Xavier Bertrand, ministre de la santé, en visite à La Réunion

Une logique de vigilance contre le chikungunya

30 octobre 2006

Xavier Bertrand est arrivé à La Réunion hier en milieu de matinée pour deux jours de visite. Le ministre de la santé et des solidarités est venu vérifier « si le dispositif de prévention et de lutte contre le chikungunya est efficace et s’il convient, le cas échéant de l’améliorer ». Il a confirmé qu’un médicament contre la maladie pourrait être disponible début 2007 et un vaccin dans 5 ans. Il a souligné que La Réunion devait rester dans « une logique de vigilance » contre la maladie.

« À tous les niveaux et notamment en matière de veille sanitaire, l’heure est à la mobilisation et à une vigilance de tous les instants », a estimé Xavier Bertrand dès son arrivée, hier, à La Réunion. Il a ensuite immédiatement insisté sur la nécessité de « se mobiliser sur la recherche pour tout savoir et tout comprendre du chikungunya ». Un médicament, la chloroquine, « que nous n’avons pas à inventer ou à fabriquer, existe. Il reste à déterminer son efficacité sur la lutte contre la maladie et sur sa prévention », a indiqué le ministre de la santé. Le médicament est actuellement testé, mais "faute" de malades, les tests n’avancent pas. Pour pouvoir être utilisé, le médicament devra être testé sur 250 malades. Chute de l’épidémie oblige, "seuls" 75 personnes ont pu essayer le médicament. « Bien sûr nous n’allons pas regretter qu’il n’y ait pas assez de malades », a commenté le représentant du gouvernement. Le moyen de pallier ce manque serait d’effectuer des tests sur des animaux. « Nous avons aussi des discussions avec le ministère indien de la santé, il y a du chikungunya en Inde, pour savoir dans quelles mesures des tests du médicament pourraient être effectués dans ce pays », a dit Xavier Bertrand (voir article par ailleurs).

La mise à disposition du médicament pour le grand public pourrait avoir lieu fin 2006 ou début 2007. Cela uniquement « si un nombre suffisant de malades a été testé », a précisé Vincent Lotteau, immunologiste et membre de la cellule nationale de coordination de la recherche contre les arboviroses. Quant à la fabrication d’un vaccin anti-chikungunya, le ministre a rappelé que des recherches avaient déjà été faites par les chercheurs américains. « Leurs travaux nous ont fait gagner 5 ans et le vaccin pourra ainsi être disponible dans 5 années au lieu de 10 », a souligné le ministre de la santé. « La souche américaine est arrivée en France la semaine dernière. La procédure de requalification est en cours », a ajouté Michel Stebon, sociologue et membre de la cellule nationale de coordination de la recherche contre les arboviroses (voir article par ailleurs).

Kass Moustik

Par ailleurs, le ministre de la santé et des solidarités a noté que sa visite - la 4ème depuis le début 2006 -, a lieu à la période où l’année dernière, l’épidémie avait brusquement "flambé". « Je viens aussi au cours du week-end de mobilisation citoyens contre le chikungunya », faisait-il remarquer. Dès samedi matin en effet, l’opération Kass Moustik, menée en partenariat avec des associations, la DRASS (Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales) battait son plein dans toute l’île. L’objectif était de sensibiliser la population sur la nécessité de rester vigilant face au virus et de tout faire pour éviter la prolifération de l’aedes albopictus, le moustique vecteur du virus. Une initiative saluée par le ministre car disait-il, l’île doit rester « dans une logique de vigilance » face à la maladie. « La prise de conscience doit être permanente », a-t-il ajouté en soulignant « ce n’est qu’en cassant le moustique que nous casserons le chikungunya ».
Cette même “logique” doit être appliquée par l’É tat estime Xavier Bertrand. « En matière de prophylaxie, la garde a été baissée au cours de ces 20 dernières années. Nous avons cru en avoir fini avec le moustique. Un sort cruel nous a montré que ce n’était pas le cas. Il ne faudra plus jamais baisser la garde », disait-il en rappelant que le conseil d’administration du Groupement d’Intérêt Public (GIP) de prophylaxie sera installé ce lundi à la préfecture. Regroupant l’État et les collectivités territoriales, la structure aura en charge, notamment, toute l’action prophylactique.
Un concours a récemment été organisé par la DRASS pour le recrutement de techniciens qui œuvreront au sein du GIP. L’affaire a donné lieu à une polémique inattendue lorsque l’examen n’a pas été ouvert à des membres d’associations de lutte contre le virus. Cela au motif qu’ils ne disposaient pas des diplômes requis pour avoir accès au concours. Des adhérents du GLAIVE (Groupement de Lutte Anti-vectorielle d’Insertion et de Valorisation de l’Environnement) ont confronté au problème. Malgré leur expérience de terrain, ils n’ont pu concourir. Ils ont fait état de cette situation à Xavier Bertrand, venu assister à la journée d’information et de prévention sur la santé des personnes âgées organisée dans les jardins du Conseil Général. « Je ne vois pas pourquoi des personnes qui ont fait la preuve de leur efficacité sur le terrain ne pourraient pas intégrer le GIP. Il faudra leur trouver une filière d’intégration autre que le concours », a jugé le ministre. Il a été applaudi.
Au cours de cette même visite au Conseil Général, le représentant du gouvernement a annoncé qu’en matière de prévention, dès juillet 2007, des visites médicales de prévention seront proposées gratuitement aux personnes âgées de plus de 70 ans. De même, les malades diabétiques pourront consulter gratuitement un podologue afin d’éviter les amputations des jambes parfois consécutives à la maladie. Il a également rappelé que la récente loi de finances avait adopté le principe d’une aide de 400 euros par an pour toutes les personnes dont les ressources dépassent au maximum 20% le plafond de la CMU (Couverture Médicale Universelle). « Cette somme servira à financer les mutuelles complémentaires à la CMU », a indiqué le ministre.
Le représentant du gouvernement a aussi rendu visite à Marie-Yvonne Baptisto. Âgée de100 ans et 1 mois et doyenne des habitants de Saint-Denis, la vieille dame vit seule, mais elle est très entourée par ses enfants, petits et arrières petits-enfants. Elle n’a pas été contaminée par le virus, sa famille veille à ce qu’elle utilise des répulsifs contre les moustiques.
Dans l’après-midi, le ministre a assisté à la réunion de bilan de l’opération Kass Moustik et il a participé à une réunion avec les professionnels de santé, « afin de savoir si l’offre de soins correspond aux besoins ou s’il est nécessaire de l’augmenter », a-t-il commenté.
Aujourd’hui, Xavier Bertrand, assistera, notamment, à une réunion avec l’ensemble des ministres de la santé de la Commission de l’Océan Indien (COI - Maurice, Seychelles, Comores, Madagascar, La Réunion).

Imaz Press Réunion


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