Colloque sur le VIH Océan Indien - 5ème édition

Coopérer pour faire reculer le SIDA

7 novembre 2006

Depuis hier, un colloque, organisé sous l’égide de l’ONUSIDA, de la Commission de l’Océan Indien et de l’association réunionnaise RIVE (Réunion Immunodéprimés, Vivre et Ecouter), se tient sur le SIDA, en présence d’éminents spécialistes. Cette rencontre annuelle vise l’actualisation des connaissances sur la maladie. Personnels de santé, malades, associations de lutte et de prévention contre le SIDA, personnalités de la Commission Océan Indien, dont le Ministre mauricien de la Santé, se rencontrent avec pour seul objectif : faire reculer la maladie.

Le 21 février 2002, la coopération régionale dans la zone Océan Indien pour la lutte contre le SIDA était marquée par la signature d’un protocole d’accord entre la COI et le Systèmes des Nations Unies pour un partenariat visant à « garantir une action plus efficace contre la propagation et les méfaits de l’épidémie au VIH-SIDA dans la région ». Cette coopération régionale, initiée par l’association RIVE, est ponctuée de colloques scientifiques intitulés “VIH-SIDA de l’océan Indien”. Sa première tenue avait été alors organisée en novembre 2002 à La Réunion par l’association RIVE, que l’on sait très impliquée dans la mise en réseau des dispositifs d’aide. Cette année encore, l’association RIVE a chapoté l’organisation du 5ème colloque “VIH - Océan Indien”, soutenue par la Région Réunion à hauteur de 11.375 euros, et réunissant pas moins de 250 participants, dont 45 de Madagascar, 6 des Seychelles, 15 de Maurice, 10 des Comores, 1 du Canada, 2 d’Afrique, 10 de France et 150 de La Réunion.
Cette rencontre permet l’actualisation des connaissances sur la maladie et faire l’état de sa progression dans l’océan Indien, plus précisément au sein des pays membres de la COI. Depuis le 1er colloque en novembre 2002 à La Réunion, il réunit chaque année des professeurs spécialistes du VIH de Métropole, des personnalités politiques, le personnel soignant (médecins, infirmiers, psychologues, travailleurs sociaux, pharmaciens etc...), les militants associatifs ainsi que les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) des différents pays membres de la Commission de l’Océan Indien (COI). Les différentes délégations des pays membres de la COI (Maurice, Madagascar, Seychelles, Comores) comportent au total une centaine de personnes : des médecins référents ayant passé le Diplôme Universitaire de prise en charge de l’infection à VIH et ayant participé à un stage pratique d’immersion à l’hôpital de Bellepierre, des paramédicaux, des PVVIH, des militants associatifs et des représentants des différentes organisations nationales ou internationales. La plupart des participants réunionnais font partie soit du corps médical, soit des associations réunionnaises de lutte contre le SIDA (PVVIH et/ou militants de la lutte contre le SIDA), sans oublier les représentants des firmes pharmaceutiques. Le colloque est ouvert à tous.

Quelques chiffres...

Les chiffres ne nous permettent pas d’être rassurés, et la mise en commun de la lutte contre le SIDA dans l’Océan Indien est une piste “rassurante”, certes. Ensemble, au fur et à mesure, sûrement trouvera-t-on moyen de faire reculer l’épidémie. Mais pour l’heure, il reste des inquiétudes quant à sa progression dans la zone. En décembre 2005, La Réunion comptait 618 personnes infectées par le VIH, soit 2 fois plus qu’il y a 10 ans. Maurice enregistrait alors 1.716 malades. Au premier trimestre 2006, 134 nouveaux cas devaient être déplorés, croissance explosive liée aux déviances des usagers de drogue intraveineuse. En 2005, ils représentaient 92,4% des nouvelles contaminations.
Madagascar compte, elle, le plus grand nombre de victimes de la maladie au sein de la COI, avec quelque 170.000 malades, soit presque 1% de la population. Beaucoup de choses y contribuent malheureusement : la pauvreté dans laquelle vivent plus des deux tiers des habitants, un accès aux soins limité, une forte prévalence des infections sexuellement transmissibles (14% en 2002), un faible taux d’utilisation des préservatifs, un multipartenariat sexuel important. Encore faut-il appréhender une population essentiellement jeune ! Les Seychelles, entre 1987 et 2006, ont comptabilisé près de 250 infectés. Les Comores 30. Presque 180.000 infectés au sein des pays de la COI, quel fléau ! Encore devrions-nous nous épancher sur la catastrophe actuelle en Afrique australe, avec quelque 15 millions de malades. Avec de tels chiffres, on voit toute l’importance d’un travail solidaire, pour faire reculer le SIDA. Mais comment agir ?

