Au Port : Rassemblement des “emplois verts” contre le chikungunya

Une solidarité en actes

15 mars 2006

La Commission permanente de La Région, réunie mardi matin, a voté une enveloppe de soutien à l’action des 851 “Brigadistes de la Nature” engagés dans la démoustication biologique des quartiers. La bonne nouvelle, exposée aux intéressés hier après-midi au Port, a été reçue dans l’enthousiasme général.

Pour la deuxième fois depuis le début de la campagne de démoustication massive, les 851 “emplois verts” mobilisés par la Région se sont retrouvés à la Halle des manifestations du Port, point géographique médian pour à peu près tout le monde. L’objectif de cette rencontre était de communiquer à tous, les décisions prises le matin même en commission permanente - rattrapage des salaires et prime au dévouement -, d’écouter les questions qui remontent des quartiers et de lancer une réflexion collective sur la nécessité d’un grand service public de démoustication pour l’avenir.
Paul Vergès, président du Conseil régional, était accompagné des conseillers régionaux Yvon Virapin, Hilaire Maillot, Christine Soupramanien et Alain Armand.

"Travail exemplaire"

Hilaire Maillot, saluant tous les présents au nom de la collectivité, a fait le bilan de l’action des équipes dans la démoustication de 11.000 habitations, soulignant l’importance de leurs interventions, notamment dans les zones de tourisme vert. "Vous faites un travail exemplaire. C’est une tâche difficile, votre action est appréciée. Continuez !", leur a-t-il dit.
Les Brigades vertes font de la lutte mécanique et répandent un larvicide biologique, le Bti. Elles sont surtout en contact d’une population qui apprécie visiblement - d’après le court reportage filmé dans l’Est et diffusé lors de la rencontre - qu’une information claire et simple sur le moustique leur soit donnée en créole. L’approche culturelle de l’épidémie faite par les Brigades permet de rétablir un équilibre face aux doutes ou aux questions qui peuvent rester dans l’esprit des gens.
Paul Vergès, après la diffusion d’un film sur une intervention de brigade à la Rivière des Roches, a entrepris de répondre à ces questions.
"La seule solution est d’appliquer les directives et d’agir dans la solidarité", leur a-t-il dit en notant que des "hiatus" voire des "erreurs" dans la mise en œuvre de la solidarité nationale, ont pu faire douter les Réunionnais.

Solidarité et égalité

Le président de Région s’est rendu en France pour évoquer spécialement cette question et mieux faire connaître la situation de l’île et les formes de notre combat. "Pou koué, kan i ariv in katastrof dan Lind, an Shine, an Frans, nou ni fé la solidarité é koman zot i bouz pa ?" a-t-il demandé devant les centaines de personnes réunies. Son intervention était clairement placée sous le signe de la solidarité et de l’égalité : égalité de traitement des Emplois verts dans le passage des CES (Contrat emploi solidarité) au CAE, pour lequel les charges sociales sont plus importantes et la rémunération, inférieure de 27,52 euros (par mois).
L’une des décisions de la Commission permanente a été de voter un crédit de 206.730,00 euros "pour rétablir le même salaire qu’avant" jusqu’à la fin de l’année.
Une prime de 300 euros par brigadiste est venue corriger le non-dit dans lequel était laissées les équipes réunionnaises, après l’annonce par le gouvernement d’une prime identique aux militaires et personnels soignants et paramédicaux. "É nou sé koué ?"
Cela représente une somme de plus de 255.000 euros à verser au budget des emplois verts et le président de Région a souhaité à voix haute "que ce geste [soit] imité par les autres collectivités".

Un service de démoustication

Il a terminé son intervention en évoquant la nécessité de construire pour l’avenir un service pérenne de démoustication. "Si le moustique reste là, il va occuper des gens à plein temps. Combien, toute l’année, pour veiller à la sauvegarde de la santé de la population ?" Cette organisation paraît nécessaire pour permettre à l’île de s’adapter à un monde qui change vite.
À la fin de la rencontre, un dialogue s’est instauré avec la salle sur des questions de conditions de travail, sur la pérennité des emplois et sur des problèmes de logistiques rencontrés dans certaines communes, malgré la convention passée avec l’AMDR (association des maires).

En dépit de ces quelques difficultés, les emplois verts ont gardé de cette réunion des encouragements concrets qui leur sont allés droit au cœur et qui redoublent leur engagement pour éradiquer la maladie.

P. David


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