Depuis une semaine, les étudiants peuvent s’informer sur la maladie du SIDA auprès de l’ARPS qui tient un stand à l’Université. Ils peuvent poser des questions sur les modes de transmission, le traitement médicamenteux, la manière de se protéger... Et d’après les animateurs du stand, les jeunes sont plutôt mal informés. Ce qui se vérifie dans les chiffres puisqu’il apparaît qu’en 2006 encore, la moitié des contaminés a moins de 25 ans.

Deux personnes de moins de 20 ans ont même été contaminées, dont une vierge de 16 ans. Une donnée inquiétante qui montre les lacunes en termes de prévention. De nombreuses idées reçues circulent encore et sont autant de freins au recul de l’épidémie. Les combattre, c’est ce à quoi se sont attelés les animateurs de l’ARPS : on peut attraper le SIDA lors d’un premier rapport sexuel, le virus ne se transmet pas par le moustique, tout le monde peut être touché, la religion ne protège pas de la maladie, on ne guérit pas du SIDA, le SIDA n’est pas une maladie qui s’attrape uniquement lors de rapports homosexuels... Des idées d’autant plus importantes à combattre que 70% des nouvelles contaminations se sont faits lors de rapports hétérosexuels sans préservatifs et seulement 27% lors de rapports homosexuels.
Actuellement dans l’île, 620 personnes séropositives sont suivies, mais on peut multiplier ce chiffre par 3 compte tenu des personnes contaminées sans le savoir, et qui sont d’autant plus dangereuses. Elles n’étaient que 300 traitées en 1995.

« Les gens ne sont pas du tout sensibilisés »

Et ce chiffre augmente malgré la création en 1988 de l’ARPS qui mène des actions de sensibilisation dans les lycées, collèges et à la demande. L’association se rend également sur les lieux de prostitution pour distribuer des préservatifs et expliquer leurs droits aux filles de joie. Une fois par mois, une équipe va à la Jamaïque, haut lieu de rencontres homosexuelles, pour également sensibiliser aux ravages du VIH. Un long travail relayé par des nombreuses campagnes audiovisuelles, les émissions ou autres articles de presse mais qui ne semble pas suffire. « Les gens ne sont pas du tout sensibilisés. Il y a un manque cruel d’information et c’est toute l’année qu’il faudrait sensibiliser les gens », explique Emmanuel Moyroud, animateur du stand de l’Université. Environ 500 personnes se sont rendues sur le site depuis son installation, il y a une semaine et peuvent encore le faire jusqu’au 24 novembre. À tous les étudiants, l’équipe de l’ARPS souhaite faire passer un message : « Faites l’amour sans frayeur du lendemain. Proteze a zot. Met zot kapot ».
Des préservatifs et plaquettes de prévention sont d’ailleurs distribués. Et pour être sûr que le message passe, les animateurs rappellent des informations chocs et terribles. Une manière d’insister sur la nécessité de se protéger : encore aujourd’hui, une personne meurt du SIDA toutes les 10 secondes. Et si, par rapport à ses voisins de la zone, La Réunion s’en sort plutôt bien, la lutte continue pour faire arrêter sa progression. À Maurice, l’épidémie explose et 1.800 personnes sont traitées ; à Madagascar, on estime ce chiffre à 150.000 personnes. Avec 15 millions de personnes malades, l’Afrique australe est une des zones du globe les plus touchées.