Les pays occidentaux de plus en plus racistes ?

Hausse du racisme envers les personnes noires en Occident

8 avril

Près de la moitié des personnes d’ascendance africaine dans l’Union européenne font face au racisme et à la discrimination dans leur vie quotidienne, selon une enquête de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA), publiée en octobre 2023.

D’après la FRA, "malgré la législation anti-discrimination contraignante en vigueur dans l’UE depuis 2000 et les évolutions politiques significatives intervenues depuis lors, les personnes d’ascendance africaine continuent d’être confrontées au racisme, à la discrimination et aux crimes de haine".

L’étude a été menée auprès de plus de 6 700 personnes d’ascendance africaine vivant dans 13 pays de l’UE : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pologne, Portugal et Suède.

Les résultats sont en hausse depuis 2016, car aujourd’hui 45% des personnes interrogées déclarent avoir été victimes de racisme au cours des cinq années précédant l’enquête, ce qui représente une augmentation par rapport aux 39% enregistrés lors de la dernière enquête de la FRA.

Ce chiffre est alarmant en Allemagne et en Autriche, où plus de 70% des personnes assurent subir de la discrimination raciale. De manière générale, cette discrimination se fait sentir lors de la recherche d’un emploi ou d’un logement. Les jeunes et les personnes ayant suivi des études supérieures sont les plus touchés, bien que seuls 9% des personnes signalent ces faits.

Concernant le racisme, à proprement parlé, "30% des personnes interrogées déclarent avoir été victimes de harcèlement raciste, mais presque personne ne le signale. Les jeunes femmes, les personnes ayant fait des études supérieures et celles qui portent des vêtements à connotation religieuse sont plus susceptibles d’être victimes de harcèlement racial".

Pour Michael O’Flaherty, directeur de la FRA, "il est choquant de ne voir aucune amélioration depuis notre dernière enquête de 2016. Au contraire, les personnes d’ascendance africaine sont de plus en plus victimes de discrimination uniquement en raison de la couleur de leur peau".

"Le racisme et la discrimination ne devraient pas avoir de place dans nos sociétés. L’UE et ses États membres devraient utiliser ces conclusions pour mieux cibler leurs efforts et faire en sorte que les personnes d’ascendance africaine puissent elles aussi jouir librement de leurs droits sans racisme ni discrimination", a indiqué ce dernier.

Les résultats montrent également que "58% des personnes interrogées affirment que leur dernière interpellation par la police au cours de l’année précédant l’enquête était le résultat d’un profilage racial".
De plus, "34% des personnes interrogées se sont senties victimes de discrimination raciale lorsqu’elles cherchaient un emploi et 31% ont fait l’objet de cette discrimination au travail au cours des cinq années précédant l’enquête. Par rapport à la population générale, elles sont plus susceptibles de n’avoir que des contrats temporaires et d’être surqualifiées pour leur travail
".

Concernant le logement et le pauvreté, le rapport explique que "la hausse de l’inflation et du coût de la vie a exposé davantage de personnes d’ascendance africaine à un risque accru de pauvreté, par rapport à la population générale". Environ 33% de ces personnes éprouvent des difficultés à joindre les deux bouts et 14% ne peuvent pas se permettre de chauffer leur maison, contre respectivement 18% et 7% de la population générale. Enfin, 31% d’entre elles affirmant avoir fait l’objet d’une discrimination raciale en tentant de trouver un logement.

Face à un contexte politique de plus en plus tendu dans l’Union européenne, notamment avec la victoire de parti d’extrême droite au pouvoir en Italie par exemple. Et la montée en puissance de ces derniers en Belgique, France, Allemagne, Luxembourg et Pays-Bas, laissent présager un climat droitier plus affirmé.

Toutefois, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne a lancé une série de propositions parmi lesquelles l’application de la législation en matière de lutte contre la discrimination ainsi que des sanctions effectives, proportionnées et dissuasives, notamment pour les policiers qui sont protégés par la justice, en dépit de preuves souvent évidentes.

La FRA propose d’"identifier et enregistrer les crimes de haine, et considérer la motivation discriminatoire comme une circonstance aggravante lors de la détermination des sanctions" ; de "recueillir des données sur l’égalité, y compris sur l’origine ethnique ou raciale, afin d’évaluer la situation et de suivre les progrès accomplis" ; de "prendre des mesures pour prévenir et éradiquer les pratiques institutionnelles et la culture discriminatoires de la police" ; et d’"élaborer des politiques spécifiques pour lutter contre le racisme et la discrimination raciale dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, du logement et des soins de santé".


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