1er Mai : la confusion et l’ignorance !

3 mai 2012

« L’Histoire est l’instrument le moins incertain pour comprendre le contemporain » (Furêt - “L’atelier de l’histoire”, 1982).
À Chicago, à la fin d’une manifestation ouvrière, une bombe explose, faisant des victimes parmi la police qui chargeait (sans doute une provocation !)… Malgré des preuves incertaines, trois syndicalistes sont jugés et condamnés à la prison à perpétuité. Cinq autres sont pendus le 11 novembre 1886.
Sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago, sont inscrites les dernières paroles de l’un des condamnés, Augustin Spies : « Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui ».
Depuis cette date, partout dans le monde, le premier mai est devenu la journée de tous ceux qui luttent pour un meilleur partage des richesses, une véritable démocratie qui ne s’arrête pas à la porte des entreprises, une société solidaire et de service public dans le respect de l’environnement.
Comment ne pas être surpris et peiné de voir un Président de la République ignorer à ce point notre histoire sociale !
Aurait-il organisé sa manif du « vrai travail » s’il avait su ?
C’est pourtant grâce à ces luttes de nos aînés que, bon gré mal gré, pendant tout un siècle, les avancées sociales allaient de pair avec les évolutions scientifiques et technologiques… Le progrès profitait à tous… cela a pris fin avec l’entrée en scène des gouvernements libéraux en août 1973 (abandon étalon or, dérégulation monétaire et financière, fin des accords de Breton Woods)…
Il est vrai que pour inoculer le virus du libéralisme dans le cerveau de nos concitoyens, autrement dit permettre à un petit groupe social de s’approprier la quasi-totalité des gains de productivité, il fallait rendre les gens amnésiques et la situation confuse !
L’ignorance de l’Histoire, et plus particulièrement celle du mouvement social, est d’ailleurs entretenue depuis trop longtemps à l’école et dans les médias.
Un professeur d’université confiait tristement en 2008 que, sur un amphi de cent vingt étudiants, vingt-trois seulement avaient entendu parler de la Commune de Paris de 1871… En même temps, jusqu’à la crise de 2009, des idéologues déguisés en “experts” se répandaient dans les médias, pour annoncer sans rire la fin de l’Histoire.
Si bien que le moindre rappel historique était systématiquement sorti du champ de la réflexion, immédiatement sanctionné par ces mots : « Tu ne vas pas remonter aux calendes grecques » !
Il s’agissait de crétiniser pour mieux manipuler, et fabriquer une génération de “collabos” au “fabuleux destin” du capitalisme financier… Dès lors, les consciences étaient prêtes à toutes les confusions et tous les renoncements !

Didier Le Strat


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