Intelligence Artificielle : établir un groupe sur le modèle du GIEC

Ursula Von der Leyen souhaite un « panel mondial » d’experts

15 septembre 2023

La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, veut engager un panel d’experts chargés d’évaluer les risques de l’intelligence artificielle pour l’humanité.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a plaidé le 13 septembre pour la création d’un « panel mondial » d’experts afin d’évaluer les risques de l’intelligence artificielle pour l’humanité, sur le modèle du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

« Des centaines de développeurs, d’universitaires et d’experts de premier plan dans le domaine de l’IA nous ont récemment alertés » sur le risque d’extinction de l’humanité, a rappelé la présidente de la commission, lors d’un discours devant le Parlement européen à Strasbourg.

Réduire ce risque « devrait être une priorité mondiale, au même titre que d’autres risques menaçant la société tout entière, comme les pandémies et la guerre nucléaire », a-t-elle estimé.

L’intelligence artificielle « évolue plus rapidement que ses concepteurs eux-mêmes ne l’avaient prévu. Il nous reste donc peu de temps pour orienter cette technologie de manière responsable », s’est-elle inquiétée.

Elle a appelé à la mise en place d’un « nouveau cadre mondial pour l’IA, reposant sur trois piliers : des garde-fous, une gouvernance et l’orientation de l’innovation ».

« Nous devrions œuvrer de concert avec nos partenaires pour avoir tous la même compréhension de l’impact de l’IA dans nos sociétés », a-t-elle déclaré, citant « la contribution inestimable du GIEC pour le climat, ce panel mondial qui fournit aux décideurs politiques les données scientifiques les plus récentes ».

« Je pense que nous avons besoin d’un organe similaire pour l’IA, en ce qui concerne ses risques et ses avantages pour l’humanité. Cet organisme réunirait des scientifiques, des entreprises technologiques et des experts indépendants. Nous pourrons ainsi élaborer une action rapide et coordonnée au niveau mondial », a déclaré Ursula von der Leyen.

La diffusion sur les réseaux sociaux de fausses images, plus vraies que nature, créées à partir d’applications comme Midjourney, a alerté sur les dangers des systèmes d’intelligence artificielle pour la démocratie. Cette application est un programme permettant de créer des images à partir de descriptions textuelles, suivant un fonctionnement similaire à celui de DALL-E

Le potentiel de ces technologies est vaste : fausse image, fausse vidéo, rédaction de dissertation, d’article de presse et scientifique, de composer de la musique ou faciliter des diagnostics médicaux.

Cette intelligence artificielle fascine mais surtout inquiète certains acteurs du secteur ainsi que les dirigeants. Alors que bon nombre demande aux chercheurs de freiner sur les avancées et de réfléchir à son impact sur la société, le président français Emmanuel Macron a lui annoncé, en juin, 500 millions d’euros supplémentaires pour son développement en France.

Ce dernier veut une régulation européenne de l’IA qui ne bride pas l’innovation. Ce dernier souhaite investir avant de réguler, afin de ne pas être dépasser par les Américains et les Chine. Or en juin, le Parlement européen a adopté sa position sur l’"Artificial Intelligence Act", une proposition de règlement déposée en avril 2021 par la Commission européenne. Les eurodéputés veulent de nouvelles interdictions, comme la reconnaissance faciale dans les lieux publics par des systèmes dédiés.

L’Union Européenne espère conclure avant la fin de l’année 2023 le premier règlement au monde visant à encadrer ces innovations. Cependant, il n’entrera en application qu’2026 et devrait notamment interdire les applications de surveillance de masse des citoyens, et imposer des normes à une liste de services considérés à risque.

Cette nouvelle législation fait actuellement l’objet de négociations entre les 27 pays membres de l’UE et le Parlement européen. « Notre législation sur l’IA est déjà un modèle pour le monde entier. Nous devons maintenant adopter les règles dès que possible et passer à leur mise en œuvre », a demandé Ursula von der Leyen.


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