20 scientifiques lancent un appel contre les portables

17 juin 2008

Une vingtaine de scientifiques, essentiellement des cancérologues, ont lancé un appel à la prudence dans l’utilisation des téléphones portables en l’absence de conclusions scientifiques définitives sur leur éventuelle dangerosité pour la santé.

Les signataires du texte, publié dans "Le Journal du Dimanche", dressent une liste de mesures de précaution simples qui peuvent être prises dans l’attente de données plus complètes.
Selon le ministère de la Santé, aucune preuve scientifique ne permet aujourd’hui de démontrer que l’utilisation des téléphones mobiles présente « un risque notable » pour la santé, que ce soit pour les adultes ou les enfants.
Cependant, plusieurs études récentes, qui doivent encore être approfondies, mettent en évidence la possibilité d’un risque « faible » d’effet sanitaire lié à une utilisation intense et de longue durée (plus de dix ans) d’un mobile. Une étude internationale de grande ampleur, menée dans 13 pays sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est actuellement en cours.

Polémiques

Si de nombreuses études sont menées à travers le monde, la question de leur financement et de l’indépendance des experts qui ont en la charge suscite régulièrement de vives polémiques.
Pour les scientifiques à l’origine de cet appel, parmi lesquels figurent, outre des médecins français, un Italien, un Néerlandais et un Américain, le mode d’utilisation des portables doit s’articuler autour de dix règles. Parmi elles :

- Ne pas autoriser les enfants de moins de 12 ans à utiliser un téléphone portable sauf en cas d’urgence

- Maintenir le téléphone à plus d’un mètre du corps lors des communications en utilisant le mode haut-parleur ou un kit mains libres ou une oreillette

- Eviter le plus possible de porter un téléphone mobile sur soi, même en veille.
Communiquer plutôt par SMS

- Eviter d’utiliser le portable lorsque la force du signal est faible ou lors de déplacements rapides en voiture ou en train.

- Si on porte le téléphone, s’assurer que la "clavier" est dirigée vers le corps et la face "antenne" vers l’extérieur.

- Utiliser son portable pour "établir le contact". Rappeler d’un poste fixe à fil.

- En utilisation, changer régulièrement le portable d’oreille, attendre que l’interlocuteur ait décroché.

- Choisir un téléphone avec un DAS, débit d’absorption spécifique, le plus bas possible.

Faisceau d’arguments

« Nous sommes aujourd’hui dans la même situation qu’il y a cinquante ans pour l’amiante et le tabac. Soit on ne fait rien, et on accepte un risque, soit on admet qu’il y a un faisceau d’arguments scientifiques inquiétants », explique Thierry Bouillet, cancérologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny et signataire de l’appel.
Pour le professeur de psychiatrie David Servan-Schreiber, à l’origine de ce texte, il faut « absolument » prendre des précautions du fait de l’absence de recul suffisant dans le temps. « Même sans preuve définitive, il faut expliquer aux gens que l’usage des portables n’est sans doute pas anodin », explique dans le JDD l’auteur de plusieurs best-sellers sur la santé.

Anodin

Depuis plusieurs années, nombre d’experts à travers le monde mettent en garde contre un usage immodéré par les enfants : leur système nerveux, en cours de développement, pourrait être plus sensible aux rayonnements.
Début janvier, deux associations de défense de l’environnement, Agir pour l’environnement et Priartem, avaient réclamé au ministère de la Santé l’interdiction à la vente d’un téléphone portable destiné spécifiquement aux enfants.
Le ministère n’avait pas donné suite à cette demande. Dimanche, à la suite de l’appel des scientifiques, les deux associations ont renouvelé leur demande pour une « campagne officielle », similaire à celle sur les dangers du tabac.


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