Des difficultés pour payer le loyer, une mutuelle santé
Les Français toujours plus précaires malgré le ralentissement de l’inflation
13 septembre
Le baromètre annuel de l’association Secours populaire montre que plus de 6 Français sur 10 (62%) ont connu ou déjà été sur le point de connaître une situation de pauvreté, un chiffre en hausse de 4 points par rapport à 2023.
Une précarité qui « s’aggrave » et « s’étend », malgré une inflation en recul depuis plusieurs mois, a averti le Secours populaire dans son dernier baromètre de la pauvreté et de la précarité, réalisé par l’institut Ipsos.
Parmi les résultats les plus inquiétants de ce sondage figure la part des Français ayant connu ou ayant été sur le point de connaître une situation de pauvreté. Elle atteint 62% cette année, soit en hausse de 4 points par rapport à 2023, atteignant quasiment le chiffre record datant de 2014.
La fragilité financière touche en premier lieu les catégories populaires : 80% des ouvriers par exemple. « Parmi les personnes vivant dans les communes rurales, zones où la population est constituée d’une part importante d’ouvriers et d’employés, le niveau monte à 69% », relève le Secours populaire.
Les Français place la pauvreté cette année en dessous de 1396 euros par mois. Un « seuil de pauvreté subjectif » qui augmente pour la troisième année consécutive (+19 euros par rapport à 2023).
Il « n’avait jamais été porté aussi haut par les personnes interrogées, le plaçant pour la première fois à 2 euros du Smic (1398 euros nets pour un mois travaillé à temps plein) », a pointé le Secours populaire.
Cependant, ce montant n’est pas le même suivant le profil des sondés. Par exemple, les habitants de l’Île-de-France estiment qu’on est pauvre si l’on gagne moins de 1431 euros par mois.
Cela correspond à 43 euros de plus que le reste des Français. Le Secours populaire observe aussi « une tendance des catégories aisées à considérer davantage de personnes comme pauvres » - le seuil de pauvreté subjectif pour les Français les plus riches s’établissant en moyenne à 1457 euros mensuels.
Le sondage montre que 16% des Français sont à découvert chaque mois, ce qui représente 2 points de moins que 2023 mais qui reste préoccupant. Parmi les ouvriers, cette proportion s’avère deux fois plus élevée (31%). Globalement, plus de la moitié des répondants (52%) déclarent ne toujours pas réussir à mettre de l’argent de côté (-1 % en un an).
La crise inflationniste est toujours présente dans le quotidien des Français. La situation devrait s’aggraver, car les arbitrages budgétaires semblent plus difficiles que jamais. Près d’un Français sur deux rencontre des difficultés pour partir en vacances au moins une fois par an (48%) et payer ses dépenses d’énergie (47%), soit des niveaux jamais vus dans l’histoire de ce baromètre, dont c’est la 18e édition.
Les épreuves sont de plus en plus pesantes car 43% des personnes interrogées disent ne presque pas chauffer leur logement lorsqu’il fait froid, « parfois ou régulièrement ».
Plusieurs autres postes de dépenses enregistrent de nouveaux records en termes de difficultés financières, a souligné le Secours populaire.
Pour 38% des personnes, il devient difficile de payer son loyer, son emprunt immobilier ou les charges de son logement. Pour 35% de pratiquer un sport ou des loisirs ; 31% de prendre soin de son apparence physique ; et entre autre 29% estiment qu’il est compliqué de payer une mutuelle santé.
Selon le Secours populaire, cette précarité pousse un tiers des Français à se priver de nourriture pour boucler les fins de mois. 32% disent être contraints « parfois ou régulièrement » de ne pas faire trois repas par jour, et 33% des parents affirment ne pas se nourrir à leur faim pour pouvoir nourrir leurs enfants.
Pourtant, malgré cette situation inquiétante, l’étude du Secours populaire atteste qu’une grande majorité de Français (66%) affirme vouloir s’impliquer pour aider les personnes en situation de pauvreté.
Le sondage a été mené auprès d’un échantillon de 996 personnes représentatif de la population française.