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Le vote historique du 27 mai 1945 à La Réunion
27 mai 2015, par
Il y a 70 ans, le 27 mai 1945, les femmes votaient pour la première fois à La Réunion. Elles participaient sur un pied d’égalité avec les hommes aux élections municipales, décalées de près d’un mois par rapport à la France, en raison du violent cyclone du 7 avril 1945 qui avait dévasté toute l’île. Un scrutin qui a marqué l’histoire de notre pays dans le sens du progrès.
Ce vote du 27 mai 1945 revêt un caractère historique pour une double raison. D’abord, pour la première fois dans notre histoire, les hommes ne sont plus seuls à participer au scrutin ; puis – et il s’agit d’un fait sans précédent – la possibilité est offerte à l’électrice et à l’électeur réunionnais de donner leur avis sur un projet de changement du statut politique de La Réunion.
Historique, ce vote du 27 mai 1945 l’est assurément, car 97 ans après l’institution en France et dans ses colonies du suffrage dit « universel » par la 2e République, les femmes peuvent enfin recourir aux urnes pour faire entendre leur voix.
Il est bon de rappeler que ce droit de vote a été étendu aux femmes en application de l’ordonnance signée le 21 avril 1944 par le Général de Gaulle en sa qualité de président de l’Assemblée consultative provisoire d’Alger, sorte de parlement en exil en raison de l’occupation de la France par l’Allemagne nazie. Voilà ce que l’histoire nous apprend.
Ce que l’on sait moins, c’est que l’extension aux femmes du droit de vote ne s’est pas faite dans l’enthousiasme général au niveau du monde politique. En effet, ce dossier délicat donna lieu à d’interminables débats à la Commission de législation et de réforme de l’État. Pire : en janvier 1943, à l’ordre du jour des débats relatifs à l’organisation des pouvoirs publics, ne figurait même pas le « vote des femmes ».
Quand les partisans d’un suffrage vraiment universel obtinrent l’ouverture d’un débat sur cette question, l’influent président de ladite Commission, le radical Paul Giacobbi, s’employa à faire admettre son avis : « Les femmes seront éligibles mais n’auront pas la qualité d’électrices ». C’est un tel avis qui fut soumis à l’assemblée plénière du 27 mars 1944.
Prenant alors la parole au nom du groupe communiste, Fernand Grenier défendit un amendement accordant le droit de vote aux femmes. Pour que les masques tombent et que tout se passe dans une parfaite transparence, Fernand Grenier demanda et obtint un scrutin public, qui donna les résultats suivants :
– nombre d’inscrits : 84
– exprimés : 67
– pour : 51 voix (socialistes, communistes et progressistes)
– contre : 16 voix (radicaux socialistes).
Soit 60 % des inscrits favorables à l’institution dans la République française d’un véritable suffrage universel.
L’amendement Grenier étant adopté à la majorité, il ne restait plus au Général de Gaulle qu’à signer le 21 avril 1944 l’ordonnance mentionnée plus haut.
Comment les Réunionnaises se sont-elles comportées à l’occasion des municipales du 27 mai 1945 ?
Sans la moindre exagération, on peut dire qu’elles se sont montrées dignes et admirables. Elles se sont jetées dans la bataille des municipales en acceptant de faire acte de candidature dans la plupart des communes, tout en étant nombreuses à participer aux innombrables meetings organisés dans toute l’île, parfois leur bébé dans les bras, en résistant aux pressions exercées sur elles par la quasi totalité des membres du clergé et en participant massivement au scrutin.
Certes, dans de rares communes comme Saint-Benoît et même Saint-Denis, elles ont voté moins que les hommes en faveur des candidats du Comité Républicain d’Action Démocratique et Sociale (CRADS) ; mais elles ont contribué à faire monter le taux de participation au scrutin à 73,5 %. Leur courage fut récompensé : elles obtinrent 37 sièges. Soit 6,7 % contre 93,3 % aux hommes. Pour un début, ce n’était pas mal.
Historique, le scrutin du 27 mai 1945 l’est aussi pour une seconde raison. Ce jour-là, les électrices et électeurs réunionnais ont le choix entre une liste de candidats favorables à l’abolition du statut de colonie de La Réunion et sa transformation en département français avec l’application de l’égalité des droits sociaux pour les Réunionnais, et une autre liste, hostile à un tel changement.
Afin d’obtenir de l’électorat une large adhésion à leur objectif, les partisans de la départementalisation du pays s’en sont donnés évidemment les moyens. Le dimanche 11 mars 1945, le CRADS voit le jour à l’initiative de la CGT (Confédération Générale du Travail) et de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH). Présidé par le docteur Raymond Vergès, il rassemble des démocrates venus de tous horizons.
