Cafés et restaurants sans tabac : premiers bénéfices sur la santé

28 février 2008

En moins de deux mois, l’interdiction de fumer dans les cafés et restaurants français a déjà entraîné une baisse notable des infarctus et accidents vasculaires cérébraux de l’ordre de 15%, surtout chez les moins de 65 ans, selon une étude remise au ministère de la Santé, récemment. Mais cette loi anti-tabac ne fait pas que des heureux, les buralistes constatent une baisse de 18 à 20% de leur activité en janvier.

Selon cette évaluation des bénéfices de l’interdiction de fumer, révélée samedi par “Le Figaro”, « l’interdiction de fumer dans le secteur CHRD (cafés-hôtels-restaurants-discothèques) montre une baisse brutale, de l’ordre de 15%, du taux d’infarctus du myocarde et du taux d’accidents vasculaires cérébraux, accompagnant la baisse de l’exposition dans le secteur CHRD qui restait très forte en décembre 2007 ». L’étude avait été commandée fin 2006 au Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, chargé de mesurer chaque mois les bénéfices de la loi sur la santé à partir des admissions dans les hôpitaux.
« J’ai été surpris par la rapidité des effets sur la santé, ce qui prouve que le tabagisme passif tue vite, et beaucoup, a déclaré le Pr Dautzenberg. Cet important et rapide bénéfice pour la santé des Français est à confirmer dans les deux mois qui viennent et constitue un encouragement à appliquer strictement ce décret dans tous les secteurs », relève-t-il dans son rapport.
En effet, l’interdiction générale de fumer dans les lieux publics, depuis le 1er février 2007, avait montré une baisse très significative de l’exposition à la fumée dans les locaux concernés, mais pas d’effets sur la consommation de tabac et quasiment pas d’effets sur la santé.
Par contre, l’interdiction de fumer dans les cafés et restaurants, depuis le 2 janvier 2008, a entraîné des effets positifs quasi-immédiats.
Selon les premières données de janvier 2008, les admissions à l’hôpital pour infarctus ont baissé par rapport au même mois de 2006 et 2007, comme cela avait été montré en Italie et au Royaume-Uni, notamment pour les moins de 65 ans.
Le bénéfice est encore plus grand pour les salariés du secteur de la restauration : la tendance à la baisse des accidents vasculaires cérébraux est sensiblement la même, mais on constate en outre une « diminution des symptômes respiratoires et oculaires des salariés du secteur de 13% à 67% entre janvier 2007 et janvier 2008 selon les symptômes », a indiqué le professeur.
S’agissant des conséquences de la loi sur l’arrêt du tabac, l’étude ne les juge pas encore très significatifs.

Baisse de l’activité des cafés-restaurants et bars-tabacs

Une baisse de 5% du chiffre d’affaires a été observée en janvier dans les cafés et restaurants, selon un bilan du groupe de travail sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics, alors que les buralistes évoquent une chute de 18% à 20% de leur activité.
Serge Vendemini, professeur de sciences de gestion à l’Université de Paris II, a indiqué lors d’une conférence de presse qu’une baisse de 6% de la fréquentation et de 5% du chiffre d’affaires a été observée en janvier, imputable en partie à l’interdiction de fumer et en partie à une baisse du pouvoir d’achat des Français.
Mais les premiers chiffres de février laissent toutefois pressentir « un phénomène de trou d’air » pour février et mars, a-t-il indiqué, se montrant toutefois confiant en une reprise de fréquentation en avril.
La Confédération des buralistes a indiqué de son côté, dans un communiqué, que la loi anti-tabac, appliquée dans tous les lieux publics en France depuis le 2 janvier, a entraîné une baisse de 18% à 20% de l’activité “au comptoir”, c’est-à-dire vente de cafés, boissons et sandwichs dans les bars-tabac, entre le début de l’année et le 15 février.
La Confédération, qui regroupe les quelque 30.000 bars-tabacs français, s’est en outre étonnée de la mise en place d’un groupe de travail sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics dans lequel les buralistes ne sont même pas représentés.
Les syndicats professionnels membres du groupe de travail sur l’interdiction de fumer, coordonné par le Comité national contre le tabagisme, affirment quant à eux représenter 95% du secteur Cafés, Hôtels, Restaurants, Discothèques et Casinos.
La Confédération des buralistes est en négociation avec les pouvoirs publics, depuis début février, pour tenter d’obtenir la possibilité d’implanter des pièces réservées aux fumeurs, avec appareils d’extraction ou d’épuration d’air homologués, ainsi que des dérogations pour les petits établissements. Les négociations devraient s’achever en avril.

SP (avec AFP)


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