Quand la gestion depuis Paris fait de La Réunion la dernière de la classe dans sa région

Vie sans COVID à Maurice et crise sanitaire à La Réunion : qui s’en sortira le mieux en 2021 ?

13 janvier 2021, par Manuel Marchal

Entre une île tropicale sous état d’urgence sanitaire où les contraintes sont quasiment les mêmes qu’en France à l’exception du couvre-feu, et une autre île tropicale où la population vit sans la COVID-19 avec, cerise sur le gâteau, un coût de la vie beaucoup moins élevé, il est évident que Maurice a une longueur d’avance sur La Réunion.

Distante d’à peine 200 kilomètres de La Réunion, l’île Maurice a commencé une campagne de vaccination nationale. Le contexte est totalement différent de La Réunion. Dans le cadre de l’initiative COVAX, le gouvernement a précommandé des vaccins pour couvrir 20 % de la population, celle qui est la plus susceptible d’être en contact avec des porteurs de la COVID-19 en raison de leur profession notamment. Mais l’objectif est plus ambitieux : atteindre 60 % de vaccinés.
Première différence avec La Réunion : le choix du vaccin. Dans notre île, les vaccins choisis dépendent d’une décision parisienne. C’est pourquoi du matériel permettant de stocker des médicaments à -80 degrés a été acheminé à La Réunion par vol militaire et implanté dans un lieu tenu secret. Ce déploiement est la conséquence de l’utilisation d’un vaccin de l’industrie pharmaceutique occidentale : Pfizer-BioNtech.
Vendredi, le ministre mauricien de la Santé a indiqué que « le ministère de la Santé et le ministère des Affaires étrangères sont entrés en contact avec différents laboratoires tels que Pfizer/BioNTech, Astra Zeneca-Oxford, Gamaleya Institute de la Russie, Sinopharm de Chine et Moderna » précise « Ile Maurice Tourisme Infos ». Ceci fait que Maurice ne dépend pas d’un seul fournisseur.

Aéroport fermé, pas d’épidémie de COVID

Seconde et sans doute différence fondamentale avec La Réunion : la campagne de vaccination se fait à Maurice au sein d’une population très peu touchée par la COVID, comparativement à La Réunion où plus de 50 personnes sont déjà mortes dans les hôpitaux. Plusieurs décès ont été dénombrés à Maurice au mois de mars, ce qui faisait dire alors à la directrice régionale de l’ARS que c’était la conséquence d’un manque d’équipement par rapport à La Réunion.
Mais dès le début, les autorités mauriciennes ont décidé de fermer l’aéroport alors que la part du tourisme dans son économie est plus importante qu’à La Réunion. Nos voisins accueillent deux à trois fois plus de touristes que notre île, mais ils ont choisi de fermer la porte à la contamination.
Depuis la réouverture de ses frontières, Maurice impose aux entrants une quarantaine stricte en centre dédié payée par l’arrivant. Les Mauriciens durent souffrir d’un confinement plus strict qu’à La Réunion au début de l’épidémie. Mais depuis, les Mauriciens peuvent vivre sans la COVID.
C’est ce que rappellent les manifestations contre le système politique qui ont réuni plusieurs centaines de milliers de personnes à Port-Louis. C’était du jamais vu depuis des dizaines d’années à Maurice, alors qu’en raison de l’état d’urgence sanitaire, il est inconcevable à La Réunion d’organiser une manifestation d’une telle ampleur pour peser sur un pouvoir politique.

Porte ouverte pour riches retraités ou télétravailleurs réunionnais

Par conséquent, non seulement les Mauriciens vivent sans le COVID, mais en plus ils auront un taux de vaccination important parmi la population. Dans le même temps, les pays occidentaux ont lancé des campagnes de vaccination. Or, La Réunion et l’Europe sont les premiers fournisseurs de touristes pour Maurice. Cela laisse ouvert la possibilité d’une fin de la quarantaine pour les voyageurs qui peuvent justifier d’une vaccination contre la COVID.
Les conditions sont donc réunies pour une vie sans COVID à Maurice. Il est évident que les autorités mauriciennes vont faire la promotion de leur environnement sans coronavirus. Un Visa Premium est mis en place depuis le mois d’octobre. Il permet l’entrée dans le pays à de riches retraités, notamment réunionnais, à des investisseurs et à des cadres désireux de faire du télétravail sans les contraintes de l’état d’urgence sanitaire en vigueur dans leurs pays. Visa Premium et vaccin obligatoire pour entrer à Maurice sont des mesures qui permettront à nos voisins d’attirer des résidents suffisamment riches pour y déménager, et qui peuvent donc se payer le droit de vivre dans un pays sans COVID et donc sans les contraintes.

L’atout d’une destination sans COVID

Au sujet des touristes, il est clair que le taux de vaccination parmi les clients potentiels au voyage va augmenter. Pour une personne vivant en France, entre La Réunion et Maurice, le choix sera vite fait. En effet, entre une île tropicale sous état d’urgence sanitaire où les contraintes sont quasiment les mêmes qu’en France à l’exception du couvre-feu, et une autre île tropicale où la population vit sans la COVID-19 avec, cerise sur le gâteau, un coût de la vie beaucoup moins élevé, il est évident que Maurice a une longueur d’avance sur La Réunion.
Il est tout de même paradoxal de constater qu’à La Réunion, les représentants des professionnels du tourisme n’eurent de cesse de réclamer la fin de la quarantaine et autres contraintes pour les voyageurs venant à La Réunion. Il est évident que la fin de la quarantaine ainsi que l’impossibilité d’imposer un test obligatoire aux entrants a contribué à l’explosion de l’épidémie à La Réunion, au rythme de plusieurs milliers de nouveaux arrivants par jour.
De leurs côtés, les Mauriciens ont pris leur mal en patience, sans les aides de la France ou de l’Europe. Leur choix de fermer la porte au virus leur donne aujourd’hui un atout incontestable dans l’opération reconquête post-COVID.

M.M.

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