Devant l’indigence des gardes des médecins à Cilaos...

Les femmes réclament l’affectation d’un médecin à l’hôpital

16 avril 2005

Mercredi dernier, à l’invitation de l’Association des femmes actives de Cilaos, Huguette Bello, députée et présidente de l’Union des femmes réunionnaises (U.F.R.) était dans le cirque en compagnie d’une délégation de femmes, dont Graziella Leveneur, secrétaire de l’U.F.R. et conseillère générale. Au centre de cette action, les conditions des gardes des médecins. L’U.F.R. demande l’affectation d’un médecin à l’hôpital local et lance une pétition pour soutenir cette revendication.

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Les Cilaosiennes s’inquiètent fortement de "la dégradation du système de soins sur la commune et en particulier de l’organisation des services de gardes". Les témoignages à charge ne manquent pas. Marie-Noëlle Séry, présidente de l’association des femmes actives de Cilaos, estime que "le problème est très grave". D’après elle, "la situation de monopole sur l’hôpital a accentué les conflits entre les médecins. Et la population est prise en otage".
En fait, Paul Técher, maire de la commune est aussi médecin. Il a fait tant et si bien qu’aujourd’hui, deux des médecins du cirque ont jeté le gant et n’assurent plus de garde à l’hôpital. Le maire-médecin se défend évidemment d’être responsable de cette situation.
Mais une chose est certaine, et Marie-Noëlle Séry ne manque pas de le rappeler, "le service des gardes des médecins est très précaire. Trop souvent, en cas d’urgence, des familles sont plongées dans le désarroi". Une femme témoigne de l’absence du médecin de garde - en l’occurrence Paul Técher - alors qu’enceinte de six mois, elle enregistre des contractions. Dans l’urgence, elle descend à Saint-Louis. Mais c’est le drame et elle perd son bébé. Une autre affaire similaire est dénoncée. Des plaintes ont été déposées pour d’autres cas auprès du Conseil de l’ordre, mais aucune suite n’a été donnée.

Monopole de fait

Huguette Bello, lors de la conférence de presse à Cilaos, a dressé un rapide état de l’organisation sanitaire du cirque. Il existe depuis les années soixante-dix un hôpital local placé depuis 1998 sous la responsabilité du Groupement Hospitalier Sud Réunion. "Là où le bât blesse, c’est que cet hôpital qui fonctionnait par convention avec les trois médecins du cirque, ne dispose plus que d’un médecin qui se trouve être le maire de Cilaos. Cette situation de monopole engendre un malaise que dénonce les femmes de Cilaos, soutenues par l’U.F.R.", indique-t-elle. Et elle rappelle que "selon une étude de la DRASS, la commune de Cilaos, à plus de 37 kilomètres de Saint-Pierre, affiche un taux de mortalité bien supérieur à celui des autres communes de l’île".
Une situation sanitaire difficile, inscrite dans les chiffres, qui est encore aggravée par le mauvais fonctionnement du système des gardes des médecins. Lequel repose sur le volontariat des médecins. Mais à Cilaos, on l’a vu, le médecin-maire exerce de fait un monopole et ses absences sont de notoriété publique.

Rencontre avec l’Agence régionale d’hospitalisation

Graziella Leveneur, secrétaire générale de l’U.F.R. et conseillère générale, estime que "le Conseil général à un rôle à jouer dans les problèmes rencontrés par les habitants de Cilaos". En effet, "depuis 1985, le Conseil général a établi un schéma sanitaire départemental" et la conseillère générale suggère qu’il "est temps de lui demander un bilan des actions sanitaires sur la commune et qu’il fasse connaître les prochaines mesures". Lesquelles, c’est évident pour Graziella Leveneur, "devront prendre en considération les personnes âgées et les handicapés".
L’argumentation des femmes de Cilaos, d’Huguette Bello et de Graziella Leveneur est encore renforcée par le risque d’isolement du cirque ; lequel était illustré le même jour par un éboulis sur la RN5 provoquant une coupure totale de la route pendant plusieurs heures.
Aussi, sans attendre le bilan et les propositions du Conseil général, Huguette Bello a invité les autorités "à prendre leurs responsabilités devant l’urgence des problèmes à Cilaos". Elle a annoncé qu’un rendez-vous avait été pris avec le directeur de l’Agence régionale d’hospitalition (A.R.H.). Enfin, une pétition va être lancée pour demander que l’hôpital de Cilaos soit placé sous la responsabilité d’un interne de l’hôpital qui travaillerait en toute impartialité.
Cette matinée consacrée à l’amélioration du système de santé dans le cirque de Cilaos s’est terminé par un repas fraternel préparé par l’Association des femmes actives de Cilaos, avec le soutien de Liliane Nassibou. Une occasion de poursuivre les débats autour des questions de santé et des problèmes des femmes.

Correspondant


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