“Passeport Santé pour le grand Océan Indien”

Pour que “vacances” ne rime pas avec “urgences” !

17 janvier 2007

Hypocondriaques s’abstenir ! Et pourtant, nous recommandons volontiers le “Passeport Santé pour le grand Océan Indien” que Bernard-Alex Gaüzère et Pierre Aubry ont publié, il y a une poignée de semaines, aux éditions Azalée. On prend les mêmes et on recommence donc, puisque ces 2 auteurs avaient commis un ouvrage remarqué : “Le chik, le chèque, le choc ou l’épidémie de chikungunya à La Réunion 2005-2006 en questions”, chez l’éditeur susmentionné.
On peut dire de ce livre qu’il s’adresse à 3 publics bien différents. Le premier est représenté par le touriste. Dans ce cas, nous ne conseillons pas l’achat de cet ouvrage mais plutôt l’emprunt à la bibliothèque pour une lecture sur le pays où il se dirige. Cependant, pour les 2 autres catégories de personnes, celles qui comptent habiter dans un pays de la zone Océan Indien hors Réunion, et celles qui vont y accomplir des missions au titre de leurs compétences médicales, ce livre constitue un achat utile, si ce n’est indispensable.
Ce que sous-tendent ces propos, c’est aussi qu’il y a 3 niveaux de lecture. Il y a une partie généraliste que tout un chacun peut lire. Puis, pour celui qui veut en savoir plus, il lui est possible de découvrir de nombreux termes que même “le Robert” semble avoir oublié. Il faut souligner qu’aussi souvent que possible, notamment au début de l’ouvrage, les auteurs ont fait preuve de pédagogie afin que le deuxième niveau soit accessible au commun des mortels. Enfin, au dernier stade, il y a de nombreuses descriptions, que nous ne nous risquerons pas à commenter, dont celle-ci : « Les risques (...) de prématurité (surtout chez la primipare, de dystocie dynamique par hypoxie utérine) (...) ». (p56).

Ce livre comporte 3 parties : avant, pendant et après le voyage. Pour ce qui est de la préparation du déplacement, sachant que la matière est rébarbative, les auteurs se livrent au jeu du questions/réponses. Les aspects socio-économiques sont parfois abordés, comme dans le cas de l’échec de l’éradication de la poliomyélite dans certains pays pour des causes culturelles.
La litanie des maladies commence alors et le Réunionnais ne sera pas surpris par les 3 premières qui occupent principalement les auteurs : le chikungunya, le paludisme et la turista ou diarrhée du voyageur. Bien évidemment, les 2 médecins ne s’en tiennent pas là et le lecteur reste confondu de se sentir encore en bonne santé à la fin de l’ouvrage tant les possibilités d’infection semblent nombreuses !
Ils marchent parfois dans les pas du “Routard” en indiquant par exemple la nécessité de répartir les médicaments emportés entre les bagages à main et ceux mis en soute. Ils incluent volontairement l’opportunité de vols. Cette préoccupation quant à l’inexpérience du touriste souligne bien le côté résolument pragmatique de cet ouvrage. Les auteurs n’oublient pas, ainsi, de mettre en évidence les accidents de la circulation ou encore le tsunami. Cependant, ils oublient de dire que, dans certaines zones, mieux vaut se renseigner avant de se déplacer, pour éviter des zones où des attentats sont perpétrés (Sri Lanka ou Indonésie).

Pour ce qui est de la partie consacrée à la période du voyage en elle-même, elle se divise en 2 catégories. La première revient sur les différents pays de la zone océan Indien. La seconde revient sur les maladies encourues dans cette grande zone géographique.

Enfin, la dernière séquence de l’ouvrage porte sur l’après-voyage, en cas de soucis de santé. Cette partie est nettement plus ardue que la première alors qu’elle s’effectue également sous la forme, pourtant aisée, de questions/réponses. Les auteurs rappellent au final que les 3 maladies les plus fréquentes portées par les touristes suite à leur voyage sont : la tourista, le paludisme et l’hépatite A.

Dans la conclusion, Bernard-Alex Gaüzère et Pierre Aubry soulignent qu’avec la hausse des températures qui devraient atteindre 3 à 5 degrés au cours des prochaines décennies, les possibilités d’infection devraient augmenter considérablement. Ils redoutent l’arrivée d’un virus ou d’une bactérie contre laquelle on n’ait pas de remède. Néanmoins, dans la lignée constante de tout leur ouvrage, ils terminent sur la nécessité de poursuivre les efforts de prévention pour réduire autant que faire se peut l’irruption d’une telle épidémie.

En ce qui concerne les rares défauts de ce livre, nous mentionnerons les suivants. Il faut doubler le premier écueil de ce livre, qu’est la langue de bois, pardon ! la préface du ministre de la Santé, Xavier Bertrand. Celle-ci donne, nous le concédons volontiers, un gage de sérieux à cet ouvrage. Cependant, il n’y a rien à retenir de cette page d’écriture. Pas d’information importante, ni d’émotion (Xavier Bertrand s’est pourtant rendu dans l’océan Indien : il aurait pu se fendre d’un souvenir sur la lenteur de sa réponse à l’épidémie de chikungunya).
Puis, pour la petite histoire, ou plutôt pour la géographie, nous ne savions pas que la Namibie possédait des côtes dans l’océan Indien. Une plate-forme pétrolière quelque part dont on nous aurait caché l’existence ?
Pour ce qui est de la bibliographie, pourquoi ne pas avoir recouru à des auteurs anglais ? En effet, la langue la plus parlée dans l’espace mentionné reste l’idiome de Shakespeare.

Enfin, nous souhaitons un grand succès à cet ouvrage tant il serait bon qu’il connaisse une seconde édition. Cela permettrait que certaines parties soient complétées. On remarque en effet que les pages sur Madagascar sont plus fournies que celles sur l’Inde, malgré la différence considérable de superficie et de population.


La santé à La Réunion

Les auteurs rappellent dans l’ouvrage que la dengue a sévi par 2 fois au cours des 30 dernières années. La première pandémie a eu lieu en 1977 et 1978. Elle a eu un impact considérable puisqu’elle a touché un tiers de la population. Elle était de type 2 (il y en 4). En 2004, une deuxième manifestation de cette arbovirose, de type 1 cette fois, n’a touché (que) 228 personnes, principalement dans la partie orientale de l’île. Comme le chikungunya qu’ils mentionnent plus loin, cette épidémie est due à un moustique du genre aedes.
Ils citent également la leptospirose, dont la survenue est 20 à 40 fois plus fréquente qu’en Métropole. Cette grande différence est notamment due, selon les auteurs, à la pluviométrie plus forte à La Réunion.
Les auteurs ne parlent pas de paludisme alors qu’il y a eu 1 cas autochtone déclaré sur l’île en 2000. Ils n’évoquent pas la possibilité d’un retour de l’anophèle. La grippe aviaire n’est pas mentionnée malgré le nombre de Réunionnais qui vivent avec un poulailler dans la kour.
En revanche, ils rappellent que l’éradication de la cysticercose, plus connue sous le nom de ténia, a beaucoup progressé.
Les chiffres du SIDA datent de 2002 et les données sur les personnes atteintes de maladies sexuellement transmissibles manquent.

M.D.


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