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Libérer les femmes des fuites urinaires

1er septembre 2010

Près de 4 millions de femmes en France souffrent de fuites urinaires. Or, trop souvent, elles se murent dans le silence, seules 20% d’entre elles consultant un médecin pour une prise en charge. Véritable tabou social, les fuites urinaires ne sont en rien une fatalité. Comment les distingue-t-on les unes des autres ?

« Dans 50% des cas, les femmes présentent des fuites à l’effort », précise le Pr Alain Pigné, gynécologue à Paris. « Les fuites par urgence — c’est-à-dire l’instabilité vésicale n.d.l.r. — touchent 20% d’entre elles, et enfin 30% souffrent de fuites mixtes ». Des problèmes différents, qui ont des origines diverses. Et c’est bien entendu le médecin qui peut déterminer l’origine de ces fuites.

« Les fuites urinaires à l’effort surviennent chez une femme qui n’a pas de besoin pressant, mais ne va pas pouvoir retenir quelques gouttes d’urine, au moindre effort. Dans ce cas, la fuite survient sans besoin préalable, à l’occasion d’un effort musculaire. Il suffit d’éternuer, de rire, de tousser, de sauter, de courir voire de soulever un objet lourd, ou se lever de son siège… ». Cette forme de fuites est due à un affaiblissement des muscles du périnée. Elle est plus fréquente chez les femmes qui ont eu plusieurs enfants et ont accouché par voie basse, ou encore chez celles qui fument. Ou encore en cas de surpoids.

Il y a aussi les fuites urinaires par urgence. Elles surviennent plus tard : il s’agit d’envies pressantes difficilement gérables, déclenchées par des stimuli variés « Cela arrive n’importe quand, n’importe où. La vessie se contracte de manière anarchique, et le cerveau perd le contrôle. C’est très handicapant dans la vie sociale. Enfin, le troisième tableau regroupe les deux types de fuites. Et là, les deux pathologies sont imbriquées ».

Une fois l’origine des fuites et leur niveau de sévérité précisés, le médecin vous examinera pour évaluer la qualité des muscles du périnée, et des tissus environnants. Avant tout traitement, le Pr Pigné recommande « de respecter quelques règles hygiéno-diététiques : boire normalement (1,5 litre par jour), arrêter de fumer, perdre du poids, limiter les exercices d’abdos-fessiers ».

Avant toute chose il faut rééduquer !

Pour la prise en charge, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande en première intention de recourir à la rééducation périnéale. C’est une étape indispensable, explique Alain Pigné. « Elle renforce le sphincter et les muscles qui l’entourent. Très puissants, ces derniers sont sollicités au cours de l’accouchement, quand la femme doit pousser ». Le problème, c’est que de nombreuses femmes ne savent pas contrôler leurs muscles périnéaux. « Une sur quatre seulement a un bon périnée et sait s’en servir ».

Pas étonnant que la rééducation soit indispensable. Chez un professionnel de santé dans un premier temps, puis dans une seconde phase à domicile. Aujourd’hui en effet, un appareil — le Keat Pro® — permet aux femmes d’entretenir à domicile les bons résultats obtenus avec un rééducateur. Le schéma idéal pour Alain Pigné, c’est la rééducation mixte. « Pour apprendre les bons gestes et bien savoir utiliser l’appareil, il est nécessaire de consulter un kinésithérapeute ou une sage-femme. Après plusieurs séances et quand le rééducateur estimera sa patiente prête, la femme pourra poursuivre à domicile. Ainsi, le périnée restera efficace dans le temps et les fuites seront limitées. C’est particulièrement appréciable pour les femmes actives ou qui habitent loin d’un centre médical ».

Cet appareil pris en charge par l’Assurance-maladie sur prescription médicale propose des programmes conformes aux standards professionnels de l’électrostimulation en cabinet. Trois programmes en tout, traitant les trois types de fuites urinaires. Les séances avec un professionnel de santé permettent d’accompagner la patiente, de l’aider à renforcer son périnée. La rééducation à domicile lui permettra ensuite de maintenir les bénéfices obtenus sur du long terme.

Les symptômes se sont atténués ? Comme le précise le Pr Pigné, « il reste indispensable ensuite d’entretenir la tonicité du périnée. Même s’il n’y a plus de fuites urinaires ». C’est l’autre intérêt de l’appareil. Car en l’absence d’exercice, le périnée comme n’importe quel muscle, se relâche. Parlez-en à votre médecin ou votre rééducateur.


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