Allaitement maternel : la France doit mieux faire

31 octobre 2007

En France, un nourrisson sur deux est allaité au sortir de la maternité. Une proportion guère satisfaisante si l’on se réfère aux recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette dernière en effet est formelle : jusqu’à l’âge de 6 mois, les bébés n’ont besoin pour grandir et se développer que du lait de leur mère ! Et ceci, à l’exclusion de tout autre aliment.

L’allaitement au sein doit se poursuivre jusqu’à l’âge de deux ans, voire plus longtemps si les qualités du lait de la maman le permettent. Car, au-delà de la relation affective évidemment irremplaçable qu’il établit entre la mère et son petit, le lait maternel est le plus parfaitement adapté aux besoins du nourrisson.
Le lait de Maman est tout simplement inimitable ! Il est le seul à donner à Bébé tous les nutriments, les anticorps, les hormones, les facteurs immunitaires et autres antioxydants dont il a besoin. Mieux que tout autre aliment donc, il stimule le système immunitaire. Et il est amplement prouvé qu’il réduit l’incidence des diarrhées, des infections de la sphère ORL ou du système respiratoire...
Pour l’OMS et l’UNICEF, l’allaitement maternel est à ce titre un droit de l’enfant. Comme tel, il doit être protégé, encouragé. Et pas seulement dans les pays en développement. En Europe aussi. Et en France particulièrement. D’après des chiffres publiés par le ministère de la Santé en 2003, 56% seulement des nourrissons bénéficieraient d’un allaitement au sein exclusif au sortir de la maternité. Cette pratique se développe dans notre pays puisqu’ils n’étaient que 45% en 1998. Mais c’est encore insuffisant.
L’allaitement maternel domine chez les mères qui sont cadres ou membres de professions intermédiaires. Ces dernières allaitent dans respectivement 80% et 74% des cas. En revanche, il est moins répandu chez les ouvrières, puisque à peine une sur deux donne le sein.

Une durée d’allaitement trop courte

A l’échelle européenne, la France fait figure de mauvais élève. Notamment face aux performances réalisées en Norvège où... 99% des nourrissons sont allaités à la sortie de la maternité. Ils sont également 95% en Finlande, 90% en Suède et au Danemark, 85% en Allemagne et 75% en Italie.
Autre mauvais point pour l’Hexagone : la durée de l’allaitement maternel y est particulièrement courte. Seulement 42% des enfants continuent d’en bénéficier après 8 semaines. C’est très largement inférieur à ce qui se passe en Norvège, où l’allaitement au sein concerne encore 86% des nourrissons de 3 mois.
Faible proportion de nourrissons allaités, durée de l’allaitement trop courte : en 2001, la promotion de l’allaitement maternel était l’un des 9 objectifs du premier Plan National Nutrition Santé (PNNS). « Pour la première fois, l’allaitement maternel entrait dans le domaine de la santé publique », avaient alors lancé les associations. Bonne nouvelle pour ces dernières, la promotion de l’allaitement au sein figure toujours dans le PNNS 2, lancé en 2006. Avec cette fois-ci un premier objectif chiffré : passer de 56% à 70% d’allaitement exclusif à la sortie de la maternité d’ici 2010.

La confiance est primordiale

Or, la confiance de chaque mère dans sa capacité à nourrir son enfant est essentielle pour un allaitement satisfaisant. Voilà pourquoi le rôle des professionnels de santé est majeur, pour guider et informer les futures mamans. Cela commence par leur expliquer des choses simples comme la durée du congé de maternité. Ses modalités viennent de changer. Finies les 6 semaines avant et les 10 semaines après la naissance. Ce mécanisme rigide est remplacé par un panier de 16 semaines. Chaque mère peut ainsi prendre ses congés comme elle le souhaite, avec un minimum de 3 semaines avant la naissance. Quant à la reprise du travail, elle ne signe pas automatiquement la fin de l’allaitement. L’utilisation d’un tire-lait permet à la mère d’entretenir sa lactation, d’éviter les engorgements et de constituer au jour le jour des stocks de lait.
L’Agence française de Sécurité sanitaire a édité récemment une brochure très pratique destinée aux femmes qui allaitent. Intitulée “Bien recueillir, conserver et transporter le lait maternel en toute sécurité”, vous pouvez la télécharger sur le site Internet de Destination Santé, dans la Bibliothèque PDF, rubrique Santé de l’enfant.
Le Code du travail prévoit que les mères allaitantes disposent d’une heure par jour pour allaiter leur enfant pendant les heures de travail. Et cela pendant 1 an à compter du jour de la naissance. En théorie, cette loi permet à la mère de recevoir son enfant sur son lieu de travail pour l’allaiter. En théorie seulement...

Une chambre d’allaitement au travail ?

Par ailleurs, saviez-vous que toute entreprise employant plus de 100 femmes doit obligatoirement mettre à la disposition des mères une “chambre d’allaitement” ? Il s’agit d’un local répondant à des critères précis d’hygiène où les mamans peuvent venir allaiter. Mais là encore, il semble qu’il y ait un décalage important entre les textes du Code du travail et la réalité. Une enquête parlementaire pourrait d’ailleurs être lancée prochainement pour faire un état des lieux de ces pratiques en France. La publication d’un rapport parlementaire est en tous cas prévu dans le PNNS 2.


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