Les enfants dans le monde - 5 -

70 millions de jeunes Africains privés d’une éducation de base

2 août 2007

En prélude à la Journée internationale de l’enfant africain (16 juin), un collectif d’organisations non gouvernementales (ONG) africaines et européennes a remis au Parlement européen, à Bruxelles, un Manifeste reprenant une série de recommandations en faveur de l’éducation universelle.

L’aide européenne, principalement destinée à des projets liés au développement des infrastructures, n’a réservé que 4% de son programme d’aide aux services sociaux en matière d’éducation.
(photo Julien Genin pour Planète Urgence)

Le 16 juin 1976, des dizaines de jeunes Sud-africains étaient massacrés à Soweto par l’armée de l’Apartheid alors qu’ils manifestaient pacifiquement pour réclamer une éducation de qualité et contre l’obligation d’apprendre l’afrikaans (la langue des Boers) à l’école. Depuis cette date, la Journée internationale de l’enfant africain est commémorée régulièrement en Afrique et ailleurs.
Cette année, le collectif IDAY (International Day of the African Childhood), qui regroupe plusieurs dizaines d’ONG africaines et européennes, entend mettre l’accent sur l’un des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). En 2000, les Etats membres des Nations Unies ont convenu de 8 objectifs en matière de développement à atteindre d’ici à 2015. L’un d’eux vise à fournir à tous les enfants de la planète les moyens d’achever un cycle complet d’études primaires. La situation est grave, a expliqué Billy Kalonji, Président de l’Afrikaans Platform. Aujourd’hui, près de 70 millions de jeunes Africains n’ont pas accès à une éducation de base, dont 38 millions d’enfants âgés de 6 à 12 ans et plus de 30 millions d’illettrés âgés entre 15 et 24 ans. A ces chiffres, il faut ajouter les oubliés, c’est-à-dire les enfants soldats, les esclaves, les enfants des rues ou les enfants dits sorciers, qui n’ont ni famille, ni État civil, a-t-il ajouté. Tous les Objectifs du Millénaire sont importants, a indiqué Jean-Jacques Schul, initiateur du Manifeste IDAY, mais l’éducation est fondamentale car sans enseignement, il n’y a pas de développement économique durable, de progrès en matière de santé, de gouvernance ou de droits politiques.
Les organisateurs de cette Journée constatent, par exemple, que dans son programme d’aide pour les années 2008-2013 aux pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) - d’un montant total de 22 milliards d’euros (environ 29 milliards de dollars) -, l’Union Européenne n’a réservé que 4% aux services sociaux en matière d’éducation. La principale affectation de l’aide européenne est destinée à des projets liés au développement des infrastructures. « Si nous continuons dans cette logique d’investissement dans les infrastructures plutôt que dans le développement humain, les efforts fixés par les Objectifs du Millénaire n’aboutiront pas », a estimé Kalonji.

« Il y a eu des améliorations en matière d’accès à l’éducation. Entre 1991 et 2004, par exemple, le nombre d’enfants entrés en première année d’études primaires est passé de 76 à 94%, mais la proportion d’échecs scolaires est importante, et les principales raisons qui empêchent encore ces enfants de terminer leur scolarité sont liées à la pauvreté, à leur isolement dans les zones rurales ou à leur sexe », a-t-il indiqué. Les élèves africains n’ont pas d’ordinateur, pas assez de matériel scolaire et doivent parfois marcher des kilomètres pour rejoindre leur école, a expliqué à IPS Marième Diop, âgée de 18 ans, étudiante en classe de Terminale au lycée Mbao de Dakar, au Sénégal. Mes parents ont toujours été très stricts à propos de l’éducation et mon père a préféré mettre ses 6 enfants à l’école, dont 5 filles. A l’époque, c’était un sacrifice, et surtout, l’éducation des filles n’était pas assez soutenue, souligne cette jeune fille qui rêve de devenir ingénieur en télécommunications.
Les différents représentants d’IDAY ont exposé, à Bruxelles, à la Vice-présidente du Parlement européen, Luisa Morgantini, une série de recommandations en faveur de l’éducation universelle. Dans leur Manifeste, ils encouragent notamment les ONG africaines à exercer une pression accrue sur leurs gouvernements pour que ceux-ci consacrent au moins 20% de leurs dépenses à des programmes d’éducation. Ils estiment également que le Fonds monétaire international devrait considérer le financement public de l’éducation comme un investissement et non comme une dépense courante, et ils souhaitent que cet investissement ne soit pas affecté par des restrictions budgétaires ou d’ordre politique. En outre, ils encouragent tous les Etats africains à se doter d’un cadre légal en matière de protection et d’aide à la jeunesse, et insistent également sur le rôle de la diaspora africaine à travers ses actions dans les communautés d’origine.
Prenant la parole au cours de cette réunion en tant que représentante de la jeunesse africaine, Diop a ému tous les participants — des représentants d’ONG aux ambassadeurs africains en poste à Bruxelles en passant par les différents responsables européens. « L’Afrique est riche et sa richesse n’est pas que dans sa terre à travers son pétrole, son cuivre ou son coton, a-t-elle déclaré. La richesse de l’Afrique, ce sont ses jeunes. Je vous demande donc votre aide, mais surtout votre respect », a-t-elle ajouté, la voix tremblante, mais décidée.


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  • L’intérêt pour le bien-être de la jeunesse
    Si une personne ou un groupe de gens neglige l’importance de la jeunesse, les raisons peuvent être soit :-1)ignorance,c’est-à-dire que la personne ou ce groupe de gens n’est pas informé sur l’apport combien capital que produit la force de la jeunesse. Il faut alors qu’on s’informe et se forme.Il faut être ouverte à recevoir l’information sur ce domaine.-2)La consideration des antivaleurs produit par les jeunes, ici l’adulte doit comprendre que la société du hier ne peut pas être obligatoirement identique à celle d’aujourd’hui. Il faut se rappeller des antivaleurs de votre époque, comment on vous a supporté, supporter aussi la génération présente dans ses antivaleurs et aider la à changer de comportement.Il faut aussi que le jeune accepte le conseil des ainés.
    Pour le bien-être de la jeunesse, à chacun l’amour pour le bien ;à chacun la prise de ses responsabilités.
    "NE LAISSE PERSONNE TE MEPRISER PARCE QUE TU ES JEUNE,MAIS SOIS UN EXEMPLE POUR LES CROYANTS,DANS TA FACON DE PARLER,TA CONDUITE,TON AMOUR,TA FOI ET TA PURETE" (1Timothée chapitre 4 verset 12)
    Roger VANGU TAMBA
    Coordinateur National
    Jeunesse Pour Christ-JPC/ RD CONGO
    BP 16358 Kinshasa I
    tél.00243 998 301704 ;
    email:[email protected] site : www.yfci.org


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