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Le droit des langues ultramarines - 2 -
28 octobre 2004
Après avoir évoqué les mesures prises par l’État en faveur de la langue française, la juriste Altide Canton-Fourrat décrit la richesse plurielle de la diversité linguistique sur le territoire de la République, avant d’évoquer avec nous demain la protection juridique des langues régionales.
Le rapport du professeur Bernard Cerquiglini (1) recense, en 1999, outre les langues régionales de l’Hexagone, les langues des départements ultramarins, de la Nouvelle-Calédonie, de la Polynésie Française, de Wallis-et-Futuna et de Mayotte. À cette liste, il convient de rajouter la Corse. Nous envisageons ce recensement par groupes : les langues des départements français ultramarins, les langues du Pacifique et celles des autres collectivités ultramarines, y compris la Corse.
1 - Les langues des départements ultramarins
Le créole est la langue régionale majoritairement parlée dans les départements ultramarins. Le terme créole est d’origine latine. Il désigne les individus natifs d’un lieu dans un contexte très précis. Les premières expressions créoles remontent au 16ème siècle.
C’est la langue que les esclaves ont composée à partir du français, de l’anglais et de l’espagnol, tout simplement avec les langues qu’utilisaient les colons (2). Les premières expressions créoles remontent au 16ème siècle.
Les territoires étant devenus des colonies françaises, le créole s’est aligné sur la réalité ambiante : le français. Il existe plusieurs variétés de créoles en fonction des locuteurs. Il est donc intéressant d’étudier les subtilités de chacune de ces langues.
En Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion, les créoles sont à base lexicale française. Il n’existe pas de différences fondamentales entre les “créoles” de ces îles. Leurs habitants peuvent communiquer sans aucune difficulté.
En Guyane, le créole est majoritairement parlé. Il ne s’agit pas d’un créole, mais de créoles. Il existe un créole à base lexicale française tout comme dans les départements précédemment cités, avec des différences mineures. Il existe également d’autres variantes. En effet, les Bushi-nengé (hommes des bois), descendants de neg’marrons, esclaves rebelles du Surinam ayant pris la fuite afin d’échapper à la subordination des colons, entre la fin du 17ème et le 19ème siècles, ont élaboré leurs propres créoles qui sont à base lexicale anglo-portugaise. Il s’agit du saramaca, de l’aluku, du njuka et du paramaca.
Ces créoles sont irrigués par la présence d’immigrés brésiliens, surinamiens, libanais et bien d’autres langues qui contribuent à enrichir la situation des créoles de la Guyane.
En outre, la Guyane abrite les populations amérindiennes qui utilisent leurs propres langues, divisées en trois grandes branches. Il existe la branche Caribe (parlée par les Kalina et les Wayana), la branche Arawak (parlée par les Arawak et les Palikour) et la branche tupi-guarani (parlée par les Emerillon et les Wayampi). Ces langues portent le nom des populations qui les parlent.
À cette richesse culturelle, il convient d’ajouter les populations asiatiques. Les originaires de Chine parlent le chinois hakka. Les Cantonais parlent le mandarin, le min et le yan. Les hmongs parlent le laotien.
2 - Les langues des territoires français du Pacifique
Dans les collectivités françaises du Pacifique, deux familles de langues se côtoient : les langues mélanésiennes et les langues polynésiennes. Elles forment la grande famille de langues austronésiennes qui sont parlées dans l’espace allant de Madagascar jusqu’à Hawaï, Taïwan, une partie du Sud-Est asiatique, jusqu’en Australie. Dans cette gigantesque aire se situe le triangle polynésien.
Les langues mélanésiennes sont parlées en Nouvelle-Calédonie. L’ensemble homogène des langues kanakes est le plus nombreux. En effet, on y recense 28 langues kanakes. Dans la Grande Terre, sont parlées les langues suivantes : nyelâyu, kumak, caac, yuaga, jawe, nemi, fwâi, pije, pwaamei, pwapwâ, dialectes de la région de Voh-Koné, cèmuhî, paicî, ajië, arhâ, arhö, ôrôwe, neku, sîchë, tîrî, xârâcùù, xârâgùrè, drubéa, numèè ; nengone, drehu, iaai, fagauvea. Dans les Îles Loyauté, ce sont les nengone, drehu, iaai, fagauvea qui sont utilisées.
