Destination santé

Alcool : les mauvais chiffres de la France

9 mars 2013

Selon un travail de l’Institut Gustave Roussy (IGR) à Villejuif, la consommation d’alcool en France a été responsable de 49.000 décès en 2009. Avec 36.500 morts contre 12.500 chez les femmes, les hommes paient le plus lourd tribut à cette addiction.

(photo phovoir)

Les Français de 15 ans et plus consomment en moyenne 27 grammes d’alcool pur par jour ! « Les Français boivent beaucoup trop », déplore donc Catherine Hill, épidémiologiste à l’IGR et auteure de ce travail. « Ils consomment près de trois verres par jour, chacun équivalant à 10 cl de vin à 12,5°, 25 cl de bière à 5° ou 3 cl d’alcool à 40° (whisky, pastis, gin, rhum) ». Dans notre pays, l’alcool est responsable de 22% des décès entre 15 et 34 ans, 18% entre 35 et 64 ans et 7% à partir de 65 ans. Sur les 49.000 morts recensées en 2009, 15.000 étaient liées à un cancer et 12.000 à une maladie cardiovasculaire. A cela, il convient d’ajouter 8.000 décès par maladies digestives (cirrhoses) et autant par accidents ou suicides. Sans oublier ceux qui ont été provoqués par d’autres maladies, notamment les troubles mentaux.

« Comparée aux autres pays européens, la France est en mauvaise position », explique Catherine Hill. La part des décès attribuables à l’alcool parmi les hommes (13%) est ainsi bien supérieure en France à celle qui est observée par exemple en Suisse (5%), en Italie (3%) et au Danemark (1 %). « En France, on croit que l’alcool est le problème d’une petite minorité. Or, si l’on regarde bien les chiffres, ce n’est pas le cas. Selon une étude britannique, la consommation optimale est de 0,5 verre par jour, c’est dire si les Français sont loin du compte ».

Une prise en charge bientôt élargie

Aujourd’hui, les médicaments permettant de traiter la dépendance à l’alcool sont peu nombreux. Différents traitements sont disponibles. Certains aident à éviter les rechutes (Acamprosate, Naltrexone), d’autres, comme le disulfirame, rendent la consommation d’alcool très désagréable. Le baclofène n’a toujours pas reçu son autorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indication, et fait actuellement l’objet de plusieurs études cliniques.

Dans ce désert thérapeutique, l’AMM européenne d’un nouveau traitement, le nalmefene (Selincro®), est perçue comme une bonne nouvelle par les acteurs de la lutte contre la dépendance alcoolique. Ce modulateur des récepteurs aux opioïdes agit sur la structure cérébrale de récompense, laquelle se trouve dérégulée chez les alcoolo-dépendants. Il réduirait ainsi les effets délétères de l’alcool sur ce mécanisme de régulation, diminuant l’envie irrépressible de boire. Trait remarquable, il autoriserait des résultats intéressants dans le temps et surtout une forme de “rééducation” du comportement face à l’alcool. Ainsi la consommation des patients traités aurait-elle diminué de près de 60% après 6 mois de traitement. Un autre médicament est également dans sa dernière phase de tests, l’oxybate de sodium, ou Alcover®. 

©Agence de Presse Destination Santé-2013


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