Destination Santé

Contre le SIDA, une guerre pas ordinaire !

3 février 2006

Enfants, adultes, aînés. Tout le village de Dabré, à 60 kilomètres d’Abidjan en Côte d’Ivoire, écoute religieusement son chef. ’Nous souhaitons que les enfants qui ont dansé devant nous puissent continuer à vivre’. Et d’un mouvement de la main, il jette le liquide du verre qu’il tient entre ses mains. L’image est forte. ’Je viens de chasser le SIDA de notre village’ !

Après la symbolique, place au concret. Car ici, un comité villageois de lutte contre le VIH/SIDA est à l’œuvre depuis 2002. Quand Monsieur Constant, le président du Comité de Dabré prend la parole, le silence s’établit. "Continuez à vous protéger, mettez des préservatifs", lance-t-il à l’assemblée. Puis il dresse un rapide bilan des activités menées depuis 2002. "Les jeunes utilisent de plus en plus les préservatifs. Et aujourd’hui, nous connaissons de mieux en mieux la maladie".
C’est déjà une vraie victoire... Car en Afrique subsaharienne, les rapports sexuels non protégés sont de loin le mode de transmission prédominant du VIH. Mais ni ce Comité villageois, ni ses 3.800 homologues de Côte d’Ivoire n’auraient jamais vu le jour sans une rencontre. Celle de l’Agence nationale ivoirienne d’appui au développement rural (ANADER), et d’un laboratoire pharmaceutique. La première est une structure spécialisée dans l’ingénierie agricole. Les seconds sont l’un des principaux groupes pharmaceutiques mondiaux, impliqués dans la recherche sur les antirétroviraux contre le VIH... et dans l’action humanitaire en Afrique.
À l’occasion d’un congrès sur le VIH/SIDA à Barcelone en 2002, l’ANADER constate l’absence totale de programmes de lutte en milieu rural. Amers, ses responsables lancent un appel. Car chaque année, 50 de leurs agents sur un effectif total de 3.500, meurent du VIH/SIDA !

Un ministère du SIDA !

Les 2 partenaires s’allient. Le laboratoire apporte son appui en formant les médecins de l’agence : connaissance de la maladie et de sa prise en charge. Au fil des réunions et des formations, les 2 équipes intensifient leur collaboration. Elles montent un dossier pour bénéficier du Plan d’urgence, du président Bush, pour la lutte contre le SIDA (PEPFAR). Le nom du projet ? "Extension rapide de l’accès à la prévention, à la prise charge et au traitement du VIH/SIDA en milieu rural". Car 60% des Ivoiriens sont des ruraux. En septembre dernier, 4 millions de dollars tombent dans l’escarcelle de l’ANADER et de ses 3 partenaires : le Réseau des professionnels des médias et des arts engagés dans la lutte contre le SIDA, Population Services International et ACONDA-VC.
La Côte d’Ivoire est un des pays les plus durement frappés d’Afrique de l’Ouest. Selon les chiffres officiels, 7% de la population serait touchés. Soit 570.000 cas ! Des jeunes pour la plupart... Un fléau de plus pour ce pays en proie à la guerre civile. Comme souvent en Afrique subsaharienne, les moyens manquent. "L’État consacre 180.000 dollars (par an) à la prise en charge du VIH/SIDA. L’effort est faible, mais nous sommes un pays pauvre. C’est donc grâce aux aides extérieures que nous pouvons agir efficacement", explique le directeur du Programme national de lutte contre le VIH/SIDA.
L’État, les ONG et les agences spécialisées estiment que 78.000 malades justifieraient d’une prise en charge. Mais aujourd’hui, seuls 14.000 séropositifs sont traités. Un traitement souvent mal accepté par cette population. "Les Africains n’aiment pas les traitements au long cours, ils n’y sont pas habitués. L’observance est donc très mauvaise", constate le Dr Benjamin Badou de l’ANADER. Un témoignage qui montre que la lutte contre le VIH/SIDA ne repose pas uniquement sur les traitements et leur prix.
 (Source : www.destinationsante.com)
 

VIH/SIDA

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus