
Un effort supplémentaire de 5 milliards d’euros nécessaire cette année
27 juinLa dette française atteint 114% du PIB au premier trimestre, soit près de 48.800 euros par Français. De fait, des crédits initialement prévus « ne (…)
Une tribune libre du psychiatre Jean-François Reverzy sur les carences de la politique de santé mentale
30 décembre 2004
’Il aura fallu, comme d’habitude, que le sang coule, que l’on meure, que l’on soit sacrifié, que des soignants soient assassinés dans l’hôpital psychiatrique de Pau... pour que soudain, comme par surprise, les représentants de l’État se penchent sur la santé mentale du pays et en fassent, à leur habitude, une affaire urgente... et électorale’.
Sous le titre “Les criminels de paix” (1) et le sous-titre “La mémoire courte des Douste-Blazy, Clery Melin (2), Jean-Charles Pascal (3) et quelques autres...”, le psychiatre saint-pierrois fait part aux lecteurs de “Témoignages” de son mécontentement devant la politique gouvernementale en matière de santé mentale en France et à La Réunion.
(Page 6)
La ville de Pau, proche de Lourdes, fait certes partie du gisement de voix qui a porté l’actuel ministre de la Santé au pouvoir... Pourtant, depuis des années, l’unanimité des professionnels, médecins et paramédicaux n’ont cessé - sans succès - d’attirer son attention sur la situation dramatique d’un paysage sanitaire psychiatrique de plus en plus sinistré.
Ils ont souvent évoqué l’accroissement des risques qu’ils encouraient avec leurs patients dans des services délabrés où se concentrent des populations en détresse et leurs conditions de travail éprouvantes...L’oreille de l’État est resté sourde, comme celle de l’État français sous Vichy, quand les malades mouraient par milliers. La situation actuelle touche aujourd’hui à une aporie dramatique.
On peut se demander par quelle pirouette, le gouvernement pourra répondre à la crise actuelle de la psychiatrie. On peut énoncer sans se tromper qu’il ne pourra pas y répondre et se cantonnera à des procédures et discours hypocrites. Les première mesures prises par le ministre vont dans ce sens : distribuer des téléalarmes et déclencher une inspection de l’IGAS (4) à l’hôpital de Pau ; on cherche des coupables et on les montre du doigt... on culpabilise les victimes.
Les déficits des effectifs humains par rapport aux normes touchent l’ensemble du territoire : on aurait besoin au minimum de mille cent médecins spécialistes et au moins le triple de paramédicaux. Douste-Blazy promet avec forfanterie de débloquer des millions d’euros pour la psychiatrie et il jette à Pau une obole de quelques millions. Il oublie sans doute les propos de ses représentants lors d’un débat qui a eu lieu quelques jours plus tôt à Paris.
Ceux-ci ont annoncé qu’il comptent bien réaliser une économie de huit millions d’euros grâce à la réforme dite “la nouvelle gouvernance” hospitalière : celle qui s’apprête à saborder l’hôpital public français et la santé publique dans une logique purement économique et à diminuer l’accès aux soins des citoyens. On ne voit pas comment face à cette volonté cyniquement affichée d’économie budgétaire, la psychiatrie publique pourrait être “sauvée”.
Quand il y a des morts en psychiatrie, l’opinion publique, malheureusement encore tributaire de modèles archaïques et grégaires, se réfère au mythe de la dangerosité de la “folie”. Elle attend des pouvoirs publics des réponses sécuritaires. Démagogues par tradition, ceux-ci généralement y répondent, appuyés par la fraction inerte et conservatrice des professionnels : les asilaires qui conjuguent leur paresse aux bénéfices de la chronicité et du fonctionnariat, de l’expertise ou de la prostitution aux firmes pharmaceutiques.
Énonçons pourtant ici une fois encore ce que n’ont cessé de dénoncer tous les praticiens techniquement et humainement compétents depuis deux siècles, de Connolly (hôpital de Hanwell, UK 1840) à Bonnafé : que c’est l’institution psychiatrique elle même - et ses procédures et dispositifs juridiques d’exception - qui crée la dangerosité et les escalades génératrices de passage à l’acte fatal.
