Destination santé

13 août 2012

DMLA : le ministère et les fabricants d’Avastin® et Lucentis® se tiennent par la barbichette…

La prise en charge de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) fait des vagues. Il existe bien un médicament indiqué dans le traitement de cette maladie qui mène tout droit à la cécité : c’est le Lucentis® (ranibizumab). Toutefois, des ophtalmologistes en nombre croissant préfèrent prescrire l’Avastin® (bévacizumab), un… anticancéreux qu’ils utilisent hors autorisation de mise sur le marché (AMM). L’Avastin® est en effet 30 fois moins cher que son concurrent, alors que certaines études au Royaume-Uni et outre-Atlantique font état d’une efficacité et d’une sécurité d’emploi similaires. Appelé à trancher le débat, le Ministère en charge de la Santé… consulte.

La Direction générale de la Santé (DGS) explique avoir rencontré les dirigeants de Novartis, le laboratoire qui commercialise le Lucentis®. Après une « discussion approfondie », les protagonistes auraient décidé d’attendre les résultats définitifs d’une étude française qui doit, elle aussi, comparer l’efficacité et les effets secondaires des deux traitements.

« Sur le plan de leur structure et de leur mode d’action, ces deux molécules sont très proches », insiste le Dr Ducournau, ophtalmologiste à la clinique Sourdille de Nantes. « Depuis quelque temps, Avastin® est très couramment utilisé hors-AMM contre la DMLA ». Et pour cause, « sur le plan économique, la différence est énorme. En France, une injection de Lucentis® coûte environ 1.000 euros. Contre seulement 30 euros pour l’Avastin® ». Mais comme ce dernier traitement ne bénéficie pas de l’AMM contre la DMLA, les ophtalmologistes réalisent eux-mêmes les préparations.

Pour le Dr Ducournau, cette affaire de prescription hors AMM est « une hypocrisie ». Il rappelle en outre qu’« un médecin a tout à fait le droit de prescrire hors-AMM à partir du moment où il peut mettre en avant des études montrant qu’il est dans le vrai. Ce qui est le cas ». La balle est dans le camp du Ministère de la Santé. Pour faire simple (!), celui-ci devra soit convaincre le laboratoire Roche de réaliser des études prouvant qu’Avastin® peut être utilisé en ophtalmologie — ce qui paraît peu envisageable considérant le coût exorbitant de tels travaux —, soit convaincre Novartis de très fortement baisser son prix. Ce qui semble tout aussi improbable. En attendant, les médecins continueront sans doute, eux, de prendre leurs responsabilités en prescrivant hors-AMM…

 ©Agence de Presse Destination Santé-2012 


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