Bilan 2012

870 millions d’êtres humains ne mangent pas à leur faim

La réalité d’un modèle de développement injuste

27 décembre 2012

Si La Réunion commence à être confrontée à une persistance de la sécheresse, dans d’autres régions du monde, le changement climatique compromet tous les progrès possibles dans la lutte contre la faim. Environ 870 millions d’êtres humains sont sous-alimentés. Cette pénurie touchait La Réunion au moment de la fin de la colonie, elle est toujours là dans notre région, notamment à Madagascar. C’est dans la Corne de l’Afrique, à quelques milliers de kilomètres de chez nous, que sévit toujours la famine aggravée par l’instabilité politique.

Le monde produit pourtant suffisamment de nourriture pour subvenir aux besoins de tous les êtres humains. Mais cette production est mal répartie, elle est gaspillée dans les pays industrialisés où nombreux sont les décès à cause d’une alimentation trop riche.

Face aux effets dévastateurs du modèle économique et de la crise climatique sur la sécurité alimentaire, c’est la mobilisation dans de nombreux pays du monde. La FAO a mené de nombreuses actions. En voici deux parmi tant d’autres. La première est un partenariat avec les pays ACP, dont font partie nos voisins, pour intégrer l’adaptation au changement climatique dans une agriculture durable. La seconde vise à s’appuyer sur la richesse de la biodiversité pour apporter une réponse à la diminution des rendements.

Adaptation au changement climatique

Partenariat entre la FAO et les pays ACP pour la sécurité alimentaire

La FAO et le groupe des pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) viennent de sceller un partenariat stratégique pour mieux lutter de concert contre la faim et la pauvreté et pour la gestion durable des ressources naturelles des 79 membres du groupe.

Lors de la signature hier d’un protocole d’accord dans ce sens, M. José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO, a déclaré : « Grâce à cet accord, la FAO et le Secrétariat du groupe ACP renforcent leur collaboration pour mieux affronter les problèmes persistants de l’insécurité alimentaire, de la malnutrition, de la faim, et relever les défis de la gestion des ressources naturelles et du changement climatique ».

(photo JFN)


Au nom du groupe ACP, son Secrétaire général, M. Mohamed Ibn Chambas, a déclaré pour sa part : « En s’appuyant sur la coopération existante, nous allons agir en partenaires stratégiques dans des domaines d’action prioritaires pour nous libérer de la faim et de la pauvreté ».

En vertu du protocole d’accord, les domaines spécifiques de collaboration comprennent notamment la promotion de la sécurité alimentaire, l’intensification durable de la production végétale et animale, le développement de la pêche et de l’aquaculture, les systèmes d’alerte précoce des crises alimentaires, la détection et la prévention des maladies transfrontières des plantes et des animaux, la gestion des risques de catastrophe naturelle, le développement de produits alimentaires améliorés, les normes alimentaires et la commercialisation, l’éducation alimentaire et nutritionnelle et la promotion de la gestion durable des forêts.

Les ressources financières pour les projets qui seront mis en œuvre dans le cadre de l’accord seront identifiées et mobilisées auprès de différentes sources de financement, notamment le Fonds de développement européen, les fonds fiduciaires, le Fonds pour l’environnement mondial et d’autres partenaires nationaux et internationaux.

M. Graziano da Silva a réaffirmé le soutien de la FAO aux efforts déployés au plan national pour mettre en place des systèmes de production plus intensifs, mais durables et dotés de résilience face aux changements climatiques.
« Dans beaucoup de pays ACP, les phénomènes climatiques exacerbent les risques déjà encourus par les populations. Nous le voyons, par exemple, dans le Sahel, la Corne de l’Afrique et d’autres parties de l’Afrique », a fait observer le Directeur général.

« Les petits États insulaires en développement des Caraïbes et du Pacifique Sud sont particulièrement vulnérables à la montée du niveau des mers due au réchauffement climatique. Cela entraîne la perte de terres productives tout en réduisant la résilience des écosystèmes côtiers », a-t-il ajouté.

7.000 plantes menacées par la mondialisation

Préservons la biodiversité pour nourrir le monde

« La revalorisation des cultures sous-utilisées est d’une grande importance pour que nos sociétés puissent relever les défis agricoles et alimentaires des décennies à venir », a déclaré le 10 décembre dernier à Cordoue, en Espagne, José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO, lors de l’inauguration du séminaire international Cultures du passé et nouvelles cultures pour affronter les défis du XXIème siècle.

(photo CF)


Le Directeur général a rappelé que la FAO estime qu’environ sept mille espèces de plantes ont été cultivées ou consommées comme aliments tout au long de l’histoire de l’humanité. A l’heure actuelle, bon nombre de ces espèces sont en train de disparaître emportant avec elles leur diversité génétique. A ce propos, M. Graziano da Silva a averti : « Si nous perdons ces ressources uniques et irremplaçables, il nous sera bien plus difficile de nous adapter au changement climatique et d’assurer une alimentation saine et diversifiée pour tous ».

M. Graziano da Silva a fait observer que l’humanité est confrontée à un défi de taille. « Actuellement, environ 870 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde alors que la terre produit assez de nourriture pour tous. La mondialisation a généré une abondance de nourriture dans certaines parties du monde, mais elle n’a pas réussi à mettre fin à la pénurie chronique qui touche plusieurs régions de la planète ».

Et M. Graziano da Silva d’ajouter qu’en plus, cette mondialisation, « en créant une certaine homogénéité des produits, a entraîné la perte de la richesse de différentes cultures culinaires et de la biodiversité agricole ». Selon la FAO, quatre cultures seulement — le riz, le maïs, le blé et la pomme de terre — constituent aujourd’hui la base alimentaire de l’écrasante majorité des humains.

« Notre dépendance à l’égard d’un petit nombre de cultures a des conséquences négatives à la fois sur les écosystèmes, la diversité de nos aliments et notre santé. La monotonie alimentaire accroît le risque de carence en micronutriments », a souligné M. Graziano da Silva à l’ouverture du séminaire de Cordoue.


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