
Un vrai calendrier scolaire réunionnais n’est pas pour demain
28 juin, parLe calendrier scolaire élaboré par le Rectorat pour les 3 prochaines années est désormais connu et fait débat. Pour cause, à l’exception de (…)
Euthanasie
16 mars 2007
A l’heure où, à Périgueux, en Métropole, a lieu le procès du Docteur Laurence Tramois et de l’infirmière Chantal Chanel, accusées d’empoisonnement pour avoir aidé à mourir une patiente agonisante en 2003, et qui risquent jusqu’à 30 ans de réclusion pour ’complicité d’empoisonnement’ ou pour ’empoisonnement’, il nous est apparu important d’ouvrir le dossier de l’euthanasie. Sujet délicat qui met en question intimement les questions de vie et de mort, et de notre attitude face à la douleur.
« J’assume totalement ma décision. Dans cette histoire, qui est avant tout une histoire d’amour, vous avez un médecin qui assume totalement sa décision », a dit le médecin hier lors du dernier jour de son procès.
« Nous avons aidé des patients à mourir... »
Une phrase qui, au demeurant, peut paraître sibylline, et voilà que le difficile problème de la fin de vie des êtres humains refait surface.
Ils sont plus de 2.000 à avoir signé un manifeste (professionnels de l’hôpital). Ils affirment qu’ils ont eux-mêmes pratiqué des actes d’euthanasie : « Parce que, de façon certaine, la maladie l’emportait sur nos thérapeutiques, parce que, malgré des traitements adaptés, les souffrances physiques ou psychologiques rendaient la vie du patient intolérable, parce que le malade souhaitait en finir, nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir », écrivent 2.134 médecins et infirmiers dans le "Nouvel Observateur".
Euthanasie : C’est quoi ce mot ? Quelle est sa résonance dans notre histoire ?
Euthanasie : mot forgé en 1771 sur le grec - eu (bien) et thanatos (mort). Il caractérise le fait de laisser mourir un malade incurable (refus de l’acharnement thérapeutique ou euthanasie passive) ou encore le fait de précipiter la mort d’un malade incurable (euthanasie active). L’euthanasie active (tuer pour supprimer la souffrance) a servi, au 20ème siècle, de justification à l’eugénisme.
(Source : le glossaire de l’Histoire).
La définition du dictionnaire précise que l’euthanasie, c’est : « La mort provoquée dans le dessein d’abréger les souffrances d’un malade atteint d’une maladie incurable ».
D’autres, sans doute pour dédouaner cette pratique, définissent l’euthanasie comme un « geste ou omission du geste qui provoque délibérément la mort du malade qui souffre de façon insupportable ou vit une dégradation insoutenable ».
Depuis que l’Homme a reconnu le concept de douleur, depuis que l’Homme a
pris conscience que le passage de la vie à la mort ne doit pas forcément s’accomplir dans de terribles souffrances, le difficile problème de la fin de vie se pose à nous. Au Moyen-Âge, l’Eglise a grandement freiné l’idée que les humains devaient avoir recours au suicide pour échapper à la douleur de la fin de vie ! Ce n’est qu’à la Renaissance, avec le début des Grandes guerres modernes, que les infirmiers, sur les champs de bataille, ont commencé à abréger la douleur et à "tuer" (le mot est juste) les blessés qui agonisaient dans d’atroces souffrances.
Gageons que parmi la masse de blessés issus de tous ces massacres, il y en avait une bonne partie qui aurait pu être sauvée, mais l’urgence et la reconnaissance de ces pratiques laissaient la porte ouverte à bien des manquements et à l’unique raison qui prévalait alors : "La fin des souffrances".
Tous les dangers de législation sur l’euthanasie sont dans cette réflexion, c’est-à-dire qu’une loi, dès qu’elle est promulguée, devient le droit, mais laisse aussi la porte ouverte à tous les détournements ! Ce n’est pas avoir une réflexion essentiellement tournée vers le spirituel que de dire que l’Homme n’est pas une chose que l’on fait disparaître au gré de nos envies. En réalité, tout le problème est de savoir jusqu’où la société et son principal bras armé, "l’Etat", peut aller pour définir de ce qui doit être fait et ainsi disposer d’une vie !
Alors, la pratique de l’euthanasie, à l’heure des grandes conquêtes médicales, et surtout après que l’on ait découvert tous les avantages que l’on peut tirer des produits morphiniques, doit-elle être reconnue comme une avancée humaine ? Ce n’est certes pas à moi de répondre, mais c’est la grande question qui est véritablement posée dans ce début de 21ème siècle, qui se veut être porteur de réflexions et d’humanité.
En effet, si l’on peut imaginer que depuis les périodes les plus éloignées, nous en sommes encore à penser que le seul moyen d’abréger des souffrances, c’est de supprimer le corps malade, pouvons-nous penser en toute sérénité que notre monde a évolué ? Bien sûr que non ! Sinon, à quoi auraient servi tous ces travaux scientifiques qui font que chaque année, l’Homme gagne 3 mois d’espérance de vie ?
Notre communauté de chercheurs aurait donc échoué ? Tout porte à croire que non, puisque chacun d’entre nous connaît ou a approché une personne en fin de vie, et nous savons que les moyens de ne pas passer de l’autre côté du miroir dans d’atroces souffrances existent. Mais tout comme l’être humain ne peut pas regarder le soleil en face, il n’a pas encore appris à regarder l’inéluctable, car chacun d’entre nous vit comme s’il n’allait jamais mourir, et c’est bien là que se pose le problème. La fin de vie, c’est une affaire entre sa conscience et soi-même, c’est aussi une réflexion que l’on doit avoir avec son médecin lorsque que la maladie est là, qui vous dévore de l’intérieur. Alors, peut-on légiférer en son âme et conscience, sans avoir pris en compte le problème métaphysique de la vie ?
L’euthanasie s’invite dans la campagne électorale !
Rouge, Vert, Bleu ! ça y est, ils ont tous leur mot à dire !
Paulette Druais, une sexagénaire atteinte d’un cancer du pancréas, en phase terminale, souhaitait mourir. Laurence Tramois a rédigé l’ordonnance. Chantal Chanel a administré la dose. Dénoncées par un membre du personnel de l’hôpital, elles sont toutes deux poursuivies pour empoisonnement et encourent 30 ans de prison. Il n’en fallait pas moins pour que les militants pro euthanasie se jettent dans la campagne de la présidentielle ! Alors, la machine médiatique s’est emballée, et les images des deux accusées ont eu tôt de faire réagir les principaux candidats. Mais, était-ce vraiment le moment de jeter en pâture le difficile problème de la fin de vie ? Les candidats ont eu à se prononcer sur le "livre blanc" de "l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD)". Bien entendu, il n’est pas question, dans ce papier, de relever les différentes interventions des candidats à la magistrature suprême, mais plutôt d’éclairer sur l’euthanasie. Les militants anti-euthanasie ont réagi à ce nouvel assaut de ceux qui veulent légaliser une pratique qui peut se traduire tout simplement par "Donner la mort". Mais il est évident qu’ils l’ont fait avec plus de mesure, en essayant d’éviter la récupération électoraliste !
« Notre responsabilité de professionnels et de bénévoles d’accompagnement est de réagir, en dehors de tout extrémisme et de tout dogmatisme, en nous appuyant sur notre pratique et nos valeurs éthiques ». Voilà, en résumé, la réponse des soignants qui mettent en avant le serment d’Hippocrate.
L’ouverture du procès d’Assises, à Périgueux, du médecin et de l’infirmière qui ont tué une patiente avec du chlorure de potassium, a immédiatement mis le feu aux poudres, à tel point que l’on est en droit de se demander si de tels procès ne devraient pas être suspendus à l’approche de grandes échéances électorales. La surenchère fait rage, et est-il vraiment supportable d’entendre des annonces du genre "Si je suis élu, je ferai adopter une loi en faveur de l’euthanasie" ?
Que l’on soit pour ou contre, la morale humaniste aurait voulu que l’on évite de traiter d’un tel sujet par-dessus la jambe ! Les candidats ont bien peu de scrupules pour aborder un sujet tel que celui-ci, en termes de "récupération de voix" !
Bien évidemment, les lobbys ont vite compris l’intérêt de ce procès, et les politiques ont été bien mal inspirés de répondre, alors que la sagesse aurait voulu qu’un consensus se fasse autour de cette question pour que soient reportées à plus tard toutes polémiques ! Mais voilà, pour nos politiques, malheureusement, une voix est une voix !
La légalisation de l’euthanasie n’est-elle pas une voie dangereuse ?
La campagne présidentielle est l’occasion, pour des groupes tels que "l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité", de proposer que soit légalisée l’euthanasie.
Pour un grand nombre de médecins, aussi bien en Métropole qu’ici même à La Réunion, légaliser l’euthanasie serait inutile. La loi "Fin de vie et droits des malades" du 22 avril 2005 dite "Loi Léonetti", résout, dans la grande majorité, toutes les difficultés rencontrées en fin de vie. La loi a pour raison d’être d’imposer des règles pour que la vie soit protégée autant que faire se peut !
Les derniers aménagements de la loi sur la fin de vie imposent aux médecins de respecter les choix de la personne malade et de l’informer des conséquences de ses décisions. Elle interdit toute forme d’acharnement thérapeutique et impose une prise en charges de la souffrance, tant psychique que physique, par l’administration de soins et de traitements appropriés, même au prix d’un raccourcissement de la durée de la vie.
La réalité, c’est que le rôle du médecin est de donner la vie et de la faire perdurer aussi longtemps que possible, et dans les conditions optimums de confort.
Souvenez-vous que je me suis offusqué bien des fois dans les colonnes de "Témoignages" sur le fait que ce soient des médecins qui, aux Etats-Unis, sont présents dans la salle des exécutions dans les prisons, ce sont ces mêmes médecins qui dosent le produit nécessaire pour priver de vie le condamné ! On ne peut sans doute pas comparer l’incomparable, mais demain, qu’en sera-t-il, si une loi prétend décider quand la vie doit s’arrêter ? Quelle arme pourrait représenter une telle loi dans des mains pas très sûres ? Aucun garde-fou ne pourra empêcher la folie ou l’inconscience, que ce soit celle d’un médecin, d’un dépositaire de la loi, d’un malade ou de son entourage !
