Comme tous les 8 septembre, le monde entier célébrait hier la Journée internationale de l’alphabétisation. En ce début de 21ème siècle, on ne peut que déplorer qu’à La Réunion, comme à l’échelle de la planète, près d’une personne sur sept est illettrée. Et dans le monde, ce sont les femmes qui sont les plus violemment touchées. Elles sont 500 millions à ne pas avoir accès à cet important moyen de connaissance qu’est la lecture.
Réduire cette inégalité entre les sexes était l’objectif de cette 34ème Journée internationale qui avait pour thème “Alphabétisation et genre”. Cet événement est l’occasion pour l’UNESCO de tirer la sonnette d’alarme :
"tous les pays se sont engagés en l’an 2000 à éliminer les disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire d’ici à 2005", mais il apparaît que cet objectif sera difficile à atteindre.
D’après la dernière édition du “Rapport mondial de suivi de l’éducation pour tous 2003-2004”, 54 pays risquent de ne pas y arriver et "plus de 56% des 104 millions d’enfants non scolarisés sont des filles et près de deux tiers des plus de 860 millions d’analphabètes sont des femmes", note l’organisation du système des Nations-Unies.

À Genève aussi

Le thème de l’égalité est également à l’ordre du jour de la 47ème session de la Conférence Internationale de l’éducation qui a commencé hier à Genève. Jusqu’au 11 septembre dans la ville suisse, 80 ministres et des centaines d’experts vont débattre sur les moyens les plus adaptés pour parvenir à une éducation de qualité pour tous les jeunes en tenant compte de la réalité socio-économique du début du 21ème siècle. Le défi est d’importance car actuellement, un humain sur deux a moins de 25 ans, ce qui "représente la plus importante génération de jeunes que le monde ait jamais porté", indique l’UNESCO qui précise que selon un rapport préparé pour cette conférence, les changements sociaux des deux dernières décennies ont provoqué "un sentiment plutôt répandu que le niveau de réussite atteint par ceux qui ont bénéficié d’un enseignement secondaire avait baissé dans toutes les régions du monde".
Ce qui n’est guère étonnant quand on constate que les pays pauvres sont souvent condamnés à diminuer les moyens accordés au secteur éducatif pour payer leurs “dettes” aux pays industrialisés.
Dans un contexte d’émergence d’une société de l’information, le risque est grand de voir les inégalités s’accroître entre ceux qui ont la chance d’apprendre à lire et ceux qui n’en ont pas la possibilité. La Journée mondiale de l’alphabétisation nous montre que cette ligne de fracture entre deux mondes passe aussi par La Réunion.

M.M.