Destination santé

Louise, Amandine… 34 ans de FIV et d’aventure humaine !

28 février 2012

Amandine, le premier Bébé éprouvette français, a célébré son 30ème anniversaire le 24 février ! Mais trois ans avant cette “première” nationale, une autre naissance avait pris le monde entier par surprise. Une petite Britannique, Louise Brown, était née en 1978. De l’insémination artificielle à la congélation d’embryon en passant par la fécondation in vitro (FIV), le Dr Jacqueline Mandelbaum retrace pour l’Agence de Presse Destination Santé l’histoire de la Procréation médicalement assistée (PMA).

« Cette histoire remonte à la fin du 19ème siècle, lorsqu’un gynécologue viennois récupérait les embryons dans l’utérus ou les trompes », raconte le Dr Mandelbaum. Biologiste de la reproduction, membre du Conseil d’orientation de l’Agence de la Biomédecine, Jacqueline Mandelbaum est donc aussi un peu historienne… « Les premiers essais de fécondation in vitro auront lieu dans les années 1940 », poursuit-elle. En 1944, des gynécologues américains, John Rock et Miriam Menkin, prélèvent des ovocytes en per-opératoire et tentent de les inséminer in vitro. Sans succès. La première FIV réussie chez un mammifère, le lapin, le sera par le Français Charles Thibault, mais la fécondation n’aboutira pas à la naissance de petits lapins. En 1959, le sino-américain Chang y parviendra.

« A partir de ce moment-là, tout est étudié. Les conditions dans lesquelles doivent être préparés les spermatozoïdes pour obtenir des ovocytes matures et fécondables, les délais nécessaires au développement des embryons, le type de milieu idéal… ». En 1970, Robert Edwards, un chercheur britannique (Prix Nobel en 2010), associé à Patrick Steptoe, parvient à prélever des ovocytes par cœlioscopie.

La FIV appliquée à l’humain

Huit ans plus tard, ils parviennent enfin à réaliser la première FIV, et le 21 juillet 1978 naît Louise Brown. Elle est ainsi le tout premier nouveau-né humain conçu dans une éprouvette. « Cela fut un coup de tonnerre. Le monde a su alors que c’était possible ! », s’enthousiasme Jacqueline Mandelbaum. Elle-même tentait alors d’obtenir la première FIV française. « C’est finalement René Frydman et Jacques Testart, à Clamart, qui ont gagné cette course », nous dit-elle. Le 24 février 1982, la petite Amandine venait au monde...

Louise Brown et Amandine sont nées grâce à une FIV réalisée en suivant le cycle spontané de leurs mères. Aucune stimulation ovarienne n’avait été mise en place. « C’était extrêmement complexe, car il fallait pratiquer une surveillance pluriquotidienne des dosages hormonaux pour prélever l’ovocyte au moment le plus propice ». Aujourd’hui, le traitement par gonadotrophine facilite la FIV. En 1992, une équipe belge a mis au point l’injection directe du spermatozoïde dans le cytoplasme de l’ovocyte (ICSI). « Cette méthode a révolutionné le traitement de l’infertilité masculine », poursuit-elle.

Aujourd’hui en France, environ 20.000 enfants naissent chaque année grâce à la PMA. Dans le monde, le nombre de ces naissances est estimé entre 2 et 3 millions par an... « La congélation d’embryons a beaucoup apporté au traitement de la stérilité, celle des ovocytes demeurait inefficace. La vitrification (congélation rapide-NDLR), autorisée en France depuis juillet dernier, devrait résoudre ce problème et offrir encore d’autres perspectives aux couples infertiles », souligne Jacqueline Mandelbaum. « La maturation in vitro d’ovocytes permettrait de se passer des traitements de stimulation, si elle devenait réellement efficace. Cela réduirait les coûts, tout en simplifiant le processus ». D’autant que la PMA reste encore « une galère, avec des traitements longs, de nombreuses consultations souvent difficiles à supporter pour les couples. Sans pour autant avoir la certitude de devenir parents ».

 ©Agence de Presse Destination Santé-2012. 


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