95 % des décès liés au paludisme surviennent dans notre continent

Vaincre le paludisme : combinaison de progrès scientifique et de changements de comportements

30 janvier

Malgré des progrès scientifiques dans la lutte contre le paludisme, la maladie continue de tuer des centaines de milliers de personnes, principalement en Afrique. Le Dr. Martin Lukindu souligne l’importance d’adopter des comportements préventifs, comme l’utilisation de moustiquaires imprégnées et la consultation précoce. La science et la sensibilisation communautaire sont cruciales pour éradiquer cette maladie.

Bien que des avancées notables aient été réalisées dans la lutte contre le paludisme, cette bataille semble encore loin d’être gagnée. Selon le Rapport mondial sur le paludisme 2024 de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le nombre de cas de paludisme a augmenté de 11 millions en 2023 par rapport à 2022, et près de 600 000 nouvelles victimes sont décédées de la maladie, un chiffre stable par rapport à l’année précédente. Environ 95 % des décès liés au paludisme surviennent en Afrique, un continent où les ressources nécessaires pour prévenir, diagnostiquer et traiter cette maladie restent inaccessibles pour de nombreuses personnes.
Le paludisme continue de frapper les pays les plus vulnérables, avec quatre nations africaines — le Nigeria, la République Démocratique du Congo, le Niger et la Tanzanie — concentrant près de 60 % des décès dus à la maladie. En outre, les événements climatiques extrêmes aggravent la propagation du parasite, menaçant de nouveaux cas et d’autres décès. Le changement climatique pourrait entraîner un excédent de 550 000 morts supplémentaires d’ici 2050, selon le Malaria Atlas Project.

Pour une participation active des populations à la prévention

Cependant, le Dr. Martin Lukindu, chercheur postdoctoral à l’Institut de recherche ougandais sur les virus (UVRI), partenaire de Target Malaria en Ouganda, insiste sur le fait que la lutte contre le paludisme n’est pas uniquement une question de progrès scientifique, mais aussi d’adoption de comportements responsables et de changements d’attitudes au sein des communautés. Selon lui, les interventions de lutte contre le paludisme doivent aller de pair avec une meilleure sensibilisation et un engagement actif des populations concernées.
Les raisons de l’inefficacité des efforts de lutte se trouvent en partie dans le manque de participation active des communautés. L’utilisation irrégulière de moustiquaires imprégnées ou de médicaments préventifs en est un exemple, tout comme le recours fréquent à des remèdes traditionnels au détriment de traitements médicaux modernes. « Les défis sont tels que les habitants des zones endommagées par le paludisme négligent souvent l’utilisation de moustiquaires ou l’adhésion à des traitements de prévention réguliers », souligne le Dr Lukindu.

Propositions

Pourtant, des progrès sont possibles. En Ouganda, 86,9 % des parents emmènent leurs enfants fiévreux chez un médecin, un signe que la sensibilisation progresse. Le Dr Lukindu explique que, bien que la science joue un rôle central dans l’éradication du paludisme, elle ne peut réussir sans l’engagement des populations locales. Voici quelques mesures concrètes pour lutter contre le paludisme :
1. Utilisation de moustiquaires imprégnées : Ces moustiquaires, imprégnées d’insecticides à double action, sont particulièrement efficaces pour réduire la transmission, même dans des zones où les moustiques ont développé une résistance. En 2023, plus de 195 millions de moustiquaires ont été distribuées en Afrique subsaharienne.
2. Vaccination des enfants : 17 pays africains ont intégré le vaccin antipaludique dans leur plan de vaccination pour enfants. Bien que prometteurs, ces vaccins doivent être accompagnés d’autres mesures de prévention pour maximiser leur efficacité.
3. Médicaments saisonniers : Administrer des doses mensuelles d’antipaludiques pendant la saison des pluies protège particulièrement les enfants de moins de cinq ans, un groupe vulnérable. En 2023, plus de 53 millions d’enfants ont bénéficié de cette mesure.
4. Consultation précoce : L’auto-diagnostic et le traitement rapide sont cruciaux. Le paludisme est traitable lorsqu’il est pris tôt, et la disponibilité des médicaments dans les zones à haut risque est désormais largement assurée.
5. Protection des femmes enceintes : Le paludisme est particulièrement dangereux pour les femmes enceintes et leurs bébés. Trois doses de traitement préventif pendant la grossesse permettent de réduire considérablement les risques.
6. Investir dans la recherche : La recherche continue est essentielle pour développer de nouveaux outils et traitements. Des initiatives comme celles de Target Malaria, qui utilise la technologie de l’impulsion génétique pour réduire la population de moustiques porteurs du parasite, apportent un espoir concret. Les résultats des premières études suggèrent que cette approche pourrait offrir une solution à long terme, notamment dans les zones rurales, les plus touchées.

Pour le Dr Lukindu, il est essentiel de comprendre que chacun peut jouer un rôle dans cette lutte, en adoptant des gestes simples, en se protégeant des moustiques et en consultant rapidement un médecin. « Les communautés peuvent changer leurs habitudes et se protéger dès aujourd’hui tout en soutenant la recherche pour un avenir sans paludisme », conclut-il.

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