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Les probiotiques ou… le pouvoir de la flore

10 novembre 2009

Les probiotiques ont-ils vraiment un effet sur la santé ? Alors que l’Agence française de sécurité sanitaire des Aliments (AFSSA) prépare un « protocole de vigilance » concernant les compléments alimentaires, de nouvelles études lèvent le voile sur ces bactéries qui ont fait de notre côlon un terrain d’élection.

« Les probiotiques sont en effet des compléments alimentaires », rappelle Thierry Piche, gastro-entérologue au CHU de Nice. « Leur évaluation ne relève donc pas de l’agence du médicament. Il y a bien eu quelques errances au début. Elles sont aujourd’hui largement dépassées ». De nombreuses méta-analyses ont démontré l’efficacité des probiotiques : sur les diarrhées de l’enfant, les troubles intestinaux associées aux antibiotiques et sur d’autres affections, comme le syndrome de l’intestin irritable. Cette maladie constitue même le principal motif de consultation en gastro-entérologie.

L’un des tout derniers travaux en date est français, justement. Réalisé selon les règles de l’art — randomisé, en double aveugle et contre placebo — il a montré l’efficacité d’un mélange de souches probiotiques — en l’occurrence le complément alimentaire Lactibiane Référence — sur les symptômes associés au syndrome de l’intestin irritable : mal de ventre, troubles du transit, constipation, ballonnements…

Publié dans la revue Gastroentérologie Clinique & Biologique, ce travail conduit auprès de 100 patients a été coordonné par le Pr Philippe Marteau de l’Hôpital Lariboisière à Paris. Le résultat est probant : « après 4 semaines de prise (1 sachet de 2,5g par jour), les douleurs abdominales ont été significativement réduites par rapport au placebo », observent les auteurs.

« En France, nous avons très peu d’études bien faites dans l’intestin irritable. Leurs résultats mettent en évidence des bénéfices réels — par rapport au placebo — en termes de qualité de vie, de douleur et de transit », confirme Thierry Piche.

Ces études tendent également à montrer les bénéfices de cocktails multi-souches plutôt que de tel ou tel micro-organisme, pris isolément. N’attendons toutefois pas de miracles. « Il n’y a pas de magie », prévient-il. « Les probiotiques sont des compagnons de vie. Ils doivent être pris pendant un certains temps ». N’hésitez pas à vous adresser à un pharmacien ou un médecin spécialisé en micronutrition. Pour en savoir plus, vous pouvez aussi consulter le site www.probiotiques-lactibiane.fr.

Vous avez dit
« probiotiques »  ?

Présents dans bien des produits de consommation courante (comme certains laitages), mais également disponibles sous forme de compléments alimentaires (sachets, gélules, comprimés…), les probiotiques restent mal connus. Ils visent à préserver et/ou à rétablir l’équilibre de la flore intestinale et répondent à une définition précise, établie en 2001 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la FAO. Il s’agit de « micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont ingérés en quantité suffisante, exercent des effets positifs sur la santé », au-delà des effets nutritionnels traditionnels.

En pratique, les probiotiques sont des bactéries ou des levures. La majorité des souches utilisées appartiennent aux genres Lactobacillus ou Bifidobacterium, deux genres de bactéries également présentes dans la flore intestinale.

L’idée est d’en apporter un maximum. Ce qui est bien plus compliqué qu’il n’y paraît… Il est en effet impératif que ces bactéries résistent, sans être dégradées, au passage dans l’estomac et l’intestin grêle avant de gagner leur objectif, le côlon. C’est la principale difficulté rencontrée par les industriels qui font souvent face à de grandes différences — pour ne pas dire des déceptions — entre les tests réalisés dans les tubes à essai et ceux qui sont menés dans “la vraie vie”.

Le pouvoir de la flore

Considérée comme un organe à part entière, la flore intestinale se compose de milliards de bactéries. Pour rendre plus perceptible encore cette extrême diversité, les spécialistes préfèrent d’ailleurs parler aujourd’hui, de microbiote plutôt que de flore intestinale. « Nous ne connaissons que la partie émergée de l’iceberg », explique le Dr Thierry Piche. Une certitude, « elle se met en place au cours des 3 premières années de la vie ».

Son rôle ensuite, consiste à protéger l’organisme contre l’invasion de bactéries indésirables. Elle participe donc au bon fonctionnement du système immunitaire. Elle exerce aussi une « fonction de dialogue avec le tube digestif », poursuit Thierry Piche. Elle intervient en effet, dans « la dégradation des fibres alimentaires insolubles, qui ont un rôle bénéfique sur le plan anti-inflammatoire ».

Mais le champ d’action de la flore intestinale va bien au-delà de ce rôle. « Elle intervient aussi dans l’absorption des lipides et la régulation de la glycémie. C’est donc vraiment un organe à part entière. Elle n’agit pas seulement sur le tube digestif », mais sur différents aspects du métabolisme.

Si efficace et puissante soit elle, notre flore intestinale s’avère toutefois bien fragile, parfois. Certains aliments, le stress ou l’utilisation d’antibiotiques peuvent la perturber passagèrement. Il s’ensuit un inconfort digestif, des ballonnements voire des diarrhées. L’exemple-type, c’est justement celui de la diarrhée secondaire à une antibiothérapie. Le traitement, qui cible en principe les germes pathogènes, va en quelque sorte provoquer des dommages collatéraux et déséquilibrer la flore intestinale. Vous êtes souvent confronté(e) à ces troubles ? Demandez conseil à votre pharmacien.


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