priorités de l’initiative sera d’aider l’OMS à rédiger un code international de bonnes pratiques en matière de migration des personnels de santé, conformément à une résolution adoptée par l’Assemblée mondiale de la Santé en 2004. Ce document favorisera le recrutement dans le respect de l’éthique, la protection des droits des agents de santé migrants et prévoira des mesures compensatoires pour faire face aux conséquences économiques et sociales de la migration des agents de santé dans les pays en développement. Ce code sera le premier instrument de ce type à traiter de la migration à l’échelle mondiale.
L’initiative défendra également l’application de bonnes pratiques et de stratégies pour permettre aux pays de recruter davantage de soignants et de les fidéliser. Les nouveaux outils et les recommandations élaborés par l’initiative iront dans le sens d’une meilleure gestion des migrations dans le cadre d’une collaboration Nord-Sud.
Le Dr Francis Omaswa a souligné qu’il fallait envisager simultanément les facteurs d’incitation au départ et les facteurs d’attraction dans les pays d’accueil : « Les agents de santé sont précieux et rares. La demande augmente partout dans le monde mais les effectifs formés sont insuffisants - dans les pays développés comme dans les pays en développement. Les pays en développement doivent donner la priorité à la santé et offrir aux soignants de meilleures conditions de travail et des avantages afin qu’ils ne partent pas et soient plus efficaces, et les pays développés doivent, pour leur part, former davantage de jeunes et tendre vers l’autosuffisance. »
L’initiative pour une politique en matière de migration des agents de santé doit formuler les premières recommandations générales d’ici fin 2008. Les activités de l’initiative sont cofinancées et coordonnées par Realizing Rights, l’Alliance mondiale pour les personnels de santé et la Fondation MacArthur.


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