Épidémie

La dengue aux portes de Maurice

21 août 2006

La fièvre dengue sévit en ce moment en Inde, mais aussi en Malaisie, à Singapour, et en Thaïlande, pays très fréquentés par les Mauriciens. Une épidémie est possible (à l’île Maurice) a déjà averti Paul Reiter de l’Institut Pasteur.
Mais, c’est quoi la dengue ?

L’adolescent a les yeux glauques, le teint si blême qu’il fait peur. On frissonne devant cet être qui paraît avoir été vidé de tout son sang. Manifestement il a des troubles d’attention, de concentration, et d’équilibre. Il chancelle. Trébuche. Tel un mort-vivant, il amorce une chute que d’autres étudiants de son université arrivent à prévenir in extremis.
Il est proche d’une syncope que provoque la dengue. Saisi à bras le corps par ses amis, il est transporté vers l’hôpital le plus proche où des médecins tenteront de le sauver des griffes mortelles de la fièvre dengue.
Telle est la scène qui est en ce moment vécue trop souvent en Inde particulièrement dans l’état du Maharastra, touché par une épidémie de fièvre dengue qui est transmise par le même moustique qui propage le chikungunya.

... Menaces peut-être pour l’été prochain

La dengue est aux portes de Maurice et les Mauriciens risquent d’en faire l’amère découverte l’été prochain.
Et il n’y a pas que l’Inde qui est touchée. Il y a également Singapour, la Malaisie, et la Thaïlande qui sont autant de pays avec lesquels Maurice a des connexions aériennes directes, ou indirectes, mais quasi-hebdomadaires. Et la dengue a été constatée au début de cette année à Madagascar. Une petite épidémie est à redouter, comme cela a été le cas en 78-79 à Maurice, ou alors Maurice connaîtrait une flambée qui échapperait à son contrôle. Tel a été le cas l’été dernier à Singapour quand les autorités sanitaires ont dû renvoyer tous les malades non-urgents pour s’occuper des victimes de la dengue. En Indonésie, lors des pics de l’épidémie, l’armée a dû fournir des lits supplémentaires aux hôpitaux, et les réserves de sang pour les transfusions sont rapidement devenues insuffisantes.
En effet, il y a une forme hémorragique de cette fièvre qui est très dangereuse.
Symptômes proches du chikungunya

Les malades sont en fait victimes de fortes fièvres persistantes, précédées de frissons, de maux de tête, de courbatures et de vives douleurs au niveau des os et des articulations.
D’autres présentent des syndromes pseudo-paralytiques des membres. Alors que d’autres présentent des troubles vasomoteurs des membres et des éruptions cutanées.
La dengue cloue les victimes au lit pendant au moins trois jours, mais l’état de faiblesse et les douleurs des os et des articulations persistent plusieurs jours après la maladie.

Des symptômes que les Mauriciens connaissent bien, car ils sont proches de ceux du chikungunya. D’ailleurs, quand le chikungunya avait éclaté aux Comores en 2004, les autorités sanitaires avaient en premier lieu pensé qu’ils avaient affaire à une épidémie de dengue.
Mais contrairement au chikungunya qui est provoqué par un virus, la fièvre dengue est provoquée par quatre différents types de virus. On a donc quatre différents types de dengue et celui qui est immunisé contre la souche A ne le sera pas contre la souche B, par exemple.

A soigner d’urgence, mais pas d’automédication... il faut absolument voir le médecin

La dengue tue beaucoup plus contrairement au chikungunya. Cette maladie tue si elle n’est pas soignée à temps, surtout dans sa forme hémorragique.
Un des virus de la dengue provoque en fait une diminution des plaquettes, qui sont des éléments présents dans le sang et qui permettent la coagulation. Cette diminution peut alors entraîner des hémorragies et la mortalité. Selon les médecins qui ont eu à faire face à des épidémies de dengue, la prise de certains médicaments favorise ces hémorragies et les décès.
Il s’agit notamment de l’aspirine et des anti-inflammatoires non stéroïdiens. De nombreux médicaments très souvent pris sans aucun avis médical contiennent ces produits. Les symptômes de la dengue (courbatures, maux de tête) ne sont pas soulagés de façon satisfaisante par les médicaments comme le paracétamol et l’augmentation excessive de la dose expose à un risque d’apparition d’effets secondaires indésirables sans soulager les douleurs.
De fait, il a été noté lors de la flambée de chikungunya à La Réunion, que la prise du paracétamol donnait lieu à des complications très graves chez certains malades atteints par le virus.

