Le chikungunya, le foie, les reins, le cœur...

’Vous, il faut que vous arrêtiez de boire !’

24 février 2006

C’est un de mes camarades les plus proches. Appelons-le Pierre. Pierre a été pris par les douleurs et les fièvres du chikungunya, le 16 janvier dernier. "Crois-moi, ça te met à terre avec une brutalité incroyable", raconte-t-il. Mais écoutez bien la suite. Le 17, il fait une analyse de sang. Le 18, il retourne chez son docteur, qui prend connaissance des résultats et lui lance catégorique et péremptoire : "Vous, il faut que vous arrêtiez de boire, et vite !".
Or Pierre ne boit pas. Jamais la moindre goutte d’alcool. La détérioration hépatique aiguë se lisait pourtant là, au travers des chiffres de l’analyse. Continuant à déchiffrer les feuilles de l’analyse de sang, le docteur lui assène un second choc : "... et vous souffrez également d’une insuffisance rénale sérieuse". Pour une personne dans la force de l’âge - mon camarade a la quarantaine - qui l’avant-veille se croyait encore en bonne santé, cela faisait quand-même beaucoup.

Depuis 1 mois, cet épisode a fait beaucoup s’interroger Pierre et réfléchir son camarade, qui vous écrit aujourd’hui. Le virus du chikungunya semble bien miner des fonctions vitales de notre organisme. Ne s’attaquerait-il pas au fonctionnement d’organes qui sont loin d’être négligeables, comme le foie, les reins... le cœur ?
Insuffisance rénale, insuffisance hépatique... insuffisance cardiaque ne seraient-elles pas brutalement enclenchées par le virus ? Sans doute pas de façon systématique - encore que... qui sait ? À des degrés variables, la tendance à l’agression est-elle peut-être toujours là -, mais, dans un certain nombre de cas, d’une manière extrêmement dangereuse, voire fatale pour les personnes qui ne disposent pas de ce que l’on pourrait appeler une "marge de sécurité" suffisante.

Cette question n’est qu’une parmi la myriade de questions qui nous assaillent tous, qui restent sans réponse, et qui renforcent cette angoissante sensation d’ignorance pesant chaque jour un peu plus sur le moral des Réunionnais.

Le réseau médical et hospitalier, tout comme les équipes de chercheurs enfin mises au travail sur le chikungunya, n’ont pas pu ne pas constater ces symptômes parmi les dizaines de milliers d’analyses de sang réalisées. Ces observations ont bien dû déboucher sur des pistes, et déjà peut-être sur des acquis quant à la connaissance de la nature exacte et complète de la maladie. La transparence, érigée depuis peu en valeur absolue de l’action gouvernementale, on l’attend toujours, avec une soif de plus en plus forte !

Cela étant, j’attends avec grande impatience les résultats de l’analyse de sang que mon camarade Pierre va refaire dans quelques jours...

Alain Dreneau,
Le Port


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