Des emplois aidés pour lutter contre le chikungunya

Une solution raisonnable

17 octobre 2005

L’Union européenne s’alarme et s’inquiète de la présence en Roumanie d’une souche hautement pathogène de la grippe aviaire. Même si aucun cas humain de la maladie n’a encore été signalé, le temps est la mobilisation.

Les experts vétérinaires de l’Union européenne se réuniront une nouvelle fois jeudi prochain pour faire le point. La question sera également au menu d’une rencontre des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Cinq, demain au Luxembourg. Le commissaire européen à la Santé et la protection des consommateurs, Markos Kyprianou, a décidé de mettre en œuvre des mesures préventives comme l’interdiction d’exporter vers l’UE des volailles vivantes, des plumes et de la viande, et la Commission a ainsi recommandé vendredi aux Vingt-Cinq d’identifier les zones à risques et d’éviter les contacts entre volailles d’élevage et oiseaux sauvages, qui véhiculent le virus le long des routes migratoires. Enfin, envisageant la possibilité d’une transmission à l’Homme du virus, ce qui ouvrirait la voie à une pandémie meurtrière, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), tout en ne souhaitant pas spécule, se dit être prête à toute éventualité.
Sans doute l’extension du chikungunya à La Réunion n’appelle pas une mobilisation de même ampleur et à une telle échelle. Il n’en reste pas moins que l’on ne peut sous-estimer l’épidémie et la vitesse à laquelle elle se répand.
Or, pour lutter contre de tels phénomènes, La Réunion possède une bonne expérience en la matière.

Prophylaxie

Il suffit de se rappeler comment - au début des années 50 - elle lutta efficacement contre le paludisme dont la nocivité n’a rien à voir avec le chikungunya. Un service de prophylaxie fut mis en place. Il se rendit dans toutes les communes et dans toutes les cours pour une grande campagne de désinfection et de destruction des moustiques.
Or, avec le système des emplois aidés, La Réunion peut mettre en place et dans de meilleurs conditions, un service de lutte contre le chikungunya. À un moment où les emplois aidés sont contestés et où leur avenir est menacé, une mission comme la lutte contre le chikungunya sera le meilleur moyen de les revaloriser et de faire la démonstration que ces emplois sont réellement d’utilité publique.
En effet, officiellement, on a dénombré 4.000 cas de chikungunya dans l’île. À supposé que ces 4.000 malades soient autant de personnes ayant un travail, on peut facilement mesurer ce que leur immobilisation coûte à la société réunionnaise en termes de pertes économiques tant dans le secteur privé que dans le secteur public.
Enfin, La Réunion a fait du tourisme une des ses principales activités économiques. Si le chikungunya développait ses ravages parmi nos visiteurs - il a commencé à le faire - la catastrophe serait sans doute plus grande que cette histoire de chien utilisé pour la pêche aux requins.
La lutte contre le chikungunya n’a pas seulement un caractère de prévention sanitaire : elle a des aspects économiques et sociaux qu’il convient de ne pas sous-estimer.

J.M.


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