40ème Journée internationale de l’alphabétisation

800 millions d’adultes sont illettrés

9 septembre 2005

Hier avait lieu la Journée internationale de l’alphabétisation. À cette occasion, le directeur de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, a rappelé que l’illettrisme touche 800 millions d’adultes sur Terre, et que plus de 100 millions d’enfants ne peuvent pas aller à l’école. Nous reproduisons ci-après ce message.

Nous célébrons aujourd’hui la Journée internationale de l’alphabétisation 2005. Cette journée nous donne l’occasion de saluer les résultats obtenus par un grand nombre de femmes et d’hommes dans le monde entier, qui ont nouvellement accédé à la communication par le mot écrit. Nous les félicitons et nous félicitons aussi tous ceux - agents d’alphabétisation, vulgarisateurs, enseignants, groupes communautaires, amis, voisins et membres de la famille - dont le soutien a été indispensable.
Et pourtant, l’optimisme béat n’est pas de mise en cette Journée internationale de l’alphabétisation. Alors qu’il y a quelque 800 millions d’adultes analphabètes dans le monde, que les deux-tiers d’entre eux sont des femmes et que plus de 100 millions d’enfants d’âge scolaire ne vont pas à l’école, il ne fait aucun doute que beaucoup reste à faire.
En outre, ces données statistiques ne rendent pas vraiment compte de l’étendue et de la nature du défi de l’alphabétisation à l’échelle mondiale, et ce, pour 2 raisons majeures.

Les femmes particulièrement visées

Premièrement, il est évident qu’un grand nombre d’enfants quitte l’enseignement primaire sans véritablement maîtriser la lecture, l’écriture et le calcul. De nombreux pays développés, malgré leur système éducatif très organisé et bien équipé, constatent qu’un pourcentage important d’enfants n’a pas bien assimilé ces bases essentielles.
Dotés de ressources bien inférieures et confrontés à d’énormes problèmes - pauvreté, exclusion et marginalisation - de nombreux pays en développement éprouvent des difficultés à contenir le flux d’enfants qui quittent l’école sachant à peine lire et écrire. Au bout de quelques années, nombre de ces enfants se perdront dans les rangs obscurs des illettrés.
Deuxièmement, l’offre limitée de possibilités concrètes qui permettraient aux adultes d’acquérir, de conserver et d’améliorer l’aptitude à lire, à écrire et à apprendre fait que des centaines de millions de personnes, en particulier des femmes, sont condamnées à vie à l’analphabétisme. Au 21ème siècle, cette situation est inadmissible.

Alphabétisation et développement durable

C’est pour relever ces 2 défis, qui sont interdépendants et associés à d’autres problèmes d’éducation et de développement, que l’action en faveur de l’Éducation pour tous (EPT) a été engagée. La Décennie des Nations-Unies pour l’alphabétisation (2003-2012), qui est étroitement liée à l’EPT et qui est conduite et coordonnée par l’UNESCO, vise à mobiliser des efforts plus soutenus à l’échelle nationale et internationale pour réaliser l’objectif de Dakar, réduire de moitié les taux d’analphabétisme d’ici à 2015.
Cette année, la Journée internationale de l’alphabétisation est consacrée au rôle de l’alphabétisation dans le développement durable. Cela est d’autant plus opportun que 2005 a vu le lancement de la Décennie des Nations-Unies pour l’éducation au service du développement durable (2005-2014), dont l’UNESCO est le chef de file et le coordonnateur international. (...)
Dans cette perspective, l’alphabétisation est une condition préalable d’une vraie participation sociale et un instrument d’autonomisation aux plans individuel et collectif. Un ensemble suffisamment souple de compétences est essentiel pour relever le défi du développement durable.


Alphabétisation et adaptation

Dans son message, le directeur de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, met en évidence le lien entre apprentissage de la lecture et adaptation aux changements.

"En tant que fondement de toute éducation, toute formation et tout apprentissage ultérieurs, l’alphabétisation est indispensable au développement humain durable dans les sociétés d’aujourd’hui, qui sont complexes et changent rapidement.
Les rudiments de la lecture, de l’écriture et du calcul ne suffisent pas à y assurer une réelle communication et une réelle participation. En outre, l’alphabétisation proprement dite acquiert de nouvelles dimensions face à l’évolution technologique et culturelle.
Les bases nécessaires doivent être complétées et actualisées pour que chacun puisse faire face, avec confiance, à des situations qui changent et des incertitudes nouvelles. La durabilité de l’alphabétisation passe nécessairement par cette adaptation.
La façon dont nous apprenons à nous adapter déterminera notre bien-être et notre sécurité, et peut-être même notre survie."


Une situation critique dans trop de pays

L’UNESCO organisait hier sa 40ème “Journée internationale de l’alphabétisation”.
C’est un instrument "vital pour la réalisation du développement durable" et "une condition préalable à une vraie participation sociale individuelle et collective", selon son directeur, Koïchiro Matsuura.
L’UNESCO rappelle que l’analphabétisme touche près de 800 millions d’adultes dont les deux-tiers sont des femmes tandis que 100 millions d’enfants sont privés d’école.
La situation est particulièrement critique en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et de l’Ouest et dans les pays arabes où 60% seulement des adultes sont alphabétisés.
À l’occasion de cette journée, l’UNESCO va décerner ses prix internationaux 2005 qui reviennent cette année à l’association espagnole Aula cultural, à l’association humanitaire Goal Soudan et à l’ONG mozambicaine Associaçao Progresso qui recevront chacune 15.000 dollars.


Célébrations à Madagascar

À l’occasion de la célébration de la Journée internationale de l’alphabétisation, l’UNESCO organise cette année une série d’événements, notamment à Paris, au siège de l’Organisation, et à Madagascar, où plus de 30% de la population est touchée par l’illettrisme, selon l’organisation internationale.
Dans le cadre du programme de l’UNESCO “Espérance et Solidarité autour d’un ballon”, les sportifs français Emmanuel Petit, footballeur et champion du monde 1998, Stéphane Diagana, champion du monde d’athlétisme 1999, et Laurent Cabannes, champion de France de rugby 1990, étaient pendant 3 jours à Madagascar pour jouer au football avec des populations défavorisées et les sensibiliser à la lecture et à l’écriture.
Ils ont visité les centres d’apprentissage lancés par le Programme conjoint Gouvernement malgache - Système des Nations-Unies pour la promotion de l’éducation de base pour tous les enfants malgaches.
Dans ces centres, grâce à des méthodes intensives, les enfants et adultes apprennent à lire en seulement un mois.


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