À quand les excuses, M. Trenec ?

16 août 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

L’île entière s’est émue du violent incident de vendredi, au cours duquel la police a fait usage de lacrymogènes et brandit des tasers en pleine rue piétonne, face à la mosquée de Saint-Denis. Pratiques policières jugées tout à fait normales par le commissaire divisionnaire Philippe Trenec, dans une interview malheureusement édifiante.

Dans un entretien accordé paru dans le “JIR” d’hier, le commissaire divisionnaire Philippe Trenec se veut rassurant : « L’incident n’a rien à voir avec la religion », déclare-t-il… mais énonce dans la même phrase que « le contexte particulier du ramadan a créé des tensions ».

Clichés et préjugés policiers

Voilà qui ressemble furieusement à du préjugé, et contredit quelque peu la déclaration précédente, selon laquelle « la police républicaine est respectueuse de toutes les religions de manière générale ».
En réalité, l’image d’un ramadan “période à risque” fait partie des lieux communs que partagent policiers et militaires, des banlieues françaises aux garnisons d’Irak. Peut-être serait-il temps que les “forces de l’ordre” se rendent compte qu’elles sont à La Réunion, et non à Villiers-le-Bel ni à Bagdad. N’en déplaise à M. Trenec, la mosquée de la rue Maréchal-Leclerc a été construite il y a plus d’un siècle… sans que le ramadan des musulmans réunionnais n’ait été à l’origine de « tensions ».

Circulez, y a rien à voir

Les « tensions » sont plutôt du côté de la police, soulignent les témoins de la scène. La Fraternité des musulmans réunionnais (FMR), a dénoncé de son côté « une provocation policière gratuite ». La foule était dense, ce jour là, dans cette rue commerçante où les familles achevaient leurs achats de rentrée : les lacrymogènes répandus devant la mosquée ont suffoqué de nombreux passants et choqué les fidèles qui entamaient le mois de ramadan. Nombre d’entre eux ont vu dans ces brutalités policières une attaque contre leur foi. Qu’en dit M. Trenec ? Qu’il « a rencontré l’imam », ce qui a ses yeux, semble clore toute l’affaire.
Comme si, en République, les affaires se traitaient de notable à notable, sans que le dirigeant des forces de l’ordre n’ait à répondre de ses actes, à préciser les consignes qu’il avait donné à ses hommes. En attendant, le minimum serait qu’il présente des excuses à la population réunionnaise.

Geoffroy Géraud Legros


« Le chauffeur du bus de police a attaqué le jeune homme »

« J’arrivais tout près de la mosquée. Devant moi, il y avait un camion de police. D’un seul coup, j’ai vu le chauffeur sortir du camion, et se jeter sur un jeune. Il l’a attaqué, et l’a plaqué contre une voiture. Le jeune homme n’avait rien fait. Il n’y a pas eu de bras d’honneur, rien de tout ce qu’on a raconté », relate une passante à “Témoignages”. Celle-ci préfère pour l’instant garder l’anonymat… mais entend bien témoigner lorsqu’elle sera sollicitée.

Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise

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Messages

  • Si les flics faisaient des excuses à chaque fois qu’ils abusent sur un réunionnais, on aurait des volumes entiers d’excuses, 10 fois plus long que la bible en entier

  • oui, au moins des excuses, tout le monde est chjoqué par ce comportement, vous avez raison, les gars se croie à BAGHDAD

  • De toute façon, pour le créole de la réunion il n’y a ni justice ni respect. Le policier et le gendarme français le prend pour un rterroriste jusqu’à dans son île parce que sa peau et son parler sont différents de la métropole.
    Mais c’est pareil pour le pauvre yab maoul des hauts. En fait pour bien vivre ici à la Réunion, il vaut mieux ne pas être réunionnais et avoir du fric.

  • Quand les outrages de l’un, se transforment en gaz pour d’autres.

    Le fait d’être réunionnais dans cette affaire, fait que 3 policiers sur 5, ont eu 5 jours d’arrêt de travail et les 2 autres 1 journée, pour cause de blessures..aux dires du représentant de la police.

    bravo la police, pourquoi ne met-elle pas le film de leur caméra sur youtube, au moins on saura si le fils de la Présidente méritait véritablement un tel traitement.

    N’est-ce pas plutôt l’assermentation de ces fonctionnaires qui a provoqué le "rambo-tisation" de ces derniers.


Témoignages - 80e année


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