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Déremboursement de 221 médicaments
24 juillet 2006
Depuis le 1er mars 2006, 221 médicaments, remboursés à 35%, ne sont plus pris en charge par l’Assurance maladie. La Haute Autorité de Santé (HAS) a jugé leur Service Médical Rendu (SRU) insuffisant, même si leur efficacité n’est pas remise en cause et qu’ils seront toujours disponibles sur le marché. L’objectif avancé est de réduire les dépenses de santé, de concentrer la solidarité nationale sur la prise en charge des traitements performants. Pour le reste, à chacun de se soigner comme il le peut, en fonction de ses moyens.
Pour réduire les dépenses de santé de la Sécurité sociale, le gouvernement s’attaque en priorité aux médicaments remboursés qui ont pourtant prouvé leur efficacité. Après l’instauration de la franchise de 1 euro sur chaque acte médical sous le gouvernement Raffarin, Dominique de Villepin renvoie les Français à leur porte-monnaie vers une addition plus salée si l’on tient compte de la taille moyenne des ordonnances.
Des pathologies délaissées
Les caisses sont vides et l’alternative retenue est encore une fois de faire assumer aux assurés et aux complémentaires, une part encore plus grande des dépenses de santé. Le déremboursement des veinotoniques, expectorants, anti-diarrhéiques, collyres, anti-inflammatoires inscrits à la liste entraînerait une économie de 440 millions d’euros pour la Sécu. Mais pourquoi ces médicaments plutôt que d’autres ? Pourquoi eux plutôt que les médicaments homéopathiques dont on n’a pas la preuve scientifique de leur efficacité et qui sont pourtant encore pris en charge à hauteur de 35% ?
Selon la HAS, créée par la loi Douste Blazy d’août 2004 afin de définir "le périmètre de soins et de biens remboursables" par la Sécu, "tous les médicaments même efficaces, n’ont pas vocation à être pris en charge par l’assurance maladie obligatoire (...) C’est avant tout un choix de priorités." Priorité à la prise en charge du progrès, des médicaments les plus performants. S’il est justifié que des traitements performants pour des pathologies lourdes et invalidantes sont pris en charge par la communauté, malgré leur coût important pour la société, en revanche, qu’on laisse le soin aux malades d’assumer le coût du traitement de pathologies moins graves, est injuste. Débrouillez-vous avec vos varices, cela n’est plus du ressort de la solidarité nationale !
Effets contraires
Comme pour le cas des fluidifiants bronchiques, certains médicaments déremboursés n’ont pas toujours d’équivalent. Et le piège se referme alors sur les patients, à commencer par les plus démunis. Car il est à craindre que les médecins continuent à les prescrire, car efficaces. Certains experts envisagent déjà le risque que pour les phlébothropes, les médecins se tournent vers des traitements remboursés pas toujours efficaces ou aux effets indésirables plus importants comme les anti-inflammatoires et les antalgiques. De même, une personne qui souffre de problèmes circulatoires, si elle n’est pas prise en charge à temps, risquerait de passer par la case hôpital, avec un coût plus important pour la société.
À ces craintes, la HAS répond qu’il n’y a "pas d’impact négatif démontré pour la qualité des soins." L’on peut s’inquiéter sur l’installation d’une santé à double vitesse, sur l’augmentation des mutuelles, sur la libre fixation du prix des médicaments déremboursés, sur la mise à l’écart des familles les plus démunies du système de soins... La HAS optimise à moins qu’elle ne se voile la face. De son côté, le docteur Costes, président du syndicat des généralistes MG France, déclarait déjà en septembre dans “l’Humanité”, qu’il craignait que "que la suppression du remboursement de ces thérapies d’accompagnement ne supprime pas tout simplement l’accompagnement. La médecine est plus compliquée qu’une simple molécule et qu’une simple addition comptable."
Une question de santé publique locale
C’est donc le patient qui doit supporter la responsabilité de cette décision dont les fondements scientifiques sont avancés, comme pour valider l’injustice et les risques de cette mesure essentiellement économique. En consultant la liste (disponible sur le site de la HAS, www.has-sante.fr), car aucune information grand public n’est bien sur mise en place, on peut s’inquiéter du déremboursement de tous les fluidifiants prescrits en première intention aux enfants souffrant de bronchites et de rhinopharyngites (Carbocistéine, Mucomyst, Maxilase, Exomuc...) Particulièrement à La Réunion, où la recherche sur les effets de la pollinisation est encore à tracer, ces pathologies sont fréquentes. Que font les parents en période allergique comme actuellement pour soigner leurs enfants, s’ils n’ont pas les moyens financiers de se procurer ces médicaments ? L’administration ne nous le dit pas. Mais il y a là matière à s’inquiéter pour la santé publique à La Réunion. Certains s’en préoccupent déjà (voir “témoignages”).
Stéphanie Longeras
[email protected]
Commentaire
De l’hypocrisie pure
Serions-nous devenus des malades imaginaires ? Des accros des cabinets médicaux ? Des personnes qui ne savent pas gérer leur santé et celle de leurs enfants ? À moins que ce ne soit la société qui nous fasse tomber plus souvent malade, nous rende dépendants aux anti-dépresseurs ? Avant l’arrivée des médicaments à La Réunion, la population se suffisait, tant que faire se pouvait, de ses remèdes traditionnels. Aujourd’hui, les tisaneurs ont presque tous disparu et la connaissance des plantes et de leurs usages s’est dissipée au fil des générations et des prétendus progrès de la médecine moderne.