Le français calédonien est parlé par les caldoches et les kanaks. C’est la langue véhiculaire. Des langues asiatiques tels que le vietnamien, le chinois hakka, le javanais ou le malais et même le “créole de Saint-Louis” sont utilisées dans la région de Nouméa.
En Polynésie française, les principales langues sont le tahitien, le marquisien, la langue des Tuamotu, la langue mangarévienne, la langue de Ruturu (îles Australes), la langue de Ra’ivavae (îles Australes), la langue de Rapa (îles Australes) (3). Ces langues sont suffisamment proches pour qu’il y ait communication aisée entre les locuteurs de chaque langue.
Dans l’archipel de Wallis-et-Futuna, le wallisien et le futunien sont les langues locales utilisées. Ces langues appartiennent au groupe malayo-polynésien oriental de la famille austronésienne.
3 - Les langues des autres collectivités territoriales ultramarines
Bien que situé à proximité de la côte américaine de l’Atlantique-Nord, Saint-Pierre-et-Miquelon, peuplé d’habitants d’origines basque, bretonne et acadienne, garde l’usage du français. Aucune langue régionale ne s’y est installée.
Mayotte, une des quatre îles formant, autrefois, l’archipel des Comores, est aujourd’hui une collectivité départementale de la République française. Rappelons que les Comores ont proclamé leur indépendance depuis 1976. Dans cette île, on distingue le shimaoré (mahorais) et le shibushi, langue dérivée du swahili. Ces dernières sont de la famille des langues bantu. Ces deux langues ont en commun qu’elles cumulent une structure grammaticale propre aux langues bantu en même temps que la présence de mots d’origine arabe.
Mayotte et Comores s’inscrivent, par conséquent, dans la civilisation dite “arabo-islamo-bantu” que l’on retrouve dans les îles de la côte est-africaine et sur la bande côtière continentale est-africaine.
La Corse que nous situons parmi les collectivités ultramarines, de par ses caractéristiques insulaires, a pour langue régionale le corse (corsica lingua). Le corse appartient au groupe linguistique italo-roman. Cette langue est employée dans l’ensemble de l’île, à l’exception de la ville de Bonifacio où l’on parle un dialecte d’origine génoise. Le dialecte de la région de Gallura, au Nord de la Sardaigne, est proche des parlers du Sud de la Corse, alors que le sarde proprement dit doit être considéré comme une langue régionale distincte.
Jusqu’au début du XIXème siècle, le corse et l’italien sont considérés comme deux dialectes d’une même langue, le corse étant la langue parlée, l’italien la langue écrite. À partir du Second Empire, le corse se trouve coupé de l’italien et tend à être perçu - notamment à travers le développement d’une littérature d’expression corse - comme une langue autonome (4).
Le mouvement culturel corse n’a pas cherché à imposer une langue unifiée à l’ensemble de l’île. Les linguistes corses parlent de "langue polynomique" ; son enseignement est fondé d’abord sur chaque variété locale puis sur la connaissance passive de l’ensemble des parlers de l’Île. C’est une langue régionale parlée et enseignée.
Ces langues régionales font partie du patrimoine culturel des populations ultramarines, partie du patrimoine français. Loin d’être ignorées, elles doivent faire l’objet d’une attention particulière (5).
(à suivre)
Altide Canton-Fourrat
(1) Rapport de M. Cerguiblini - Directeur de l’Institut national de la langue française (CNRS) au ministre de l’Éducation nationale et à la ministre de la Culture - avril 1999
(2) Histoire d’Haïti - Deschamps
(3) http://www.tlfq.ulaval.ca
(4) http://www.languesdefrance.com/HTML/Corse/corse.htm
(5) Rapport UNESCO - 4ème journée internationale de la langue maternelle 2002
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