Il n’existe en effet jamais de dangerosité réelle de la maladie mentale, mais des situations de dangerosité sociale (quotidiennes à La Réunion, voir l’affaire Johnny Catherine et d’autres faits divers tragiques) exacerbée par la vulnérabilité de sujets quelquefois acculés au désespoir.
Dénonçons une fois de plus la loi archaïque de 1990. Celle-ci a été conçue dans la première moitié du 19ème, dix ans avant l’abolition de l’esclavage, en 1838. Les réalités du temps étaient radicalement différentes et la médecine mentale en était à ses premiers balbutiements. Cette loi, mal toilettée par les technocrates en 1990, confond la thérapeutique et la peine et sur le fond porte atteinte dans sa pratique courante, à la liberté et aux droits humains.
Il semble du bon sens le plus élémentaire de penser qu’enfermer une personne souffrant dans la globalité de son être (psychique, somatique et social) et lui imposer sous contrainte des traitements - souvent barbares - dont elle ne veut pas est en soi un acte contraire à toute humanité et aux effets antithérapeutiques.
Il est clair également que le principe du camp de concentration préside toujours au fonctionnement des hôpitaux psychiatriques : concentrer ensemble dans un même espace clos des êtres humains d’âge et de pathologies diverses dans une même promiscuité et cela quelquefois au long cours. C’est ce même modèle concentrationnaire qui pousse à transformer le personnel soignant, dont les effectifs sont toujours plus réduits, en personnel de surveillance. Cette réalité est une monstruosité.
Pour éviter des drames comme ceux de Pau, une solution s’impose d’urgence : la fermeture immédiate des hôpitaux psychiatriques et le redéploiement des personnels vers la communauté et la multiplication de lieux de soins, même résidentiels, au fonctionnement humain. Cette orientation qui tourne le dos à l’hospitalisation est ancienne. Elle a été promulguée dans les années 60, il y a aura bientôt un demi-siècle. Elle est loin d’être devenue effective et reste encore à la traîne.
Aux résistances des maîtres et de la main-d’œuvre des asiles soucieux de leurs conforts d’exercice s’est conjuguée une pénurie exponentielle. Les grandes concentrations asilaires comme l’hôpital de Pau persistent et n’ont pu êtres démantelées. De plus, la France est au dernier rang des législations et des équipements européens, loin derrière l’Italie qui a su abolir la loi sur l’internement et fermer les établissements ou le Royaume-Uni où des services de santé mentale communautaire fonctionnent sans hospitalisation.
La vision de la plupart des décideurs départementaux ou régionaux et des directeurs d’établissement demeure courte et sans imagination, rivée à la chaîne du médico-légal et de la gestion. Elle est souvent inhumaine par défaut.
Une vérité à rappeler sans cesse à tous : l’hôpital psychiatrique actuel tel qu’il fonctionne avec tout son appareil est non seulement inutile pour la collectivité mais encore il est coûteux pour le citoyen et dangereux pour ses usagers, patients et soignants.
La psychiatrie d’outre-mer donne à voir ici une réalité caricaturale. La Réunion aura battu tous les records de l’incompétence et de la bêtise administrative en reconstruisant, aux frais des contribuables, le dernier asile d’aliénés de la République à Saint-Paul, au Grand Pourpier, alors que d’autres alternatives avaient été proposées : un lieu d’enfermement de toute évidence dangereux par lui même, coincé sur un plateau étroit entre deux lotissements de luxe et à proximité de l’autoroute.
Il sera sans doute, demain comme aujourd’hui, sous équipé en personnel. À quand les morts de demain ? Il est souhaitable que les usagers, les professionnels et surtout les habitants des lotissements limitrophes, s’opposent avec vigueur et persévérance à la mise en service de cette aberration et obtiennent sa reconversion.
On ne saurait non plus se cantonner à une pure revendication concernant les effectifs : la psychiatrie traite en premier lieu la souffrance sociale et peu de situations réelles de maladie mentale ; la sociose est son pain quotidien.
