Santé : une méthode venue des pays nordiques

Quand les médecins diagnostiquent leurs pratiques

23 septembre 2004

Constatant les différences importantes entre les recommandations nationales sur le traitement du diabète, l’association Médocéan propose, depuis 3 ans, les ’visites de pairs’.

"C’est peut-être parce que le diabète n’est pas douloureux que la vigilance des patients se relâche", constate le docteur Philippe de Chazournes, président de l’association Médocéan. Mais à plus ou moins long terme, selon les pathologies, le diabète conduit à l’insuffisance rénale, à des complications vasculaires, oculaires, qui ont un coût humain et financier.
"Sur le terrain, ça n’évolue pas, les traitements sont inefficaces et il y a de plus en plus de diabétiques mal équilibrés qui vont développer les complications de la maladie", insiste le médecin.
Et si l’information du grand public par la prévention des risques liés au diabète et à l’hygiène alimentaire doit être accentuée, le docteur Philippe de Chazournes reconnaît que les pratiques médicales méritent d’être examinées pour évoluer vers plus de qualité.
Le dosage de l’hémoglobine glyquée, qui permet de contrôler le taux de glycémie tous les 3 mois, tout comme l’évaluation annuelle de la fonction rénale, sont rarement effectués par les praticiens, au détriment du patient atteint de diabète.

"Les médecins parlent aux médecins"


C’est pourquoi l’association Médocéan, créée il y a trois ans par les docteurs Philippe de Chazournes et Jean-Marc Franco, a impulsé les "visites de pairs". Une méthode d’évaluation des techniques de soins déjà exploitée avec efficience dans les pays nordiques, et que des médecins volontaires de La Réunion expérimentent depuis 2002.
Dès lors, plutôt que d’empiler des recommandations sur papiers qui ne seront pas utilisées par les médecins - comme l’admet le Dr de Chazournes, également correspondant de l’ANAES (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé) à La Réunion -, plutôt que d’être contrôlés par une instance nationale, les médecins volontaires évaluent entre eux leurs pratiques respectives.
Ainsi, "les médecins parlent aux médecins", résume le docteur de Chazournes qui y voit une prise de conscience de la profession pour plus de qualité.
Axel Zettor, président de la CGSS (caisse générale de sécurité sociale), soutient cette "démarche innovante" à travers le FAQSV (Fonds d’aide à la qualité des soins de ville), "un fonds mis à la disposition des projets innovants qui a un rôle de levier, de starter".
Axel Zettor souligne que cette "démarche volontaire d’analyse des pratiques professionnelles entre également dans le cadre de la réforme de santé du gouvernement".

Amoindrir le coût des traitements

C’est donc autour du problème de santé publique qu’est le diabète à La Réunion que l’association Médocéan a conduit, depuis 2002, deux études, avec le concours des médecins libéraux volontaires. 82 médecins libéraux ont participé à la première étude sur le diabète nommée "Dream". Ils étaient 133 à s’investir dans l’étude "Ré-In", menée l’année dernière et s’intéressant à la prise en charge de l’insuffisance rénale.
"Le but de ces études est d’inciter les médecins à envoyer au plus tôt leurs patients chez un néphrologue avant l’apparition de complications irréversibles", explique le Dr de Chazournes.
Les médecins participant aux "visites de pairs" ont été convaincus par cette démarche qui permet un partage concret des expériences. L’association Médocéan compte poursuivre ce type d’opération, avec le concours croissant d’autres médecins, soucieux de traiter efficacement leurs patients et d’amoindrir le coût des traitements lorsqu’ils deviennent trop lourds (60.000 euros par an pour un dialysé, 57 millions d’euros pour le coût global d’une insuffisance rénale chronique terminale par an soit 1/9e du budget de la santé à La Réunion).
Médocéan tiendra un séminaire d’information samedi 27 novembre au Grand Hôtel des Mascareignes.

Estéfany


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