Destination Santé

Des questions sur la sécurité des antidiabétiques

6 août 2007

Fin mai dernier un antidiabétique récent, le maléate de rosiglitazone (Avandia), est suspecté (1) d’augmenter les risques cardiovasculaires de certains diabétiques. Cette affaire concerne des dizaines de millions de diabétiques dans le monde. Et sans doute des centaines de milliers en France.

Il y a quelques jours, une nouvelle publication (2) taxe à son tour Avandia, et aussi la pioglitazone (Actos, Takeda) de doubler le risque d’insuffisance cardiaque. L’un des auteurs le Dr Sonal Singh, précise par ailleurs que « tous les patients diabétiques sont concernés. »

GSK (3) ne cache pas les risques cardio-vasculaires de ces traitements chez des malades exposés. Or le diabète a un fort retentissement vasculaire. Il souligne le fait que ce travail analyse « des données publiées en ligne le 29 mai 2007 », et met en lumière les faiblesses (d’ailleurs reconnues) de ce type d’études, qui amalgament des études aux méthodologies souvent divergentes.

Toute la classe thérapeutique concernée ?

Préoccupée, la Food and Drug Administration (4) (FDA) américaine vient de réunir deux comités d’experts sur le dossier Avandia. Son jugement est attendu mais de source interne, les experts auraient conclu à une augmentation du risque ne justifiant pas un retrait.

Pour l’heure, l’agence exhorte le public à ne modifier aucun traitement sans consulter son médecin traitant. C’est il est vrai, la seule attitude recommandable : aucune initiative sans consulter le médecin traitant et lui signaler toute manifestation inattendue, même un “banal” essoufflement. C’est lui qui sera juge. Tout changement peut entraîner des troubles de la glycémie ou des complications graves. Elle indique aussi qu’elle « procède à sa propre analyse des études de GSK (et qu’elle) compare les résultats de ces travaux avec les autres études - publiées ou non - concernant la rosiglitazone et les autres antidiabétiques pour déterminer les risques cardio-vasculaires » éventuels.

« Les autres antidiabétiques ». Là est la question. Takeda (5) souligne que « des études à court et long terme - plus de 16 000 patients sur les 10 dernières années - montrent qu’Actos n’est pas associé à une augmentation du risque d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral. » Et « même des médicaments issus de la même classe thérapeutique peuvent avoir des effets cliniques différents, en raison des différences de leur structure moléculaire ».

L’ombre d’un “effet de classe” impliquant toutes les glitazones (voire d’autres antidiabétiques) plane en effet. Dès le 21 mai dernier l’agence évoquait cette éventualité. « La FDA ne sait pas si les autres médicaments homologués dans la même classe (thérapeutique) ou les autres traitements oraux du diabète de type 2 présentent un risque inférieur, identique ou supérieur. » Pour une information plus complète : www.destinationsante.com, mot-clé “glitazone”

(1) New England Journal of Medicine, 21 mai 2007
(2) Diabetes Care, 27 juillet 2007
(3) GSK, 27 juillet 2007
(4) FDA, Réunion conjointe de “l’Endocrinologic and Metabolic Drugs Advisory Committee” et du “Drug Safety and Risk management Advisory Committee”, 30 juillet 2007
(5) Takeda, 31 juillet 2007


Des dizaines de millions de malades concernés

En 1997 la première glitazone (troglitazone) est mise sur le marché par Parke-Davis/Warner Lambert. Elle ouvre une nouvelle classe thérapeutique contre le diabète de type 2. Très vite deux autres la rejoignent : rosiglitazone puis pioglitazone. En mars 2000 pourtant, le gouvernement américain retire la troglitazone à qui sa toxicité hépatique fait préférer ses cousines. Aujourd’hui aux Etats-unis et au Canada réunis, un produit comme Avandia est prescrit à longueur d’années à plus de 2,2 millions de patients. Actos pour sa part a fait l’objet selon son fabricant, « de près de 70 millions de prescriptions (pour) plus de 8 millions de malades ».

Mars 2007 : un taux de fractures anormales chez certaines patientes prenant la pioglitazone fait l’objet d’une lettre de l’AFSSaPS aux prescripteurs. Et en mai commence le débat sur Avandia et dorénavant, Actos. Depuis, selon la filiale américaine de GSK, le nombre des nouvelles prescriptions d’Avandia s’inscrit en baisse de 40%.

Plus préoccupant encore, certains malades américains auraient tendance à changer eux-mêmes de traitement. Une pratique dont on sait à quel point elle est dangereuse.


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