Les réponses actuelles ne sont pas satisfaisantes : les dispositifs institutionnels, coûteux et obsolètes ne peuvent se démultiplier. Il est de notre devoir de rendre à tous les acteurs de la psychiatrie la dignité de thérapeutes à part entière.
La réponse des spécialistes médicaux fonctionne déjà à deux vitesses, avec des passages à un tarif de consultation en psychiatrie qui avoisinera bientôt 60 euros. (Singulière réforme de l’assurance maladie qui témoigne une fois de plus de la volonté du gouvernement derrière les déclarations d’autosatisfaction : les patients devront payer plus et les spécialistes seront les bénéficiaires - entre autres - de ces mesures).
Les prescriptions médicamenteuses, outre leur coût, s’avèrent souvent génératrices d’effets redoutables de dépendance toxicomaniaque ou d’effets secondaires. On connaît le marché du Rivotril, du Rohypnol, de l’Artane, du Tranxène et les suicides sous antidépresseurs...
De nouvelles réponses, plus globales, loin des références au médical et à des lois d’exception doivent être trouvées : la libre multiplication des lieux d’accueil et d’écoute, la prolifération des psychothérapeutes, leur formation et leur encadrement associatif, le recours aux associations philanthropiques et caritatives et aux bénévoles et l’engagement de tous dans un nouveau service public de santé mentale, conçu autrement, au plus près des usagers et des communes, loin de la tutelle de l’État.
Ces réponses doivent aussi engager ici des modèles culturels créoles et indo océaniques et des lois obsolètes qui doivent n’avoir plus cours sur ces rivages. Si des primes doivent être accordées ici, ce n’est pas au fonctionnariat mais à l’innovation régionale et à la prise de risques...!
Jean-François Reverzy,
psychiatre des hôpitaux
(1) Titre emprunté à un ouvrage de Franco Basaglia (PUF), pionnier de la réforme italienne de la psychiatrie.
(2) Conseiller du ministre et propriétaire d’une holding de cliniques psychiatriques de luxe et proche du président de la République.
(3) Autre conseiller.
(4) Inspection générale des affaires sociales.
La dette française atteint 114% du PIB au premier trimestre, soit près de 48.800 euros par Français. De fait, des crédits initialement prévus « ne (…)
Mézami, mon bann dalon, mi panss zot i rapèl la mortalité, laba dann Moris, lo gran kiltirèl épi politik Dev Virashwamy ; li lé mor na pwin lontan (…)
Des associations de défense de l’environnement et des citoyens sinistrés ont annoncé avoir déposé un recours pour obliger le gouvernement à (…)
En 2021, 595kg de déchets par personne sont collectés à La Réunion, soit davantage que dans l’Hexagone (548 kg/pers.). La Réunion se situe au 29e (…)
Dan noute kiltir popilèr néna bonpé kozman pou dir sa la éspass dann tan lontan… Mi koné pa pou koué, mé mwin néna dan l’idé k’ni viv in pé an (…)
Le Parti socialiste reproche au Premier ministre, François Bayrou d’avoir refusé de déposer un projet de loi sur les retraites permettant au (…)
Le Syndicat des énergies renouvelables a appelé les députés à rejeter la proposition de loi sur la programmation énergétique.
Au séminaire du 17 mai 2025, consacré au centenaire de la naissance de Paul Vergès, le PCR avait organisé 3 débats : ne soyons pas esclave de (…)
Face à l’urgence climatique et sociale, seize associations citoyennes et environnementales de La Réunion unissent leurs voix pour interpeller les (…)
Tou-lé-zan, dann moi zanvié-févrié, Tikok i sa rod gèp ek son bann kamarad. Zot i tras dann piton, la savann, la ravine… partou, é, souvandéfoi, i (…)
Le Président des Etats-Unis, Donald Trump a ordonné le bombardement de trois sites nucléaires en Iran, dans la nuit du 21 juin 2025. Dans une (…)
Les élus de Guadeloupe ont adopté des résolutions « sur la fusion des deux collectivités, sur les compétences et l’autonomie fiscale », le 17 juin (…)