Actualiser les connaissances scientifiques

Quelles solutions pour lutter contre le SIDA, surtout quand on sait son avancée destructrice ? Déjà, il importe de mettre en commun le savoir, la science. La connaissance de la maladie est la première arme pour mener la lutte. Plusieurs scientifiques sont intervenus pour dresser l’état des travaux. Aujourd’hui, les spécialistes actualiseront les connaissances scientifiques sur les nouvelles pathologies du VIH, sur les outils virologiques et pharmacologiques, les nouveaux concepts de traitements antirétroviraux. En fin de journée, une table ronde cherchera d’apporter réponses à de nombreuses problématiques : L’hôpital et les associations de lutte contre le SIDA : un lien nécessaire ? Monde du travail et VIH ? Lipodystrophie et adhérence : une relation conflictuelle ? Homosexualité et VIH ? Présentation de Fight Aids Monaco ? Secret et VIH ?
En même temps sera présentée la ligne verte pour l’écoute téléphonique. Les malades ont besoin d’oreilles attentives. Mercredi, le troisième jour du colloque, s’attellera à mettre en lumière la prise en charges infirmières des personnes séropositives. D’ailleurs, des séropositives de Madagascar, des Seychelles, de Maurice et de La Réunion témoigneront ouvertement sur leurs expériences, leurs espoirs, mais aussi leurs craintes et leurs inquiétudes. Comment doit être fédérée la prévention de proximité ? L’action solidaire de la Fondation GlaxoSmithKline sera également présentée. Bref ! venez nombreux, comprendre cette maladie infectieuse. Rendez-vous est donné à l’Hôtel le Saint-Denis.

Bbj


Catherine Gaud : « De plus en plus de centres de dépistage s’ouvrent à Madagascar »

Le Dr Catherine Gaud, Vice-présidente du Conseil régional, répond aux questions de la Fondation GlaxoSmithKline.

Qu’est-ce qui vous a incité à agir à Madagascar ?

- Les îles de l’Océan Indien ont beau être multiculturelles, elles ont un peuplement commun. Il était donc naturel et évident que nous devions aider les personnes atteintes de Madagascar, comme nous l’avions fait auparavant aux Seychelles et à Maurice. Alors qu’il y avait un certain déni de la maladie jusqu’à ces dernières années, l’actuel gouvernement nous a accueillis très favorablement. Le Secrétaire exécutif du Conseil national de lutte contre le SIDA est en particulier très efficace et dévoué à son pays.

De quels moyens disposez-vous ?

- Jusqu’à présent, nous avons essentiellement bénéficié du soutien financier de la Fondation GSK qui a été déterminant. Par exemple, personne ne voulait nous aider pour la rénovation du service de maladies infectieuses du CHU de Tananarive. Grâce au financement de la Fondation, nous avons pu non seulement réaliser cette rénovation, mais aussi montrer que les choses sont possibles. Il est important de souligner, comme partout dans les îles de l’océan Indien, que nous avons trouvé à Madagascar des médecins et des professionnels de santé particulièrement motivés.

Quels sont vos prochains objectifs ?

- Nous aimerions désormais étendre aux provinces malgaches ce que nous avons pu réaliser dans la capitale. De plus en plus de centres de dépistage anonyme et gratuit s’ouvrent à Madagascar. Nous allons avoir, dans les prochains mois et années, un afflux très important de personnes qui vont découvrir leur séropositivité et devoir bénéficier d’antirétroviraux.

(http://www.gsk.fr/gsk/fondation/pdf/fond_lettre_08.pdf)


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