Recherche sur le VIH : les assurances… n’assurent pas !

13 avril 2011

L’Agence nationale de Recherche sur le Sida et les Hépatites virales (ANRS) organise depuis 15 ans des essais thérapeutiques sur la prévention de la transmission du VIH entre la mère et l’enfant dans les pays du Sud. Ces essais sont remis en question par les compagnies d’assurance, car celles-ci paraissent désormais refuser d’en couvrir les risques.

L’ANRS a récemment souhaité s’engager dans un essai sur la transmission du VIH pendant la grossesse et l’allaitement. Celui-ci devait se dérouler en Zambie et en Côte d’Ivoire, le but étant de comparer l’efficacité de deux types de trithérapies antirétrovirales chez des femmes séropositives. « Aucune des compagnies d’assurance que nous avons contactées n’a accepté de couvrir les risques liés à cet essai et nous sommes désormais dans une situation d’extrême blocage », explique le Pr Jean-François Delfraissy, Directeur de l’ANRS. Il souligne ainsi que « la mise en place de cet essai a été annulée. Un autre essai, sur la même thématique, (et portant sur) un nouveau traitement antirétroviral, a depuis essuyé le même refus ».

L’ANRS a contacté 8 compagnies d’assurance : AXA®, ACE®, Amlin®, la Chubb insurance Company of Europe®, Munich Ré®, Zurich®, GMC® et HDI-Gerling Industrie Versicherung®. Cette dernière, qui couvrait jusqu’à présent les essais de l’ANRS, a refusé l’an dernier d’assurer cette nouvelle étude. Elle n’a pas répondu à nos sollicitations sur ce sujet. AXA® et ACE®, pour leur part, ont indiqué que ce type d’assurance ne faisait pas partie de leurs spécialités.

« Les compagnies n’ont pas à justifier leur refus et aucune ne l’a fait par écrit », poursuit le Pr Delfraissy. « Suite à des échanges oraux, nous avons cependant compris le motif de leur non-engagement. Ils craignent que les populations mettent en cause la responsabilité des assureurs pour demander des dommages et intérêts. Sur ce point, il y a clairement une entente entre les assureurs ». Entente illicite, cela va de soi. Pour l’ANRS, « il est temps d’ouvrir le débat pour qu’une législation adaptée au contexte universel de la recherche biomédicale voie le jour ».


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