Les partisans anti-euthanasie sont ceux qui, de nos jours, sont les plus proches des malades. Ils ont eu régulièrement à s’interroger sur le rôle dans ce passage vers la mort, mais surtout, ils affirment avoir les moyens d’accompagner leurs patients sans que ces derniers aient à souffrir aussi bien psychologiquement que physiquement.
La dernière mouture de la loi donne les moyens aux soignants, tout en restant fidèles à leurs serments, de nous accompagner au seuil de la mort, à condition que cette loi soit appliquée entièrement ! Que veut-on de plus ? Peut-on exiger des médecins qu’ils fassent le sale boulot de nous débarrasser "d’objets encombrants" ?. Ne vaudrait-il pas mieux aller au bout de notre humanisme ?!
La touche étoile ...
Mourir, la belle affaire ! et dans la dignité en plus ! Car tout est là ! Les partisans de l’euthanasie prêchent pour que l’on puisse mourir dans la dignité. Le sentiment est noble sans doute, mais lorsque l’on est aux portes de la mort, parce que la maladie ronge depuis pas mal d’années, de quoi a-t-on envie ? Le grand roman de Benoîte Groult, "La touche étoile", résume assez bien ce qu’est "mourir dans la dignité". Elle, elle appelle cela "la touche étoile", le droit d’en finir quand bon lui semble, quand le moment sera venu, mais en toute lucidité ! Alors, cela équivaut au suicide et ne requiert ni loi, ni un tiers ! Nous sommes nombreux à avoir suivi l’agonie de personnes atteintes de maladie incurable, et il existe, partout en France, un service de soins palliatifs exemplaire. Mais que vient faire la dignité dans tout cela ?
Ne sommes-nous pas des êtres dignes lorsque que nous sommes prêts à passer sur l’autre rive ? Les malades en fin de vie seraient-ils moins dignes qu’un enfant qui sort du ventre de sa mère, la peau rougie de sang ? Posons-nous les vraies questions en dehors de toute polémique extérieure à la pensée humaniste, posons-nous la question de savoir ce qui est digne ou pas ! On part à la guerre, poitrine en avant, prêt à mourir pour les siens ou la liberté, on se suicide "à la Hemingway" parce que la vie semble trop longue, ou bien dès que l’on apprend que l’on est atteint d’une maladie grave et qu’on n’est pas assez fort pour l’affronter, "on fait le grand saut". Mais dès que l’on accepte de se faire accompagner des médecins pour affronter un mal incurable, n’a-t-on pas une furieuse envie de vivre le plus longtemps possible ? Peut-on ensuite demander aux médecins qui accompagnent dans ce difficile combat de donner la mort ?
Mourir dans la dignité, n’est-ce pas aller jusqu’au bout du combat que l’on a engagé ?
(Je remercie ceux qui m’ont aidé à aborder ce difficile problème de l’euthanasie, et tout particulièrement un syndicaliste qui se reconnaîtra, deux médecins, dont un gériatre, ainsi que le Docteur Collard).
Philippe Tesseron
Le calendrier scolaire élaboré par le Rectorat pour les 3 prochaines années est désormais connu et fait débat. Pour cause, à l’exception de (…)
Sur proposition de Gérard COTELLON, directeur général de l’ARS La Réunion, Patrice LATRON, préfet de La Réunion, a décidé le retour au niveau 2 du (…)
La dette française atteint 114% du PIB au premier trimestre, soit près de 48.800 euros par Français. De fait, des crédits initialement prévus « ne (…)
Mézami, mon bann dalon, mi panss zot i rapèl la mortalité, laba dann Moris, lo gran kiltirèl épi politik Dev Virashwamy ; li lé mor na pwin lontan (…)
Des associations de défense de l’environnement et des citoyens sinistrés ont annoncé avoir déposé un recours pour obliger le gouvernement à (…)
En 2021, 595kg de déchets par personne sont collectés à La Réunion, soit davantage que dans l’Hexagone (548 kg/pers.). La Réunion se situe au 29e (…)
Les élus de Guadeloupe ont adopté des résolutions « sur la fusion des deux collectivités, sur les compétences et l’autonomie fiscale », le 17 juin (…)
Le Président des Etats-Unis, Donald Trump a ordonné le bombardement de trois sites nucléaires en Iran, dans la nuit du 21 juin 2025. Dans une (…)
Des manifestants, réunis le 23 juin devant les institutions européennes, ont demandé la suspension de l’accord d’association liant l’UE à Israël. (…)
Normalien et énarque, chercheur en philosophie politique, Bruno Guigue est professeur invité à l’Université normale de la Chine du Sud (Canton) et (…)
L’État poursuit son engagement en faveur de la transition énergétique et de la décarbonation de l’électricité à La Réunion. À l’issue d’un appel à (…)
Le 16 juin 2025, le Tribunal administratif de Paris a suspendu en référé l’arrêté du 26 février 2025 ordonnant le blocage de 17 sites (…)