Le Docteur Jean-François Reverzy appelle à une journée d’étude et de débat

« Les psychothérapies à La Réunion et dans la région : Quelle pratique ? Quels enjeux ? »

14 juin 2004

Devant les difficultés créées par le gouvernement dans le domaine de la santé mentale et face aux difficultés des psychothérapeutes dans notre île, le Docteur Jean-François Reverzy, médecin psychiatre, psychanalyste, chef de service à l’hôpital de Saint-Pierre, propose à tout le personnel de santé intéressé de se retrouver prochainement durant une journée pour débattre de ces problèmes. On lira ci-après le texte de son appel.

La pratique des psychothérapies se trouve au centre d’un débat national. Celui-ci reste ignoré du grand public mais suscite de nombreux remous parmi les praticiens. En effet, depuis bientôt un an, deux élus - le député Accoyer, suivi du ministre de la Santé de l’époque, Jean-François Mattéi - et ensuite un autre élu, le professeur Dubernard (UMP), ont estimé qu’il était temps de mettre de l’ordre dans cette profession, de mieux la contrôler et d’en évaluer l’efficacité. Ces propositions, qui ont déjà été examinées à l’Assemblée et au Sénat, ont suscité des réactions multiples, qui ne sont pas closes.
Les propositions des associations nationales vis à vis de cette volonté ministérielle ont été contradictoires et quelquefois ambiguës. Les unes pour, les autres contre.
Au-delà, mais aussi en raison de ce débat national, ne convient-il pas d’examiner ce que représentent actuellement les psychothérapies et leurs pratiques à La Réunion et dans la région ? Ces zones, qualifiées d’ultra-périphériques, n’ont jamais connu un développement des psychothérapies et de la psychanalyse comparable à celui de l’Europe ou de l’hémisphère Nord. En témoigne le nombre relativement modeste de praticiens exerçant dans cette île et se référant à diverses écoles.

Un constat peut être fait de toute évidence : il n’existe pas de formation psychothérapeutique sur place, tant à La Réunion qu’à Madagascar et dans la région. Les universités n’ont pas inclus dans leur cursus des diplômes de psychologie clinique ou de philosophie qui permettent souvent aux diplômés de s’orienter ultérieurement vers cet exercice.
Il n’existe pas non plus de milieu associatif, scientifique ou para scientifique suscitant un débat autour de la psychothérapie et de la psychanalyse et proposant des formations, hormis des initiatives isolées et parcellaires.
Les centres de formation d’infirmières ou de travailleurs sociaux n’incluent pas dans leur programme de formation basale des effectifs soignants ou des éducateurs dans le domaine psychothérapique.
On ne saurait ignorer également la réalité sociale des réponses ordinaires apportées à la souffrance psychique par les guérisseurs et les thérapeutes religieux. C’est là la réalité dominante des psychothérapies de l’océan Indien.
De ce fait, il convient de faire le bilan de l’extension actuelle des pratiques psychothérapiques ici et maintenant.

Apparemment, deux situations se rencontrent : soit les psychothérapeutes et les psychanalystes inscrivent leurs pratiques à partir d’une position officielle, celle des médecins, des psychiatres et des psychologues ; soit ils exercent en dehors de ce contexte professionnel.
Dans tous les cas, les pratiques et les références théorico-pratiques sont extrêmement diversifiées. Il apparaît donc important de susciter un débat à l’échelle de La Réunion, afin de faire se rencontrer les psychothérapeutes, d’effectuer un bilan des pratiques actuelles et de s’interroger sur les enjeux portant sur le statut juridique des psychothérapeutes.
Aussi nous lançons un appel afin d’organiser une journée dans les mois qui viennent. Cette journée aura lieu de préférence un samedi sur un site qui se situerait dans l’Ouest de l’île. Cette journée poserait trois questions fondamentales :
1) Quelles pratiques psychothérapiques à La Réunion et dans l’océan Indien ?
2) Quels sont les enjeux de la psychothérapie, ici, face à la volonté gouvernementale de légiférer ?
3) Quelle est la part des thérapies traditionnelles ?
Nous lançons un appel pour qu’une journée de réflexion puisse être organisée dans les mois qui viennent (septembre).
Il apparaît important dans un premier temps de créer un comité d’organisation qui pourrait préparer cette journée. Voulez-vous en faire partie ?
Prière de me contacter au 0692.67.64.34.


Docteur Jean-François Reverzy

P.S. : Ce courrier s’adresse dans le cadre des services aux médecins mais aussi à l’ensemble des équipes soignantes.


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