Les médicaments ont envahi le marché pour nous rendre la vie plus facile, améliorer sa qualité, mais des intérêts financiers remettent en cause ces bonnes intentions. Il nous aurait fallu posséder dès le départ plus de discernement, avoir plus de défiance... mais "le système est pervers", il continue à vous vendre des cigarettes en affichant sur le paquet que fumer donne le cancer : de l’hypocrisie pure.
Si le Service médical rendu par ces médicaments est insuffisant, qu’on les retire du marché au lieu de creuser les inégalités entre ceux qui pourront payer pour se soigner et les autres. Il suffit de lister les maladies suffisamment graves pour être prises en charge par la solidarité nationale et laisser les enfants avec leurs bronchites, ceux qui souffrent de varices, d’hémorroïdes et les autres, à leurs petits bobos pour en arrivant à une société d’éclopés. Peut-être cherche-t-on à résoudre par là même le problème des retraites...? Ce racket ne peut continuer sans une explication claire à même de définir dans la transparence les lacunes du système.
Témoignages
Le point de vue d’un médecin libéral
"Le système est pervers, malhonnête, mais entretenu"
Sans tenir à discuter la liste de médicaments déremboursés, pour le docteur Philippe De Chazournes, médecin libéral, si la démarche de la HAS de s’interroger sur le médicament, sa prescription, son efficacité est en soi "très bonne", elle est aussi "inhabituelle", impulsée dans un contexte de restrictions budgétaires. Flirtant avec les nuances, il estime que "moins on a d’argent, mieux on le gère", mais que "plus on a d’argent, mieux on est soigné." À méditer.
"On ne maîtrise pas le côté économique"
"Pendant 20 ans, notre système de santé n’a rien contrôlé", déplore le docteur qui, soulignant "une espèce de foutoir", estime qu’au-delà des médicaments déremboursés, c’est 90% de "la bible" des toubibs, le "Vidal", qui devrait également être réexaminé. "La médecine est une perpétuelle balance bénéfices-risques : il faut les peser en fonction de la recherche documentée et du patient." Bien qu’elle s’en tienne aux médicaments déremboursés, le docteur De Chazournes maintient que la démarche, qui doit être "intégrée dans un cadre global", reste bonne. Après, il y aura toujours, selon lui, des personnes qui ne seront pas d’accord avec la liste établie, car dès lors que les médicaments sont efficaces, leur déremboursement semblera injustifié.
Mais le docteur de préciser que si la prescription, par exemple, des fluidifiants ou des veinotoniques (inscrits à la liste) s’est développée, c’est qu’il y a eu, "un concensus" dans ce sens et que en amont, "on pourrait traiter en faisant une meilleure prévention et prise en charge médicale." On pourrait... Reste à savoir de quelle façon seront investies les économies générées par ces déremboursements. "Après, on ne maîtrise pas le côté économique. Il ne faudrait pas que le système soit contrôlé pour servir les intérêts soit de l’État, soit des industries du médicaments"... Là encore, une question de balance certainement.
"Pas à moi de prescrire des médicaments moins chers"
Le docteur confirme que l’on consomme trop de médicaments, sans en mesurer les effets indésirables et interactions. Il ajoute que la première intention est toujours d’aller consulter le médecin avant de penser aux tisanes, aux méthodes traditionnelles... On culpabilise le patient ou remet en cause les pratiques médicales ? "Le système est pervers, malhonnête, mais entretenu." En tant que professionnel du libéral, plus il recevra de patients, mieux son cabinet se portera tout comme son percepteur. "Tous les médecins aimeraient changer, faire de la bonne médecine", concède-t-il encore sur le ton d’un voeu irréalisable. Il ne dit pas si rendre payant des médicaments va responsabiliser, comme le souhaiterait le gouvernement, les patients, ou si la prescription de génériques va responsabiliser les médecins, mais pour sa part, le docteur de Chazournes n’est pas à l’aise avec ces équivalents remboursés. "Si je veux être honnête, je ne fais pas d’effort pour ça. Ce n’est pas à moi de prescrire des médicaments moins chers", lâche le docteur avant de souligner à nouveau ces"intérêts qui nous dépassent."
Déremboursés mais toujours prescrits
Beaucoup de génériques lui sont inconnus et semble-t-il, le resteront. Les pharmaciens ont la liberté de les proposer aux patients, mais pour sa part, le docteur De Chazournes ne semble pas décidé à changer ses pratiques, tout en souhaitant que celle du système de santé dans son ensemble changent.
C’est tout le paradoxe de notre système de santé. Entre les intérêts économiques des uns et des autres, le patient est largué, mis devant le fait accompli, sans plus d’explication. Ils "peuvent mal le vivre", admet le professionnel, comme cette facture qui leur sera présentée lorsqu’une fois dans l’officine, ils apprendront que le médicament qui leur a, malgré tout, été prescrit n’est plus pris en charge par l’Assurance Maladie. "Le problème c’est que ces déremboursés continuent à être vendus parfois du simple au double selon les pharmacies. Aux gens de se renseigner", lance simplement le docteur.
S. L.
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