Journée de prévention des Effets de l’alcool sur le fœtus

Un cordon blanc contre l’alcool des bébés

9 septembre 2004

’Lutter ensemble contre un handicap évitable’, c’est le sens de la journée internationale de prévention des effets de l’alcool sur le fœtus, qui se déroule aujourd’hui.

Ce n’est pas parce que bébé est invisible qu’il ne boit pas... Ce 9 septembre marque la 6ème Journée internationale de prévention des effets de l’alcool sur le fœtus. À 9 h 09, tous les habitants de la planète prendront une minute pour y réfléchir, et le Réseau de prévention du syndrome d’alcoolisation fœtale met en place toute la journée différentes actions sur la prévention des effets de l’alcool sur la grossesse.

Avec d’autres partenaires, des manifestations de sensibilisation seront organisées par le Réseau de prévention du syndrome d’alcoolisation fœtale (Reunisaf) en faveur des mamans, des futures mamans, des adolescents, des familles et des professionnels de santé aujourd’hui (voir encadré).

À cette occasion, tout le monde portera un cordon blanc afin de développer une prise de conscience collective, première étape indispensable pour la mise en place d’actions de prévention des effets de l’alcool sur le fœtus.
Il faut "défaire le nœud de ce drame international", comme le dit le docteur Thierry Maillard, président du Réunisaf. L’académie de médecine considère l’alcool pendant la grossesse comme la première cause de déficience mentale et d’inadaptation sociale, non génétique et de surcroît évitable.
Dans sa forme grave (Syndrome d’alcoolisation fœtale, SAF), il peut générer des troubles irréversibles de retards de croissance, de malformations des organes et de retard mental. Dans sa forme légère, cela se traduit par des troubles d’apprentissage, des échecs scolaires, des troubles du comportement, sources de difficultés de socialisation, voire de conduites d’exclusion (toxicomanie, délinquance...).
Chaque année, en France, naissent 7.000 enfants porteurs des effets de l’alcool sur le fœtus, dont au moins 130 à La Réunion. Le SAF représente à La Réunion la première cause de retard mental.
La prévention est donc la première mesure de défense contre les effets de l’alcool au cours de la grossesse. Inscrite dans le Programme régional de santé depuis 1995, la lutte contre ce fléau évitable s’est organisée autour du Réunisaf avec ses 300 personnes ressources. Aussi, grâce au soutien de la DRASS, du Conseil général, de la Caisse générale de sécurité sociale et de très nombreux acteurs de santé, ils ont pu proposer une aide pour plus de 100 mamans, 150 enfants et observer une baisse très significative en 2003 des naissances d’enfants porteurs des effets de l’alcool sur le fœtus dans le Sud de La Réunion. Le souhait du Réunisaf est d’élargir son champ d’action vers la prévention sur les régions Nord, Est et Ouest.
Thierry Maillard se réjouit que cette année "un pas de plus a été franchi dans la prise de conscience collective : le message est passé auprès du législateur grâce à l’adoption des amendements soutenus par le sénateur Anne-Marie Payet". De plus, rajoute-t-il, "au cours de ces derniers jours, le ministre de la Santé s’est positionné pour l’étiquetage d’un message de prévention sur les bouteilles de boissons alcoolisées".
Enfin, il se félicite que le tabou ait été vaincu collectivement et nous invite "à lutter ensemble contre ce handicap évitable".

Contact : 0262.22.10.04, 0692.70.94.33 ou 0692.76.70.46.


Le programme de la journée

- Les cloches des églises de La Réunion sonneront à 9 h 09 pour une minute de réflexion ;

- Les expositions sur les méfaits de l’alcool pendant la grossesse auront lieu dans différents lieux publics ;

- Tenue de stands avec distribution de petits nœuds et des plaquettes d’information ;

- Lecture d’un message de sensibilisation auprès des élèves dans les écoles primaires ;

- Les élèves infirmières (avec le soutien de l’Institut de formation des soins infirmiers) et les élèves sages-femmes apporteront un message de prévention à l’attention des personnels hospitaliers ;

- Les délégués médicaux apporteront aux médecins des informations sur les effets de l’alcool sur le fœtus et sa prévention, et sur les outils spécifiques mis en place à La Réunion par Réunisaf (premier réseau national de prévention des effets de l’alcool sur le fœtus).

- Une conférence sur "le SAF d’hier et d’aujourd’hui" sera organisée par l’Institut Raymond-Debré à 19 h 30 à Saint-Gilles.


Réunisaf : des résultats et des économies

Un groupe de réflexions, fort de plus de 80 personnes représentatives du tissu social, propose en 2001 la mise en place d’un véritable réseau formalisé de personnes ressources pluridisciplinaires et pluri-institutionnelles pour les situations repérées relatives à l’alcoolisation fœtale.
L’objectif visé est de de mettre au centre du dispositif l’aide à la famille et non plus l’inverse, qui demandait à une maman déjà exclue de faire des démarches actives vers de multiples personnes-ressources, souvent éloignées de son domicile. Pour aider ces femmes, ces enfants et leurs familles, la médecine seule ne suffit pas. Ce travail en réseau de santé doit permettre en moins de 5 ans de réduire de moitié le nombre des enfants atteints.
En septembre 2001, le Réseau de prévention du syndrome d’alcoolisation fœtale (REUNISAF), association loi 1901, est créé et s’inscrit bien comme réseau de Santé, car il cherche à faciliter l’accès aux soins, la coordination, la continuité et l’interdisciplinarité des prises en charge sanitaires.

Signalements précoces

Au terme des deux premières années de fonctionnement (2002-2003), les évaluations réalisées par l’Observatoire régional de santé (ORS) montrent : - la baisse du nombre d’enfants porteurs des formes graves (SAF) ;

- des signalements de plus en plus précoces des situations, non plus au travers des enfants porteurs d’une déficience mais par l’orientation des femmes enceintes malades de l’alcool ;

- une totale abstinence pour plus de la moitié des mamans adressées (amélioration de leur état de santé, diminution des carences environnementales, amélioration de l’état de santé de la fratrie...) ;

- que des placements d’enfant par mesure administrative ou judiciaire ont été évités sur la plupart des situations suivies par le réseau ;

- un nombre croissant des acteurs médico-psycho-socio-pédagogiques et de justice (plus de 300 à ce jour) ;

- des économies de coût de santé, considérant qu’un enfant porteur d’un SAF évité c’est 600.000 à 5 millions d’euros non dépensés par la société.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus