Ouverture d’une Unité de Soins Palliatifs Régionale à la Clinique Sainte-Clotilde
Une première dans les DOM
6 octobre 2007
C’est à la veille de la Journée mondiale des soins palliatifs, programmée aujourd’hui 6 octobre, que la Clinique Sainte-Clotilde a choisi d’inaugurer hier soir, à 18 heures 30, son Unité régionale éponyme, premier service du genre dans les DOM et dans l’océan Indien. Un service qui place le patient, atteint d’une maladie incurable, au cœur des soins pour l’aider à surmonter un cap difficile, en prenant compte de sa souffrance psychologique, morale et spirituelle. Un accompagnement humaniste qui renvoie à l’essence de la médecine.
De gauche à droite : Elisabeth Dupuy, responsable du service, le professeur Collard, chef du service, Michel Delflie, PDG du groupe CliniFutur, et tout à droite, Jeanne Lohyer, Directrice de la Clinique : tous réunis dans la salle d’accueil des familles, peinte d’un vert lumineux, auréolé de tableaux fleuris. (photo SL)
Selon la loi Neuwirth de 1999, « toute personne dont l’état le requiert doit pouvoir bénéficier d’une prise en charges palliative et d’accompagnement », à domicile ou en institution. Selon le Ministère de la Santé, il devrait même exister une USP (Unité de Soins Palliatifs) dans chaque région. Force est de constater là encore qu’entre les textes officiels et leur expression concrète, il existe un grand pas, que la Clinique Sainte-Clotilde a franchi.
6 lits pour 20 soignants
Il convient de préciser d’abord que les soins palliatifs ne s’adressent pas, comme on le pense communément, aux personnes âgées en fin de vie, mais aux patients atteints de maladies incurables, potentiellement mortelles, qui ne répondent plus aux soins curatifs. Quel que soit son âge, un malade atteint du cancer peut parfaitement, après une phase de chimiothérapie, prétendre aux soins palliatifs. « Des soins actifs qui vont s’intéresser à tout ce qui est inconfortable pour le patient, à le rendre digne jusqu’à la fin », précise Elisabeth Dupuy, responsable du service USP de la Clinique Sainte-Clotilde. La démarche certes n’est pas simple, mais répond à l’éthique du corps médical qui met le patient, quels que soient ses symptômes, les conséquences physiologiques et mentales liées à la douleur et à l’appréhension de la maladie, au cœur des soins. Plus que le bâti, l’investissement financier en termes de personnel est important pour la Clinique qui, dans la continuité de son pool oncologie, de son Centre de douleur ouvert voilà plus d’un an, inaugurait hier cette unité d’un genre nouveau dotée de 6 lits pour 20 soignants (6 infirmiers, 6 aides-soignants, 1 assistante sociale, 1 psychologue, 1 psychomotricien, 1 cadre, 2 médecins...), sans compter les intervenants extérieurs (kinésithérapeute, bénévoles, coiffeurs...). 6 lits certes, c’est peu, accorde le professeur Olivier Collard, chef de service du Centre de douleur et de l’USF de Sainte-Clotilde, mais c’est un début. Le besoin d’une unité régionale était, quoi qu’il en soit, bien là, sachant que seule existe à ce jour, à Saint-Pierre, une unité mobile qui se rend dans des services hospitaliers où des lits, identifiés, reçoivent des patients en phase palliative, et un service de soins palliatifs à domicile, créé il y a 7 ans par ses soins. Le but de cette unité étant de rendre les patients autonomes, la durée moyenne de séjour se situe entre une et 3 semaines, ce qui permettra déjà d’accueillir entre 100 et 150 patients à l’année, choisis sur dossier d’admission qui répertorie une liste de critères (pathologie, symptômes, dépendance, besoins en soins...) qui seront examinés par le staff médical.
« Des soins actifs et pensés »
« L’USF n’est pas un mouroir, un couloir de la mort, même si beaucoup vont mourir. Elle est là pour aider les patients à passer un cap difficile, à surmonter certains symptômes complexes, (douleurs, angoisse, vomissements...) qui altèrent leur qualité de vie. Ce sont des soins actifs et pensés », précise encore le professeur. Soulager la douleur physique tout en prenant en compte les souffrances psychologiques, sociales et spirituelles : voilà trois axes qui font l’objet de recherche pour mieux appréhender et améliorer les méthodes de prise en charge des malades. Ainsi, cette unité ne se limite pas strictement aux soins, mais induit un volet formation et information aux familles. « Il ne s’agit pas d’acharnement thérapeutique. L’USF est opposée à tout acte d’euthanasie, même s’il faut être à l’écoute de ce genre de demande. Elle a pour objectif de s’intéresser à des situations symptomatiques très complexes ». Considérant l’importance d’offrir des soins de qualité à la hauteur du service proposé, Jeanne Lohyer, Directrice de la Clinique, rappelle que la structure a mis en place des Diplômes Universitaires sur la douleur depuis 2002 et les soins palliatifs depuis 6 ans pour préparer les soignants à assurer des soins « très lourds et très difficiles ». Ces formations sont en priorité destinées aux soignants de l’établissement mais également ouvertes aux professionnels du corps libéral afin d’élargir la connaissance sur le sujet et de faire de l’établissement et de La Réunion un pôle d’excellence en la matière. Michel Delflie, PDG du Groupe CliniFuture, va plus loin en émettant le vœu de voir le privé et le public se fédérer autour d’un même service à la personne. « Face aux difficultés nouvelles auxquelles nous sommes confrontés, celles d’un nouveau monde, ce serait une révolution culturelle souhaitable qu’en France, nous arrivions à travailler ensemble autour d’un pôle d’excellence ».
Il est difficile de mesurer l’ampleur des besoins en termes de soins palliatifs à La Réunion, mais sachant que les études les évaluent à une unité de 10 lits pour 50.000 habitants, La Réunion devrait au moins en posséder 16 pour répondre aux besoins présumés de ses 800.000 habitants. Ce projet novateur constitue déjà une première pierre fondatrice.