Depuis lundi, Réunisaf enchaîne les journées de sensibilisation et de prévention auprès des femmes enceintes dans les maternités, auprès des femmes en âge de procréer dans les établissements scolaires, dans les foyers, etc... Hier, c’est dans le hall du GHSR et dans la salle d’attente du service de gynécologie que les élèves infirmières, animatrices et médecin de Réunisaf avaient rendez-vous pour une nouvelle journée de sensibilisation et prévention.

  « Pas besoin d’être alcoolique pour être touché par le SAF »

Cette démarche découle d’un double constat relevé chez une majorité de Réunionnais en 2007 : une méconnaissance des effets de l’alcool sur le fœtus, et des freins à intervenir auprès des femmes enceintes en situation d’en consommer. En effet, selon le Dr Emmanuelle Charmet, médecin coordinateur, « les femmes ne connaissent pas toutes les conséquences liées à la consommation d’alcool pendant la grossesse ». Il faut savoir que l’alcool est nocif pour l’enfant dès le premier verre, même en petite quantité. « Pas besoin d’être alcoolique pour être touché par le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF) et il n’y a pas de dose minimale sans danger pour votre bébé pendant la grossesse, la solution est de ne pas en consommer du tout ». Par conséquent, le pari de Réunisaf consiste à changer les mentalités, et dissocier la consommation d’alcool et de “maladie alcool”. Car la consommation d’alcool pendant la grossesse, même occasionnelle, festive, avec ou sans ivresse, peut entraîner un SAF. Ceci se manifeste par un retard de croissance, malformations, atteinte du système nerveux, troubles du comportement, retard intellectuel chez l’enfant. A La Réunion, le SAF proprement dit touche 4,3 enfants pour 1.000 naissances, « mais il y a aussi toutes les autres formes », rappelle le Dr Charmet. La Réunion est donc l’un des départements les plus touchés avec le Nord-Pas-de-Calais, d’où l’importance d’informer la population.

Prévenir l’alcoolisation maternelle et améliorer le dépistage précoce

Pour pouvoir se prémunir du SAF, encore faut-il en avoir connaissance ! Et c’est là que le Réseau SAF intervient. Le réseau facilite les interactions des professionnels et constitue donc un espace défini favorisant une meilleure efficience des interventions qui sont apportées à la mère malade pour la conduire aux soins, pour elle et sa famille. Cinq animatrices, quatre dans le secteur Sud et une dans le secteur Est, du Réseau SAF accompagnent les mères, les parents en difficulté. « Bien sûr, il n’est pas facile pour ces mères de venir vers nous. Souvent, il y a un sentiment de culpabilité, donc nous allons vers la maman dans les maternités notamment. On peut être sollicité par d’autres professionnels du Réseau SAF. Nous sommes là pour écouter les mamans, les soutenir, elles savent que nous avons un regard non jugeant ; nous les dirigeons aussi vers les personnes compétentes afin qu’elles s’en sortent », explique Martine Ribaira, médiatrice sociale de Réunisaf. Prévenir l’alcoolisation maternelle, améliorer le dépistage précoce, la prise en charge et l’accompagnement sont les finalités de l’association. Pour l’instant, avec les subventions de la CGSS, du Conseil général, Réunisaf dispose de 4 animatrices, d’un médecin coordinateur et d’une secrétaire pour la région Sud, de Saint-Leu à Saint-Philippe. Une animatrice exerce dans la région Est, mais, malheureusement, ce n’est pas suffisant. Les régions Nord et Ouest ne sont donc pas couvertes, faute de moyens. Et lorsque l’on connaît la mauvaise place qu’occupe notre département dans le classement des taux de SAF, on se demande où sont les subventions ? Parce qu’élément similaire au liquide amniotique dans lequel se développe le fœtus, l’eau a été choisie comme étant symbolique de la grossesse. Plusieurs actions sportives seront organisées près des piscines et de l’océan.
Ce samedi, vous avez rendez-vous le matin à la plage de Saint-Pierre (derrière Alizée Plage) et l’après-midi à la piscine municipale de Trois-Mares au Tampon.
Au programme : jeux nautiques et séance aquagym pour femmes enceintes, soins du visage, stand d’information, animation...

Sophie Périabe