Comment se transmet la dengue

La fièvre dengue se transmet de la même façon que le chikungunya et par le même vecteur : c’est-à-dire la femelle du moustique aedes. Du moment que le moustique pique une personne atteinte de la dengue, il est infecté par le virus. Ce moustique va alors transmettre le virus à toutes les autres personnes qu’il va piquer afin d’en boire le sang. Seule la femelle a besoin de sang pour sa ponte. Il a été prouvé que le virus se transmet à travers les œufs de la femelle et les moustiques naissant de mères infectées portent eux aussi le virus de la dengue. Le seul facteur qui empêche la dengue de prendre des proportions gigantesques, est l’immunisation naturelle contre ce virus.

Les précautions à prendre

Éliminer tous les endroits où les moustiques peuvent survivre chez vous ou autour de votre maison ou quartier. Éviter toute accumulation d’eau sur votre toit, dans des pneus usés, dans des boîtes de conserves, ou dans les pots de fleur. Si vous mettez de l’eau dans des ustensiles pour des animaux domestiques, changez cette eau tous les jours. Utilisez des moustiquaires sur les ouvertures, portes et fenêtres pour vous protéger des moustiques.
Utilisez des lotions, crèmes ou aérosols anti-moustiques et autant que possible portez des vêtements qui vous couvrent presque tout le corps.

Le ministère de la Santé mauricien interdit de parler du chikungunya et de la dengue pour raisons... économiques

Le ministère de la Santé a pris la décision jeudi d’interdire à tous ses techniciens et conseillers de parler du chikungunya ou de la fièvre dengue. La raison : parler de ces deux maladies fera du tort à l’économie du pays en effarouchant les touristes. Ainsi, le public ne saura pas quelles sont les mesures prises par les autorités locales face au danger que la fièvre dengue gagne notre région.
Une réunion sur la dengue, animée par un haut officiel de l’OMS basé au Maharastra, s’est tenue au sein de ce ministère au début de cette semaine. Ordre a été intimé à tous ceux qui ont participé à cette réunion de travail de ne piper mot de ce qui y a été dit.

... Mais nier l’épidémie ne la combat pas

Entre-temps, la presse internationale s’en donne à cœur joie. Dans sa dernière édition, le magazine “Jeune Afrique” titre "Le chikungunya menace Maurice." "L’été sera très difficile", confie un entomologiste qui a tenu à garder l’anonymat. Il y a des signes qui ne trompent pas.
L’hiver clément, précédé par des pluies abondantes, a créé un environnement propice à la prolifération des moustiques, vecteurs du chikungunya. "Depuis deux à trois semaines, nous observons un nombre important de larves, comme si nous étions en été. Cela indique que les moustiques profitent de la moindre occasion pour se reproduire", lit-on notamment dans l’article de “Jeune Afrique”.
Quelles sont les preuves de l’existence de ce nombre important de larves qui a été observée ? Personne au ministère de la Santé ne veut répondre à cette question, ou du moins questionner cette affirmation de “Jeune Afrique” à l’aide d’une mise au point.

Les moyens de protection contre la dengue

La fièvre dengue est provoquée par des virus. Jusqu’ici, la meilleure façon de combattre un virus est par le biais de la vaccination. Or, le vaccin n’est qu’un moyen dont dispose l’homme pour induire son organisme à produire en grande quantité des anticorps contre un virus particulier.
Cette production est provoquée quand des virus, cultivés normalement dans des œufs, sont inactivés ou amoindris ou tués avant d’être inoculés dans le corps. C’est là l’exemple type d’un vaccin organique.
L’organisme humain identifie alors le virus tué ou amoindri comme un envahisseur et produit des anticorps en grande quantité pour se protéger. Ces anticorps immunisent alors le sujet pour toute la vie. Malheureusement, si nous avons des vaccins contre toutes les souches du virus de la grippe, on n’a pas encore développé de vaccin contre le virus de la dengue et du chikungunya. Alors la seule parade consiste à préparer le corps à produire le plus rapidement possible des anticorps en grande quantité quand le virus attaquera. Une telle production réduit en fait la durée de la maladie et les dégâts que peut provoquer l’attaque virale. Tous les produits pouvant renforcer le système immunitaire sont à conseiller, à commencer par la vitamine C et le chlorure de magnésium. Mais quand le virus attaque, il est trop tard pour chercher ces types de protection. Il faut alors éviter l’automédication et consulter immédiatement un médecin, car la dengue peut être mortelle.

Raj Jugernauth
Source “La Sentinelle”


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