Dès sa fondation, le CRADS lance à la population un appel qui se termine ainsi : « Travailleurs tous unis pour votre libération ». Afin de couvrir les frais de la campagne des municipales, le CRADS s’adresse le 22 mars à tous les membres de la CGT, qui compte à cette époque près de 10.000 adhérents, pour que chacun d’eux lui verse une journée de salaire.
Les candidats du CRADS, majoritairement issus de la CGT et de la LDH, se mobilisent dans les coins les plus reculés de La Réunion pour une vaste campagne d’information, marquée par une pause lors du passage du cyclone du 7 avril et une autre en mai lors de la capitulation de l’Allemagne nazie. Une campagne rendue très difficile, en raison du mauvais état du réseau routier (40 km seulement de routes bitumées pour toute l’île) ; en raison aussi de l’extrême vétusté du parc automobile, réduit à quelques dizaines de voitures en état de marche.
Il faut ajouter qu’à cette époque, l’aide de la presse tant écrite que parlée dans la diffusion de l’information est dérisoire ; cela d’autant plus que la grosse majorité de la population est illettrée et que les propriétaires de poste de radio sont extrêmement rares. En outre, la quasi inexistence de matériel de sono oblige les candidats soucieux de s’adresser à un large public à multiplier les meetings ainsi que les permanences électorales.
Les dirigeants du CRADS apportent une attention toute particulière au contenu du programme soumis au corps électoral. L’essentiel de ce programme est consacré au bilan de trois siècles de colonisation. Il s’agit d’un bilan accablant, tant pour les colonisateurs que pour ceux dont la mission était de mettre en œuvre une politique à leur profit.
Peu avant la Seconde Guerre mondiale, la grande majorité des Réunionnais végétaient dans une affreuse misère. Selon le gouverneur Léon Truitard, sur une population de 208.000 habitants en 1936, seuls 8.000 pouvaient vivre décemment. Et pourtant, en 1939-40, notre agriculture, fondement de notre économie, se portait bien avec notamment 110.000 tonnes de sucre, soit 500 tonnes par habitant, contre 250 tonnes aujourd’hui, et avec 155 tonnes d’essence de géranium contre moins de 2 tonnes maintenant.
Ces 2 produits phares de notre agriculture – pour ne parler que de ceux-là – se vendaient à un prix fort correct. Si le travailleur de la terre à La Réunion avait alors un revenu 10 fois plus faible que celui de son homologue de France, c’est en raison d’un partage des richesses scandaleusement inégalitaire.
La remarque est évidemment valable aussi pour les autres productions agricoles. C’est avec raison que le gouverneur Truitard pouvait donc affirmer en 1936 : « Aucun doute n’est permis : la fortune d’une minorité s’édifie sur la misère du plus grand nombre » et cette misère s’est considérablement aggravée pendant et après la Seconde Guerre mondiale.
Conséquences de cette misère : un état sanitaire déplorable de la population décimée par les parasitoses, le paludisme, la tuberculose, la malnutrition… Un taux de mortalité infantile supérieur à 200 pour mille à la fin du régime colonial, contre moins de 10 pour mille au cours des années 2000. L’offre de soins dérisoire, l’insalubrité de l’habitat et le manque dramatique d’eau potable sont également responsables d’un tel taux de mortalité.
L’édifice scolaire souffre lui aussi d’une grande misère : locaux très souvent impropres à l’usage scolaire où s’entassent parfois plus de 100 élèves dans des « classes uniques ». Le pré-scolaire pratiquement inexistant. L’enseignement technique n’accueille à Saint-Denis que 49 élèves venus de toute l’île en 1939. À Saint-Denis, le lycée Leconte de Lisle, le seul lycée du pays, n’est fréquenté dans le secondaire que par 363 garçons en 1939. Les filles, au nombre de 107, sont alors scolarisées à Juliette Dodu, une annexe de Leconte de Lisle. Il n’est donc pas surprenant que le rendement du système éducatif soit très faible : 15 élèves de terminales reçus en 1939 au brevet de capacité colonial (équivalent du BAC).
Voilà sommairement exposé le bilan de 3 siècles de régime colonial. C’est ce bilan qui conduit les candidats du CRADS à appeler les électeurs à se prononcer pour la transformation de la colonie en département. Leur appel sera entendu. Aux municipales du 27 mai 1945, les listes du CRADS recueillent 71 % des voix et battent les listes « d’union républicaine, démocratique et chrétienne » dans presque toutes les grandes communes de l’île.
Grâce au travail épuisant mais exaltant des militants du CRADS, grâce aussi aux dispositions prises par le gouverneur Capagorry en vue du strict respect du code électoral, une étape décisive sur la voie de la départementalisation de La Réunion venait d’être franchie. Au soir du 27 mai, le peuple réunionnais pouvait enfin raisonnablement rêver d’une fin très proche de la longue nuit coloniale.
Eugène Rousse
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