L’OMS et le traitement du VIH/SIDA

VIH/SIDA : ’Ce sont des catastrophes qui s’annoncent’

29 août 2005

La semaine dernière avait lieu à Maputo au Mozambique une importante réunion régionale de l’Organisation mondiale de la Santé, en présence de son directeur général, le Coréen Jong-Wook Lee. Ce dernier a fait le point sur la pandémie qui ravage notre région et sur le moyens à mettre en œuvre pour inverser la tendance.

Cette semaine à Maputo, il a été naturellement question de la pandémie du SIDA. Une maladie qui compromet sérieusement le développement des pays gravement touchés, car elle emporte les forces vives de l’Afrique australe. Si un vaccin n’est pas encore au point, des moyens existent pour que les malades puissent survivre. L’Organisation mondiale de la Santé cherche à faire bénéficier ces traitements au plus grand nombre. Lundi dernier, l’OMS a annoncé que 1,5 million de personnes vivant avec le VIH/SIDA bénéficieront d’un traitement antirétroviral d’ici à la fin de cette année, ce qui représente la moitié des trois millions de personnes qui étaient ciblées.

Plus d’un million de traitements prévus

"Il est évident que toucher trois millions de personnes prendra un peu plus de temps que ce qui était prévu", a déclaré le directeur général de l’OMS Jong-Wook Lee aux ministres africains de la Santé lors de la 55ème réunion du Comité régional à Maputo. Jong-Wook Lee avait fixé cet objectif initial en mai 2003 lorsqu’il prenait la direction de cette agence de l’ONU comptant 192 membres.
"Beaucoup de gens pensaient que l’initiative 3X5 était trop ambitieuse. Nous devions nous fixer des objectifs agressifs", a affirmé le médecin sud-coréen, insistant sur le fait que beaucoup de choses ont été réalisées alors que la plupart des 1,5 million de bénéficiaires prévus du traitement au VIH/SIDA se trouvaient en Afrique subsaharienne, qui porte le plus lourd fardeau de cette maladie incurable. "Sur la base des progrès réalisés, l’accès de tous au traitement est désormais reconnu dans le monde entier comme un impératif moral et social et une nécessité pratique", a souligné Jong-Wook Lee. "L’engagement pris par les États membres de renforcer l’accès au traitement est devenu un mouvement sur lequel on ne peut pas revenir. La dynamique que vous avez créée a inévitablement mené à la fixation récente par le G8 d’un objectif encore plus ambitieux : celui de l’accès de tous ceux qui en ont besoin au traitement d’ici à 2010", a-t-il ajouté.
Selon le patron de l’OMS, l’accès de tous au soins de santé dont ils ont besoin est désormais reconnu comme un fait non seulement absolument nécessaire, mais tout à fait réalisable. Il a souligné que les prix des médicaments antirétroviraux baissent alors que davantage de produits sont disponibles et que le marché s’élargit, ajoutant que l’OMS a déjà pré-qualifié 63 médicaments antirétroviraux, dont 29 formules génériques.

5% des malades le savent

Cependant, Jong-Wook Lee a ajouté que moins de 5% des personnes vivant avec le VIH/SIDA en Afrique sont conscientes de leur situation, en insistant sur le fait que la disponibilité des tests et de la prise en charge psychologique devait être intensifiée.
Au moins quatre millions de personnes dans la région ont besoin d’une thérapie antirétrovirale, a-t-il dit, soulignant la nécessité de former plus de travailleurs de la Santé pour parvenir à surmonter ces obstacles.
Le patron de l’OMS a aussi noté que l’espérance de vie baissait en Afrique subsaharienne avec un pays comme le Botswana où elle tourne autour de 36,4 ans et qui a des prévisions négatives de 34,4 ans d’ici à 2010, alors qu’un scénario encore pire est encore envisagé au Swaziland où l’espérance de vie devrait tourner autour de 30,6 ans au cours des cinq prochaines années. "Ce sont des catastrophes qui s’annoncent. Nous devons renverser cette tendance en arrêtant la vague de décès dus au VIH/SIDA", a-t-il insisté.


Polio et tuberculose continuent de tuer

Le profil de l’Afrique concernant la tuberculose n’est pas non plus encourageant avec environ 345 cas sur 100.000 personnes en 2003, un taux de mortalité de loin le plus élevé du monde et 35% des tuberculeux africains infectés par le VIH.
La tuberculose est une maladie guérissable, le principal obstacle, selon le directeur général de l’OMS, étant la faiblesse des systèmes de Santé et le nombre insuffisant de membres du personnel médical qualifié.
Abordant le cas de la polio, il a averti que la réintroduction du virus dans des pays précédemment débarrassés de cette maladie pourrait renverser "nos fragiles acquis" dans ce domaine.


Lenteur de l’aide au Niger

La lenteur des progrès dans la réduction de la pauvreté et des maladies constitue un grave danger pour la sécurité et le développement, affirme le le directeur général de l’OMS. "Ainsi, la réaction tardive de la communauté internationale aux appels répétés des gouvernements et de l’ONU à aider les pays du Sahel (Niger, Mali et Mauritanie) contraste fortement avec les objectifs du millénaire", a-t-il encore estimé.
Jong-Wook Lee a déclaré que l’OMS a joué son rôle à temps au Niger, où plus de deux millions de personnes sont désormais confrontées à la famine, ajoutant qu’il y a eu une bonne coopération entre le ministère de la Santé de ce pays, l’agence onusienne et les autres partenaires humanitaires pour mener des efforts de secours sur le terrain.


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