Colloque VIH Sida dans l’Océan Indien

Les facteurs d’une réponse régionale à l’épidémie existent-ils ?

8 novembre 2006

Les comportements devant le VIH/Sida sont-ils très différents dans les îles de l’Océan Indien ? Une étude de la Harvard Medical School a tenté de répondre à la question. Ses conclusions ont été présentées hier par le représentant du PNUD à Johannesburg.

L’intitulé complet de l’étude menée sur Madagascar, les Comores, l’île Maurice et les Seychelles vise « les comportements et les déterminants de l’épidémie du VIH/Sida dans les îles de l’OI pour une planification stratégique de la réponse ». Cette étude, menée par des consultants de la Harvard medical School avec le concours de consultants nationaux - médecins de santé publique, économistes et sociologues des pays considérés - devrait être disponible avant la fin de l’année. Elle a été présentée dans ses grandes lignes par Jean-Baptiste Gatali, agent du PNUD en poste à Johannesburg.
« En augmentation exponentielle depuis 86, l’épidémie se ferait encore sentir pendant une génération même si l’on trouvait un vaccin aujourd’hui », a-t-il commencé en parlant des éléments qui font que l’épidémie « frappe au cœur du développement ».
L’étude examine ensuite les différents facteurs qui augmente la vulnérabilité au VIH : les facteurs de pauvreté, de migration, de prostitution. « Si on ne lutte pas contre ces facteurs, on ne peut pas espérer arrêter l’épidémie », disent les consultants. Une source anonyme, citée par le représentant du PNUD estime qu’une augmentation des revenus de 2000 dollars serait associée à une réduction de 4% du taux d’infection.
La situation des femmes, leur niveau d’éducation, est aussi mise en relation avec leur vulnérabilité.
Jusqu’à présent, la prévalence est basse dans îles, mais elle tend à augmenter dans certains pays (Madagascar, Maurice) et toute menace n’est pas écartée. De plus, si l’on explique la faiblesse de ce taux par des causes culturelles, sociales ou religieuses, comment alors expliquer la tendance à la hausse ?

Le contenu de l’étude dresse un état des lieux pays par pays, avec le contexte géographique, le peuplement et les données démographiques ; le contexte socioéconomique, le système éducatif et de santé.
Une partie dresse les cartes de la vulnérabilité des populations + facteurs médicaux et sociaux de prévention (circoncision mâle, traitement des MST...)
Et enfin, une dernière partie propose une projection de l’épidémie selon trois scénarii, soulignant au passage le rôle des politiques : l’orientation et la répartition des richesses peut faire beaucoup pour arrêter l’épidémie ou au contraire la laisser poursuivre son expansion. Est aussi soulevée la question du tourisme : contrôlé ou non, “de haute qualité” ou “de masse” ?

L’étude part des chiffres disponibles pour déterminer le taux actuel de prévalence. Pour cette raison, et aussi parce que les données statistiques réunies ne dégagent « aucune spécificité des îles de l’Océan Indien », comme l’a fait remarquer le Dr. Hadj, l’utilité finale de l’étude donne lieu à des interrogations, voire à des controverses.
Si M. Gatali a jugé qu’elle constituait « une étude pionnière dans ce domaine, dans la sous-région, ouvrant des pistes à des recherches plus fines », il n’a pas totalement convaincu son auditoire, très largement composé de ressortissants des îles voisines de La Réunion. Ils ont notamment jugé que les facteurs présentés par l’étude recoupent globalement des conclusions déjà connues et largement étudiées ailleurs. Il manquerait de plus « des mesures qualitatives et quantitatives pour répondre aux situations précises », a estimé un responsable de la téléphonie mauricienne, qui œuvre dans son pays pour l’installation d’un numéro vert.
Intervenant à la fin d’un cycle d’actions de 3 ans, cette étude répond à un souhait du PNUD de voir une stratégie de coopération régionale s’ouvrir à des domaines encore insuffisamment pris en compte. La Banque Africaine de Développement (BAD) a également un projet de recherches sur ces aspects.
Avec la parution de l’étude définitive, vers la fin de cette année, les acteurs de la lutte contre le VIH/Sida pourront mieux ajuster et leurs critiques et les mesures appropriées.

P. David


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